dimanche 24 décembre 2017

Ragnarök !

Ton âme est à moi !

Un voile noir saisit Gilles, prostré au sol, alors que Commode le saisissait, plaquant ses mains crochues sur son front et vissant son regard de glace dans ses yeux dorés...

Le monde des Ombres l'appelait.

De la Place Lagmadelaine, de sa piste de luge, ses bancs, ses pavés et ses badauds en retard pour leurs courses de Noël, où ces deux ennemis mortels s'étaient rencontrés, ne subsistait plus qu'un chaos de pierres et de flammes... Et la Basilique, pivot mystique de cet interminable Hiver qui se répandait dorénavant alentour.

Ne résonnaient plus aux oreilles du Change-Peau que le rythme lent de son propre cœur et le glas de son existence...

Aiya  Eär...endil...el..


Eh bien, Gilles, que marmonnes-tu donc ? Parle ! Tu n'en auras bientôt plus l'occasion, dans l'Enfer du Vénéré Klaus. Ceci est ton moment !

Rapprochant la tête de sa victime près de son oreille, Commode savourait ce moment d'ultime faiblesse qui précédait toujours le trépas, cet instant si délicieux où l'âme de ses proies s'échappait de leurs yeux, happées puis digérées par ses entrailles maléfiques.


Gilles eut un spasme, un filet de sang coula à la commissure de ses lèvres. Au moment où le blanc de ses yeux semblait luire de sa propre énergie, quatre mots retentirent du fond de sa gorge d'une voix rauque mais soudainement puissante, et Commode le sut : il était échec et mat.


Aiya Eärendil elenion ancalima ! 


 Son hurlement retentit au-delà du temps et de l'espace. Commode, comme maudit, lâcha brutalement sa proie et se tint les tempes comme devenu fou. Son regard roulait, sa pupille pulsait, et sa sclère se remplissait de son sombre sang.

Péniblement, Gilles se relevait. Le monde des ombres s'atténuait autour de lui. Commode le regardait fixement. Mais voyait-il encore ?

Dix-huit heures trente sonnèrent.



Eh bien... nous y sommes, Commode. Tu attendais ce moment... depuis tant d'années. Toi qui rêvais de me tanner... Toi qui espérais me réduire... à moins que vivant... J'espère que tu es heureux à présent... Dans tes propres ténèbres.


Que m'as-tu fait, Gilles ? Quelle sorcellerie est-ce là ? Maudit sois-tu !

Je ne t'ai rien fait, Commode... Nous sommes à la croisée des chemins... je n'ai fait que susurrer à ta mémoire... qu'enfin il arrive...

Quoi ? Quoi ? Qui arrive ..? Aaaah ! Tu... Cette lumière dans... Ma tête !


Oui, Commode... C'est la lumière du Ragnarök.



Joyeuses fêtes à tous !
Puisse la Lumière revenir en ces jours sombres...

mardi 28 novembre 2017

Tout commencement a une fin, toute fin a eu un commencement...


Tout commencement a une fin...

Voilà trois ans, jour pour jour, que les Rêveries de Tonton Poil ont commencé.

Il s'est passé énormément de choses entre ce 28 novembre 2014 au soir, où, encore jeune adulte timide, réservé et hésitant, je posai les premiers mots de cet espace d'écriture personnel.

J'eus, dès le départ, l'idée d'associer mots et images personnelles.

Pendant plus de deux ans, j'enchaînai des histoires plus ou moins indépendantes issues de mes fantaisies personnelles, développant un univers fait d'être féeriques, de gardiens de l'équilibre entre humains et "Surnaturels", d'ours-garous, de lutins et de divinités diverses en particulier.

Mais les choses progressaient en moi, et j'eus, petit à petit, de plus en plus de mal à me raccrocher à cet univers imaginaire que j'entretenais. A la fois trop dense et devenu trop encombrant, je pris de moins en moins plaisir à écrire des féeries.
Par ailleurs, la photographie avait pris de plus en plus d'importance dans ma vie, et dès lors je me vis me spécialiser de plus en plus dans cet art difficile, et abandonner petit à petit le plaisir de l'écriture et de l'imaginaire littéraire.

Est-ce un choix judicieux ? Sans doute pas. Etait-ce nécessaire ? Certainement.

Au cours de ces trois dernières années, mon imaginaire s'est réduit proportionnellement à l'augmentation de mon intégration dans cette réalité à la fois merveilleuse et terrible du quotidien, cette réalité qui, en 2014, ne m'avait toujours pas accordé la moindre place. Comprenez qu'un refus aussi durable ne pouvait qu'inciter à se réfugier dans quelques rêveries éveillées...

Les choses ont bien changé, disais-je.
En cette fin d'année 2017, Tonton Poil est devenu, aux yeux des Alençonnais "un photographe". Peu importe qu'ils sachent qui je suis, ce que je fais au quotidien est devenu une part de mon identité.
"Sois ce que tu fais et non ce que tu es", telle est la devise de mon père.
Peut-être suis-je en train d'accomplir cette maxime. Ou peut-être est-ce un nouveau danger qui me guette...

Quoi qu'il en soit, je ne suis plus l'éternel post-adolescent à l'esprit éthéré qui avait créé ce blog, il y a trois ans.
Malgré tout, il reste étroitement lié à la personne que je suis devenu, et même si je me refuse à me dire que j'en ai fini avec ce dernier, force est de reconnaître qu'une page s'est tournée au cours de cette année 2017.



Ce blog continuera d'exister. Je m'en suis fait la promesse.
Mais ce blog ne sera plus aussi régulièrement alimenté. Peut-être même ne le sera-t-il plus.
J'ai sans doute besoin de vacances littéraires. Besoin d'abandonner les mots. J'espère les retrouver, mais j'aspire d'abord à vivre en paix avec ces derniers, sans que plus jamais ce ne soit un effort de poser quelques mots en ces lieux.


Un billet tous les quatre jours en l'espace de trois ans. 294 billets au total, en comptant celui-ci.
Une régularité de métronome, et une constance dans la surveillance orthographique de ces derniers.
C'est devenu trop pour moi, à l'heure actuelle...


Peut-être pourrai-je revenir bientôt ici et vous écrire cette heureuse phrase :

"Les rêveries sont à nouveau un plaisir."



A bientôt, peut-être...


Tonton Poil.





(Vous pourrez toujours me retrouver via mes photos sur Les clichés de Tonton Poil, qui ne sont pas près de s'arrêter...)

vendredi 24 novembre 2017

Ô temps, prolonge ton vol !


Il fait froid.

Cette nuit est une de celles qui nous hurlent l'arrivée de l'hiver depuis la fin octobre. Depuis le changement d'heure, l'obscurité tombe vers 18h à peine, accompagnée d'un froid que ne renieraient pas les plus solides canards colverts de Normandie.

Dix minutes auparavant, j'étais encore en compagnie de R.G. au Café du Théâtre à savourer mon cadeau de Noël.
Oui, nous sommes en Novembre. R.G. venait de recevoir mon cadeau de Noël et n'aura pas su attendre pour me l'offrir.
Ce cadeau n'est qu'une simple télécommande filaire, mais ce genre de cadeau est bien utile pour un photographe amateur de poses longues, voire très longues...

Il fait froid dans le passage de la Briante. Je viens d'installer mon trépied et mon appareil photo au milieu de cette ruelle, avisant le scooter négligemment posé contre le mur et la vitrine chatoyante d'un des magasins.

Il fait froid et le vent s'intensifie...
Ce n'est jamais évident de manier un appareil photo dans la pénombre, encore moins avec des doigts engourdis.
Je déclenche.
Je réalise soudainement qu'une dame me regarde, à ma droite, semblant me demander l'autorisation de passer dans le champ.
Je la rassure et l'enjoins à passer.



La beauté de ces temps de pose est d'effacer tout mouvement.

Mais la beauté de ces temps de pose est aussi de nous obliger à prendre notre temps...

lundi 20 novembre 2017

Erable de Proust...


Certaines photos ne sont pas seulement d'excellents souvenirs, mais aussi des défis éternels...

L'an dernier, un 11 novembre, un dimanche pluvieux, j'avais fait quelques-unes parmi mes meilleures photos à ce jour, armé de mon chouette 50mm et de mon reflex, en contemplant un érable japonais, sis à la Roseraie du parc des Promenades. Le rouge de ses feuilles et le dénuement de ses branches après un méchant coup de vent et l'arrivée des jours du Froid m'avaient inspiré une série d'images en blanc, rouge et noir, ressemblant beaucoup à une esthétique d'estampe japonaise.


Me revoilà, un an et quatre jours plus tard, à la même Roseraie du même parc, devant le même érable japonais, armé de mon objectif à tout faire et du même reflex. R.G. m'avait parlé de cet érable quelques jours auparavant, exhibant une magnifique photo composée avec l'érable et un banc situé quelques mètres plus loin sur le chemin de promenade.

J'eus beau tenter une vaine copie de son image, je savais pertinemment qu'il n'était pas question de le plagier; nos styles photographiques sont bien trop différents, et la lumière n'est clairement pas la même. Un ciel d'un gris uniforme surplombe l'érable. D'innombrables feuilles d'un rouge pétant chargent encore ses branches.
Mes réglages sont font à l'instinct. Ce sont exactement les mêmes réglages pour une météo exactement identique à celle de l'an passé.
Je commence ma nouvelle série.


Finalement, il n'y a pas cinquante façons de prendre cet érable. C'est au grand angle que cela marchera le mieux.


Cet érable est bien parti pour être ma madeleine de Proust photographique...

jeudi 16 novembre 2017

Travailleur bénévole...


Aujourd'hui, point de discours sur le contexte de prise de vue de cette image.
Aujourd'hui, et bien que ce ne soit guère mes habitudes, nous allons parler de moi. Voyez ceci comme un instant blog, de mise au point, à l'approche de l'anniversaire des Rêveries de Tonton Poil. Ce sera aussi un moyen de philosopher sur la notion de travail.





Le travail.
Il est vu de deux façons opposées selon l'interlocuteur. La première, et la plus répandue, consiste à voir le travail comme une activité économique, c'est à dire une activité qui contribue au PIB de son pays de la manière la plus directe possible. Le must étant encore d'avoir un travail qui consiste à vendre ou fabriquer des choses à vendre. Nous le savons bien, être fonctionnaire n'est qu'à moitié vu comme un travail, précisément parce que de nombreux fonctionnaires n'ont pas une activité qui rapporte quoi que ce soit au PIB français.
Rajoutons à cela que cette vision du travail s'enrichit d'une grande tolérance pour des activités non-économiques, mais dont l'impact sur la tranquillité d'esprit du patronat est indéniable. Il s'agit bien sûr des activités de maintien de l'ordre, via la police et l'armée, et dans une moindre mesure la Justice, en bref toutes ces activités étatiques qualifiées de "régaliennes" et dont aucun patron ne souhaite avoir à gérer le fonctionnement.

Oui, vous l'aurez compris, je suis de l'autre versant, celui qui juge le travail comme une activité de transformation de son environnement.

Les marxistes (puisque c'est d'eux dont il s'agit) voient le travail comme une activité dont l'impact n'est pas tant économique que sociale, sociétale ou environnementale. En plus clair : un travail est une activité politique, politique au sens noble du terme, c'est à dire une activité qui prend place dans la vie de la Cité et qui agit sur cette dernière.

Cette vision du travail possède un immense avantage sur la précédente : elle réintroduit la politique comme centre de la vie d'un pays. C'est d'ailleurs la principale différence entre droite et gauche. La gauche considère que le politique est nécessairement la valeur suprême dans l'organisation d'une vie sociale, sociétale, économique... bref dans la vie d'un pays, là où la droite met diverses valeurs devant surplomber la politique et lui donner des directions arbitraires : la morale, la religion, le marché, l'ordre naturel des choses, mais aussi et pourquoi pas la Nature, la nation, la realpolitik et toutes ces valeurs qui avaient le vent en poupe depuis le commencement de la Ve République.

Fin du petit interlude marxiste.

Pourquoi parler de cette définition du travail et non de moi-même comme je l'avais précédemment annoncé ? Parce qu'il était nécessaire de mettre au clair les définitions que j'utilise pour introduire cet instant blog. Le voici qui commence vraiment :

Savez-vous que je fais des photos tous les jours depuis quatre mois ?
Quand je dis "tous les jours", je dis bien "tous les jours", pas juste les jours de semaine ou les jours de beau temps. Tous. Les. Jours.
En vérité, si on compte le nombre de jours où je ne sors pas pendant au moins une heure trente à deux heures faire des photos, en l'espace de onze mois je n'ai cumulé que... Cinq jours de repos.

Cinq jours.
Un rapide calcul vous signalera qu'un employé lambda connait en un mois sans congés au moins 8 jours de repos hebdomadaire à travers les week-ends. Même en travaillant six jours sur sept, on compte au moins 4 jours de repos par mois.

Je suis à 5 jours en 11 mois. Week-ends compris.

Mais voilà, il est de bon ton de me refuser le statut de travailleur au nom du fait que primo, je suis allocataire de l'AAH au nom de mon incapacité à effectuer un quelconque travail salarié, secundo je ne participe à aucune activité économique, même en tant que photographe amateur, tertio je n'ai aucune contrainte liée à l'exercice de ma passion, puisqu'il ne s'agit QUE d'un loisir. Que je le pratique intensivement n'entre pas en ligne de compte puisque je me repose sur l'argent de l'Etat et que je dispose de mon temps comme je le souhaite.


Pourtant, en tant que membre du Club Photo de Courteille, à Alençon, je suis également l'assistant du professeur du club, et suis régulièrement (toutes les deux semaines en gros) mis à contribution pour donner des cours à des personnes qui veulent apprendre les bases de la photographie.
Comme les associations ont obligation, dans leur bilan annuel, de calculer les heures de bénévolat comme équivalents d'heures salariées offertes gracieusement, et que je suis  à ce titre un bénévole, je participe, d'une certaine manière, à l'activité économique du pays, non ?

Pourtant on me le refusera encore.
Parce qu'un honnête travailleur a des contraintes liées à son travail..
Parce que, et c'est cela qui est la clef de voûte du travail salarié dans une société comme la nôtre, un travailleur, un vrai travailleur, peut se voir remercier si son travail ne donne pas satisfaction, parce qu'il est lié, par contrat ou par les seuls risques économiques liés à son activité, à une obligation de travailler pour vivre décemment.
Moi, je vis décemment parce que j'ai une allocation qui ne demande aucune contrepartie au vu de mon handicap.
Et heureusement.

J'ai beau photographier comme un acharné, j'ai beau penser photo, respirer photo, manger photo, boire photo, vivre photo, je ne supporterais toujours pas la pression d'un travail salarié, même en mi-temps thérapeutique, même en télé-travail.
Et cela, c'est très dur à expliquer sans passer pour "un fragile".
C'est d'autant plus triste que fragile, je le suis. Ce statut qu'est le mien est le seul dans lequel je ne risque pas ma santé.
Car oui, les contraintes, et particulièrement le stress lié au travail, sont de véritables périls pour ma santé.
Face à un homme à chapeau qu'ils aperçoivent tous les jours en ville à prendre des photos, harnaché comme un mulet, les gens que je rencontre ne s'imaginent pas que je suis handicapé, encore moins que je ne suis pas salarié ou à mon compte.
Je ne compte plus le nombre de personnes qui, me croisant, m'ont imaginé journaliste, photographe officiel de la ville, de la communauté urbaine ou du département, quand ils ne s'imaginent pas simplement que je suis un artiste photographe professionnel.

C'est flatteur, cependant, et cela correspond à un but dont je rêve secrètement : être reconnu comme photographe professionnel, quel que soit le domaine dans lequel j'officierais...

Mais la réalité me rattrape régulièrement. Et cette dernière me délivre inlassablement le même message : handicapé tu es, handicapé tu resteras.


Peu de gens reconnaissent pour l'heure mon travail (au sens marxiste du terme). Et je n'en conçois aucune amertume, au fond. Si je n'ai pas toujours eu cette distance vis à vis de ce jugement dur envers "les assistés qui piquent l'argent de l'Etat" et dont je fais partie, je sais à présent cependant qu'il existe un paradigme dans lequel je suis bien un travailleur.

...De ce genre de travailleurs qui font que notre société tient debout, de ce genre de travailleurs qui maintiennent à bout de bras certains services sans lesquels notre pays aurait bien du mal.


Bref, je suis un travailleur bénévole.



Sur ce, il est temps pour moi de retourner au turbin !

dimanche 12 novembre 2017

Plage dynamique étendue : essai N°1 !


R.G. me tançait depuis des mois à présent.
Durant la période des vacances scolaires d'été, nous avions tous deux découvert la multi-exposition sur nos boîtiers, et si R.G. en faisait un usage presque illimité, à la hauteur de sa maîtrise des logiciels de graphisme avec lesquels il peaufinait son image finale, je n'en faisais de mon côté pour ainsi dire rien.
Après de longs mois d'entêtement, je compris qu'il ne servait à rien de se leurrer : il avait raison; en me privant des possibilités avancées qu'offre la photographie numérique, de nombreuses images voyaient leur potentiel inévitablement gâché par un problème de dynamique du capteur, problème qui, s'il est obscur pour un non-photographe, est très vite évident pour un amateur de photo, parfois sans même en connaître les termes.

Quoi qu'il en soit, il y avait une technique automatisée de multi-exposition qu'il me fallait tester.
Cette technique, le HDR, implique que l'appareil puisse combiner les trois prises de vue du même endroit sans difficultés. Exit donc les photos HDR au jugé et bonjour aux photos sur trépied.

Une de mes premières expériences en la matière eut lieu au bord de la Sarthe, dans les chemins menant vers la Providence depuis début 2016.
L'air était bleu, la Sarthe encore plus... Et le soleil plutôt bas.

Ou bien est-ce la photo finale qui me laissa cette étrange impression ?
Quoi qu'il en soit, le résultat teintait l'ensemble de la scène d'un bleu riche et paisible.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

mercredi 8 novembre 2017

De l'art d'apprendre avec des artichauts...


Qui l'aurait cru ?
Voilà maintenant un peu plus d'un an que Francis, membre du club photo donnant des cours aux novices souhaitant utiliser les modes créatifs de leurs appareils, m'a donné pour tâche de l'assister dans ses séances d'initiation à la photographie.
Plus qu'un honneur considérable pour une personne qui n'était alors dans le club que depuis un an, c'est avant tout une charge de travail réelle qui se manifesta.  En effet, ne supportant pas l'incertitude et le doute, j'ai bossé mon sujet, créant des cours tenant sur deux à trois pages à chaque nouvelle notion, illustrant de mes propres images et apprenant à écrire au tableau pendant mes rodomontades.
En fait, j'ai appris à apprendre.
La pédagogie est une vieille affaire de famille, mais ce n'est qu'au contact de gens venus m'écouter parler, me poser des questions inattendues et me considérer comme référent jusqu'en-dehors des cours d'initiation, lorsque d'aventure je les croisais dans la rue, que j'ai appris ce qu'était l'apostolat de l'enseignement. Sans être moi-même professeur, j'ai appris que, comme l'album "Marcel Dalton" de Lucky Luke l'assène si plaisamment, "un enseignant, même à la retraite, reste un enseignant". Cette profession n'est rien face au statut très privilégié de "personne qui détient un savoir".
Le savoir est une arme, et avec elle on peut abattre des empires, tuer des gens ou simplement aider d'autres personnes à s'accomplir et s'épanouir.

Je ne sais guère si je suis un bon "prof' ". Dans le pire des cas, j'espère disposer d'un peu de temps pour le devenir. Pourtant, aux yeux de mes "élèves", je ne dois pas être si mauvais que ça, sinon pourquoi me salueraient-ils dans la rue ?

Un lundi soir, au cours d'initiation, nous commençons par contempler quelques photos de la dernière sortie du club au marché, place du Plénître, où les "élèves" étaient fortement représentés.
Passe cette drôle de photos d'artichauts. Elle n'a rien d'extraordinaire, hormis la déformation des perspectives dues à mon grand-angle. Je l'aime bien.

Francis tique sur cette dernière, propose un recadrage puis se ravise.
Ce soir, personne n'a pointé du doigt un défaut majeur dans mes photos...


Moi aussi, je progresse.
J'apprends.

samedi 4 novembre 2017

Il le fallait !



Il le fallait.
Nous étions au cœur de l'automne. Il fallait que je récidive cette année.

Les photos graphiques sont un de mes plaisirs photographiques les plus irrésistibles; même lorsque le résultat est décevant, je prends une photo.
En l'occurrence, mon sujet de prédilection du jour ne faisait pas vraiment partie de cette catégorie d'images plus ou moins ratées.
Sur une base de ciel grisâtre, les feuilles des arbres apparaissent sombres et inintéressantes.
Un jour de novembre 2016, j'eus la curieuse idée de volontairement et largement surexposer des images en contre-plongée de feuilles d'érable au sommet de leur rougeur.
L'image qui en résultat trône maintenant en bonne place dans le panthéon de mes meilleures photos.

Nous étions au cœur de l'automne 2017. Nous étions sous un chêne rouge. Il fallait que je récidive.

Bien que mes deux compagnons du jour, deux amis toujours compréhensifs quant à ma lubie photographique, ainsi que moi-même, avions l'intention de passer un moment ensemble, je ne pouvais pas résister.
Cette belle découpe, comme une dentelle végétale.
Ces nuances de vert, d'orangé, de jaune... Et même d'un peu de rouge !
Ce beau ciel presque blanc !
Et ce pauvre appareil photo réclame de nouvelles images...


Il le fallait !


Je suis faible...

mercredi 1 novembre 2017

A la claire fontaine ?



Qu'est-ce qu'une fontaine ?
Cette question, le club photo de Courteille se l'est posé au début de cette année, de cette étrange année qu'est 2017. Il en était ressorti qu'une fontaine était une sortie d'eau plus travaillée qu'un simple tuyau et à vocation décorative. Dehors, jets d'eau des Promenades. Bienvenue à tous ces points d'eau qui parsèment la France et qui, finement sculptés, font partie du patrimoine local des communes où ils ne délivrent, pourtant, pas la moindre eau potable.

Il existe quelques points d'eau qui répondent à ces critères à Alençon, souvent de simples robinets un peu sculptés, figures de créatures étranges et surnaturelles ou simples modèles décoratifs pullulant dans toute la France, comme cette fontaine, là, en bas de Montsort, au niveau du gué de Sarthe...
C'est sur celle-là que je m'étais acharné quelques mois durant.
En effet, notre club organisant une exposition à thèmes chaque fin d'année, et les thèmes du jour étant "les chats" et "les fontaines", il me semblait intéressant de présenter un travail.


Hélas, cent fois hélas ! La fontaine du bas de Montsort avait beau être joliment agrémentée de quelques arbres à l'ombre subtile et mystérieuse aux heures ensoleillées, je n'arrivais à rien.
Désespéré à l'idée de proposer une quelconque photo dans le thème cette année, j'en étais à songer que je pourrais proposer une photo hors-thème, un espace au tout-venant étant heureusement réservé aux photographes peu inspirés.

C'est alors que vint mon ami R.G. Oui. Encore lui.
R.G. qui faisait à présent partie du club photo me rappela qu'il existait à Montsort une autre fontaine. Une fontaine bien plus originale dans son apparence, et, qui plus est, plus accessible à la composition photographique.
C'est ainsi que deux inénarrables compères commencèrent à faire de longs et éreintants essais photographiques au pied de cette fontaine.

Une après-midi, alors que nous commencions à nous installer devant la fontaine, nous fûmes alpagués par deux agents des services techniques de la ville, dont la camionnette, sise à moins de deux mètres nous avait fait espérer leur intervention.

En effet, ces deux techniciens communaux étaient là dans le but de redémarrer cette fontaine récalcitrante, cette fontaine qui s'était asséchée, cette fontaine qui, pourtant, gardait une grande élégance à l'aide de son bassin d'eau croupie constellé de feuilles aux ocres variés.
En moins de cinq minutes, l'eau recommença son agréable chant au milieu de la place du quartier.

Il était temps de faire des photos...

samedi 28 octobre 2017

Jumeaux ectoplasmiques...


Quelle gare fantomatique...

En cette soirée de début octobre, il n'y a pas un chat dans la gare d'Alençon. Pourtant quelques trains sont encore attendus.
R.G. et moi-même sommes en chasse photographique; des photos de nuit au trépied, voilà notre but de cette soirée.
Mon ami semble encore s'activer sur le quai n°3. Depuis le quai n°1, je décide de le rejoindre et de pratiquer quelques photos à cet endroit.
Grimpant en vitesse l'escalier menant à la passerelle, j'ai à peine le temps de commencer ma descente vers les quais n°2 et n°3 que j'entr'aperçois R.G. prenant l'ascenseur pour remonter... Puis me rattraper en descendant lui aussi l'escalier. Il souhaitait initialement me rejoindre à mon emplacement antérieur. C'en est presque cocasse.

Peu m'importe. Je m'installe bien confortablement entre les deux quais, dans une symétrie presque absolue. Deux de ces bancs anti-SDF sont au premier plan. Je tente une première photo. Il manque une présence.
Le second déclenchement me voit accourir au banc de gauche. Convaincu, je tente le doublé gagnant.




Pendant ce temps-là, R.G me photographie en train de me photographier...

mardi 24 octobre 2017

Au cœur des lumières égarées...


Ce soir est un grand soir.
Bien que la nuit soit tombée il y a maintenant deux bonnes heures, ni R.G. ni moi n'avons pour projet de rentrer. Bien au contraire. Partis voilà trente minutes de mon appartement avec nos équipements photographiques, - appareils photos, trépieds, batteries de secours, chiffonnette en microfibre - nous nous sommes mis en quête de photos de nuit.
La photo de nuit est un exercice difficile pour moi. Non point pour la technique, relativement aisée, plutôt pour la peur d'affronter mes propres angoisses, toujours promptes à ressortir au coucher du soleil. Heureusement, R.G. est là ; sa proposition tombe à pic. Sans lui, je n'aurais probablement pas osé franchir le pas.

La gare n'est guère éloignée de mon appartement. Nous décidons donc de faire une première série d'images sur la passerelle qui la surplombe.
Une délicate bruine commence à poindre. Les gouttelettes d'eau tombant sur nos objectifs font de bien dispensables flares avec les lueurs électriques de l'endroit.
Nous décidons de quitter la gare, mais une idée retient soudain mon ami.
Le hall d'accueil et d'attente est fermé, mais les portes vitrées rendent toujours possible une photo de cet étrange décor graphique, fait de lignes, de lumières métalliques et de reflets sur le sol de pierre lisse.

Pendant de longues minutes, je regarde R.G. faire. Je n'ose pas trop l'imiter. Il est d'ailleurs bon de préciser que R.G. n'aime pas tellement que je tente les mêmes prises de vues que lui. La frustration de se voir échouer là où un banal imitateur à vingt centimètres de distance réussit mieux peut aisément se comprendre.

Mais cela ne signifie pas que l'imitateur que je suis réussisse généralement mieux que lui; bien au contraire, nous avons chacun notre caractère, nos méthodes et notre ressenti, créant toujours un décalage dans l'appréciation des sujets et leur choix. Un sujet de R.G. n'est pas un sujet que je puisse souvent mieux réussir que lui.

Après quelques tergiversations, je consens néanmoins timidement à installer mon trépied et mon appareil. Quelques faibles protestations de mon ami, vite remplacées par une invitation de sa part à essayer malgré tout, se font entendre pour le principe. Nous savons tous deux que, même s'il ne goûte pas trop le plaisir d'être imité, il ne peut jamais me refuser une tentative de le concurrencer.
J'ai parfois honte de profiter ainsi de sa solidarité.

Concurrencer ? Quel mot ingrat. J'essaie toujours de l'imiter par admiration pour son regard, espérant ainsi apprendre son art à son contact. L'égaler ou le dépasser n'est pas mon propos. Nous sommes amis.


L'ambiance dans ce hall est presque fantomatique. Je tente en vitesse deux clichés. S'ils sont ratés, j'aurai au moins la satisfaction de me dire que force reste à R.G. S'ils sont réussis, je pourrais me dire que j'ai bien fait.


Un rapide coup d’œil sur l'écran de prévisualisation me fait douter...


... Devant quelle étrange gare sommes-nous ?

vendredi 20 octobre 2017

Infinies flâneries en bonne compagnie...


R.G.

Deux lettres qui semblent familières à qui suit ce blog.
R.G. est mon ami depuis quatorze ans. Depuis mes quatorze ans aussi, d'ailleurs.

En cette grise journée de début octobre, il a été convenu entre nous qu'il était temps de passer une journée ensemble. Ensemble, nous le sommes depuis midi et ensemble nous resterons jusqu'à 22h.

Une fois n'est pas coutume, R.G. a enfin obtenu que je change mes habitudes et dévie de mes traditionnels circuits de marche en ville. Ce n'est pourtant pas en des lieux inconnus que R.G. m'emmène, mais simplement des lieux moins urbains, moins fréquentés d'Alençon... Sauf par les propriétaires de chiens, ces derniers étant de très efficaces repoussoirs à Tontons Gilles.

C'est aux abords du collège Racine que nos détours nous conduisent. En face du gymnase Louvrier jouxtant une sortie secondaire dudit collège, se situe un bien joli étang.

L'air n'est ni chaud ni froid. Il est juste humide. Pourtant nous sommes bien en automne : la couleur des feuilles des arbres nous l'indique, tout comme leur étalement sur le sol, dans les hautes herbes et même dans les airs.
Cet étang est un coin de paix quand il ne se trouve pas de maître qui fasse jouer son toutou à "rapporte la baballe", activité que ma phobie et moi désapprouvons vigoureusement à moins de cent pas de mon espace vital.

La chance semble nous sourire; alors que nous entrons dans ce petit espace vert à travers les interstices des haies qui l'entourent, nous n'entendons aucun bruit canin, ni humain, ni ne percevons le moindre mouvement alentour.
Tout au plus percevons-nous le bruit exécrable de ces chariots à essence qui circulent à vive allure non loin... Ainsi que l'agressive mélodie d'un taille-haie non loin.

La mare s'étend devant nous.
Alors que j'avise une petite jetée de béton devant nous, R.G. s'empresse de s'asseoir sans un mot sur son bord.



Pourquoi R.G. est-il mon ami, encore et toujours, après tout ce temps ?
Parce qu'il a notamment l'art de comprendre mes intentions avant même que je ne les formule dans ma tête. Cette image sera la première d'une petite série que je m'empresserai de conserver le lendemain matin.



Il est à présent grand temps de s'attarder en ces lieux...

lundi 16 octobre 2017

Au soleil de septembre...



Quelle chaleur !

Septembre n'en finit pas de tergiverser. Les pluies affrontent les moments estivaux, les feuilles tombant au sol concurrencent le verdoiement féroce de nombreux arbres et le promeneur ne sait donc plus comment s'habiller...

En vérité, R.G. et moi n'y sommes pas les plus sensibles. Lui se moque bien de ces ridicules convenances qu'on nomme "adaptation de la tenue à la météo du moment" et aime porter des sweat-shirts en plein été par presque 30°C à l'ombre. Moi, mon indécision sur la tenue à adopter est généralement tranchée en faveur des tenues les plus estivales... Que voulez-vous, je ne suis guère frileux.

C'est ainsi qu'un spectacle aussi saugrenu que la météo du mois s'offre à nous, place du Champ Perrier : la boule décorative de Noël installée en décembre 2016 et démontée début janvier de cette année est de retour, en plein septembre, à plus de trois mois de son prochain démontage, alors que l'été indien semble nous faire signe et que le soleil brille encore haut dans le ciel.


Mon ami s'allonge sur un banc pour lire.


...Quant à moi, que puis-je faire ?

dimanche 8 octobre 2017

Une obturation bien obtuse...


R.G. et moi-même rions.
Nous rions, mais le coeur n'y est pas.
R.G est mon compagnon de photographie préféré; son oeil acéré voit tant de choses que je ne vois pas. En résultent des images toujours très différentes des miennes, même à partir d'un seul et même sujet pris en même temps.
Aussi, la panne soudaine de son appareil, au début de notre balade, n'a pas de quoi nous réjouir.

Il est vrai que dans notre monde capitaliste, l'obsolescence organisée est un vrai problème, aussi bien pour ce qui est de la mode que pour ce qui est de produits censés être pérennes vu le prix déboursé.
Nos appareils photos ont une durée de vie limitée. Pourtant nos deux reflex font partie de cette gamme "expert" qui leur confère une durée de vie quatre fois plus importante que celle des modèles d'entrée de gamme.

Hélas ! Cent fois hélas ! Que ce soit par obsolescence organisée ou par la simple et cruelle action des lois de la physique, nos boîtiers ont la vie dure en notre possession. En celle de R.G. tout particulièrement, lui qui a longtemps pratiqué une photo tous-terrains, par tous les temps, dans toutes les positions les plus acrobatiques possibles, au mépris des risques.
Comme si cela ne suffisait pas, il est aussi de cette espèce de photographes qui, après avoir pris l'habitude de la rafale à haute vitesse dans le cadre de la photo ornithologique, a du mal à déclencher au coup par coup, quitte à ne faire qu'une seule prise de vue d'un sujet.
Cela aussi fatigue l'appareil. Au bout d'un moment son niveau d'usure s'en ressent.

Tout de même,  cela correspondrait au total à quatre fois plus de déclenchements de sa part que de la mienne, pour un temps seulement deux fois plus long... me dis-je, tandis que mon ami m'avise d'ombres intéressantes...
Au fond de mon coeur, j'espère qu'il n'a pas dépassé la garantie du nombre de cycles d'obturation.

Le bruit de mon déclencheur me semble plus triste à cette idée...

mercredi 4 octobre 2017

La rue des Carreaux...


Cette ruelle, tous les Alençonnais la connaissent. En effet, c'est dans cette ruelle que débouchent les sorties des salles du cinéma les 4 Normandy... "Que débouchaient", devrais-je dire; le cinéma ayant déménagé dans de nouveaux locaux en périphérie de la ville, ses anciens locaux sont à présent désaffectés. Une nouvelle enseigne quittant le centre-ville pour des endroits plus accessibles financièrement, au prix d'une désertion de plus en plus marquée du centre-ville par les commerces.

Cette ruelle n'est, il faut le dire, pas idéalement située pour attirer l'oeil. Coincée entre la Place du Palais et la Grande Rue, entre l'ancien cinéma et un opticien, elle ne paie, de plus, pas vraiment de mine, avec son étroitesse et son apparence plutôt glauque, apparence renforcée par la hauteur des bâtiments qui l'entourent, rendant souvent cette ruelle sombre et plus humide que le reste du centre-ville.

Comble de malchance, cet endroit n'est fréquenté que par de rares piétons; aucune enseigne n'y a son entrée et la seule ouverture de commerce qu'on y constate est la sortie de l'ancien cinéma. Pas de quoi attirer le curieux, le badaud ou le touriste qui y verra dans la journée un passage sale et dans la nuit un potentiel coup-gorge de série B.

Pourtant, en cette journée de septembre, R.G et moi nous y arrêtons; les récentes pluies ont évidemment détrempé le sol de ce coin sombre, où l'humidité stagnante donne quelques reflets intéressants à l'endroit.
Armé de mon grand-angulaire, prêté pour l'occasion, mon ami tente quelques photos.
Quant à moi, je m'essaie vite fait à l'exercice, entendant mon ami pester, sans trop y croire. Deux photos seulement me suffiront.
Après tout, ce n'est pas un endroit très attirant. Très peu photogénique, a priori...

Pourtant...

dimanche 1 octobre 2017

Ambiances au Café du Théâtre...


Le Café du Théâtre est un de ces endroits plaisants à fréquenter, un de ces bistrots à l'ambiance quelque peu old school, où plane encore l'esprit des bars qui emplissaient la France dans les années 60.

R.G. et moi-même y avons établi, ce jour-là, notre quartier général l'espace d'une heure. Mes parents nous y avaient rejoint par hasard... Puis étaient repartis.
La météo de ce début septembre est à la hauteur de la tristesse d'un grand nombre de nos concitoyens à reprendre le travail après de belles vacances : sombre et parfois pluvieuse.

Pourtant, en cet instant, un rayon de soleil perce à travers les cumulus d'un gris sombre. Depuis la terrasse, celui-ci frappe l'entrée du bar et les tabourets près du comptoir.
Je n'ai pas de temps à perdre. Vite !


*Clic clac*

jeudi 28 septembre 2017

Histoire d'un Car-Wash...


Enfin !
Enfin, je suis venu à bout de cet endroit !

En réalité, l'immense majorité de mes photos est comme une succession de brouillons raturés et mal dégrossis, comme une somme de croquis préparatoires, préludes aux rares images que j'espère être réussies.

Il en avait fallu du temps pour commencer à tirer quelque chose de cette station de lavage.
Mon oeil m'avait depuis plusieurs années signifié que cet endroit avait un potentiel à exploiter photographiquement.
Pourtant, mois après mois, alors que je m'acharnais régulièrement, créant davantage de brouillons, davantage de croquis photographiques de cette station de lavage de voiture, je me mettais progressivement à penser que mon oeil se trompait et qu'il n'y avait sans doute rien à faire ici.

Et puis, un après-midi, en compagnie de R.G. mon ami et un des catalyseurs les plus efficaces de ma pratique photographique, en passant devant une voiture de luxe en pleine séance de nettoyage, j'eus l'intuition que le moment tant attendu était venu.


Enfin !

dimanche 24 septembre 2017

Tonton Gilles, Dieu et le rationalisme...


Je n'ai qu'un dieu d'écart avec Oussama Ben Laden.
Je n'ai qu'un dieu d'écart avec lui et pourtant, Le voilà qui me fait signe depuis son paradis céleste...

Il est curieux de se rendre compte qu'entre un athée rationaliste et un croyant fanatique prêt à tuer, la différence fondamentale de raisonnement est en réalité très ténue.
Tous deux réfutent spontanément l'existence de nombreux dieux et déesses. Des centaines, des milliers, en réalité. Et même plus encore, si l'on ajoute les différents dieux et déesses que s'inventent des enfants par millions et qui sont si éloignés des dieux des théologiens, tout comme on pourrait aussi ajouter les dieux et déesses inventés par des plaisantins afin de pointer du doigt l'absurdité des raisonnements théistes - des croyants en un ou plusieurs dieux - sur un mode pastiche.

Nombreux sont les gens avec qui je peux dialoguer sur Internet, via des forums, qui me trouvent "trop rationnel", presque dénué d'humour, trop attaché à la démonstration scientifique et trop peu sensible à la beauté du monde, ou à la beauté de l'irrationnel pur.
D'anciens camarades de classe de terminale m'ont même un jour accusé d'être "trop moral". Amusante assertion qui est à peu près aussi vide de sens concret qu'elle peut être emplie d'un sens indirect, une fois mis en relation avec cette image de rationaliste borné et froid qui me colle à la peau depuis le début de mon adolescence, juste après cette image de monsieur-je-sais-tout qui a été celle qui me suivait comme mon ombre en primaire.

Et pourtant, voilà un dieu surnaturel qui se permet de me faire signe depuis son Paradis céleste.

Je dois avouer que cette apparition divine me chiffonne. D'habitude, j'aurais simplement considéré ce magnifique jeu de lumières comme étant consubstantiel à la météo du jour, nuageuse, et à un soleil de début septembre...

Mais aujourd'hui, il est temps de le dire : Dieu me fait un signe. Pour preuve de cet événement, je ne pouvais que faire une photo.

En vérité, c'est faux. Dieu ne me fait pas signe pour être pris en photo (Dieu n'est pas à ce point narcissique, malgré une tendance tenace à souhaiter être vénéré), fût-ce par une de ses créatures humaines. Dieu est apparu après l'affichage de l'image sur mon ordinateur. Comme si l'apparition d'un dieu avait besoin d'un temps d'incubation avant de se manifester.




Ou tout simplement parce qu'une apparition divine n'existe que grâce à l'abrasion du temps sur nos souvenirs et notre connaissance des circonstances d'alors.


Alors en effet, concernant le surnaturel, il est aisé de me reprocher un rationalisme sec, un athéisme froid et dénué de toute fantaisie.
Pourtant... Que penser alors de ma passion pour la photographie et de mon hobby d'écriture sur ce présent blog ?
Cet homme-machine sans âme que l'on m'a tant reproché de tenter d'être, peut-il vraiment s'exprimer photographiquement et littérairement ?

Autrement dit : l'art est-il un processus rationnel ?

Vous avez quatre heures.

mercredi 20 septembre 2017

Ciel d'orage...


La passerelle de la gare d'Alençon est une création à la fois utilitaire et terriblement anodine, et pourtant je ne cesse de la photographier année après année...

Aujourd'hui, R.G. et moi-même sommes décidés à nous promener ensemble, et commençons notre balade par un petit saut à une enseigne de supermarché d'une mondialement célèbre chaîne de grande distribution.
Oui bon. Nous avions décidé de passer au Carrefour Market qui jouxte la gare.
Le ciel est encore tourmenté, menaçant par moments de déverser sur nos têtes de Normands une nouvelle averse. Pourtant le vent chasse progressivement la tourmente au loin. Le bleu au-dessus de nous se bat vaillamment contre le gris, le violet, le bleu, l'orange, le blanc, le rose et le noir de cette perturbation si caractéristique des temps de rentrée scolaire...

En résulte un ciel particulièrement intéressant pour les deux amis photographes que nous sommes. En effet, un ciel parfaitement bleu ne présente que peu d'intérêt, compensant la satisfaction d'une lumière aisément disponible par la déception d'un domaine céleste désespérément vide.
Heureusement, le ciel du jour est orageux, se bataillant entre lumière et ombre.
Depuis les places du parking du Carrefour Market se dévoile sous les yeux de R.G. une apparition divine qu'il s'acharne à immortaliser. Je l'imiterai peu après, mais nous y reviendrons...

En attendant, c'est la passerelle qui m'appelle, cette fameuse passerelle que je m'acharne année après année à photographier dans tous ses états...
Ici, le contre-jour est presque parfait. Ne manquerait plus qu'une présence humaine...
Un train s'arrête en contrebas de mon sujet.

Et si... ?


Maintenant !

samedi 16 septembre 2017

La ligne claire...


Une photo est comme un livre.

C'est étrange à dire, mais c'est une réflexion qui me poursuit depuis près de deux ans, et à chaque fois que j'y songe, je ne peux que m'y soumettre.

Une photo se lit comme un article de blog.
Le blog étant ce que je connais le mieux, c'est ainsi que je la conçois.

Une photo c'est une image dont la structure parle, permet d'exprimer des sentiments, des réflexions, d'annoncer une information. De nombreux journalistes ne font d'ailleurs rien d'autre quand ils écrivent leur édito, leur article, leur chronique.

Une photo peut être drôle, dramatique, informative, contemplative, douce, violente, mensongère, politiquement orientée et j'en passe.

Mais plus que tout, une photo appartient à un genre littéraire.
On ne fait pas une photo de journal comme une photo d'encyclopédie ni comme une photo vouée à être exposée, tout comme on ne fait pas un article de journal comme un article d'encyclopédie ou comme un roman.

De nombreux auteurs m'ont marqué dans ma découverte de la lecture-plaisir. Tolkien, bien évidemment, qui m'inspira de nombreuses histoires et de nombreux rêves. Isaac Asimov, également, pour sa rigueur de scientifique au service de la littérature, Primo Levi et ses terribles témoignages, Marcel Pagnol l'incontournable, pour sa nostalgie de l'enfance et beaucoup de bandes dessinées. Beaucoup, beaucoup de bandes dessinées.

Citer tous les auteurs de BD qui ont construit mon goût pour l'imaginaire, les histoires et la lecture serait un peu long, aussi j'en citerai deux parfaitement dans le sens de mon propos :
Jirō Taniguchi et Hergé.
Jirō Taniguchi est un auteur de bande dessinée japonaise, couramment appelée Manga.
Cet auteur, découvert récemment par le biais de mon ami R.G., est le plus occidental, voire le plus franco-belge des auteurs japonais. Sa façon de construire l'image, littéralement photographique, ainsi que son goût pour la contemplation m'ont permis de me retrouver dans ses personnages, souvent de manière immédiate.

Taniguchi et Hergé sont deux représentants de ce que le monde de la BD appelle "la ligne claire", ce mouvement de bédéistes dont Hergé est un des précurseurs, qui avait pour principe de privilégier un dessin allant à l'essentiel sans sacrifier à la lisibilité de l'image. Les aventures de Tintin sont un exemple parfait de ligne claire; le trait est simple et complet à la fois, facilement identifiable, sans noyer le lecteur dans les détails ni laisser trop le soin à ce dernier d'imaginer l'environnement du personnage.

Eh bien, croyez-le ou pas, mais plus je regarde mes propres photos, plus je suis convaincu que mes photos sont dans le style de la ligne claire.
Pourtant, rien de plus fourni en détails qu'une photo.

Curieusement, chaque fois que l'envie me prend de faire une photo, mon impression est que ma photo, si elle est réussie, sera facile à lire, sans surcharge d'éléments, ni détails infinis.
Peu m'importe la richesse du décor, à chaque fois que je prends une photo, j'essaie de m'approcher d'un rendu "ligne claire".

Chaque fois que je prends une photo, je la lis comme un album de Hergé ou de Taniguchi.

mardi 12 septembre 2017

Dix-huit !


Les tags...

Alençon n'est pas vraiment un musée à ciel ouvert en ce qui concerne le graffiti, le tag et l'art urbain.
Nous possédons toutefois quelques auteurs de tags récurrents. Ils ne font cependant pas l'ordinaire des tags urbains de la commune.
Le passage des artistes comme le dessous du pont ferroviaire de la fuie des vignes sont, à l'aune de l'art urbain local, de splendides exceptions notables.

Bien souvent donc, comme un peu partout, les graffitis représentent davantage une pollution visuelle et une dégradation volontaire d'un mobilier urbain qui n'avait pas spécialement besoin qu'on l'enfonce.
D'un autre côté, j'ai toujours plus ou moins pensé que le tag, le graffiti était un moindre mal lorsque pratiqué sur les supports les plus glauques de la ville ; poubelles isolées de la fuie, bancs brûlés par de véritables sagouins, murs de friches industrielles ou commerciales, et j'en passe, ont l'avantage d'ainsi davantage attirer l'oeil du passant et de rendre compte de la lente dégradation de certains équipements urbains.

C'est ainsi qu'alors que R.G. et moi remontions sur le centre-ville depuis le Parc Gustave Courbet, un graffiti attire notre attention.
Les toilettes publiques du parc sont ouvertes et ornées d'un gigantesque dix-huit noir tracé sans aucune forme d'application. Un rayon de soleil perce entre deux nuages, éclairant le mur taggé au point de rendre cette dégradation visuelle presque... intéressante ?

R.G. et moi en convenons...


Il me faudra la poster pour le premier janvier 2018 !

vendredi 8 septembre 2017

Double exposition...


C'est le moment de s'amuser !

R.G. et moi-même aimons nous promener sur les bords de Sarthe depuis de longs mois. En ce jour grisonnant d'août, nous nous essayons tous deux à une nouvelle façon de faire de la photo : les expositions multiples. Le principe est le suivant : vous prenez deux photos et vous les combinez pour en faire une troisième, composée de la superposition des deux premières.

Depuis qu'il a découvert cette option sur son boîtier, R.G. pense "expositions multiples", mange "expositions multiples", boit "expositions multiples"... Bref : vit "expositions multiples".

Je n'ai jamais été doué pour cette façon de faire des photos superposées. Toutefois, alors que mon ami, posé sur des marches au bord de l'eau, photographie des canards, me vient une idée de photo à expositions multiples. Deux seules photos. Il ne faut pas que je me rate.
Une première photo permet d'immortaliser une cane colvert sur l'eau.
La seconde fixe sur ma carte mémoire mon meilleur ami, l'appareil en main.

Hasard des prises de vue ? Compréhension subite et intuitive de la manière de faire ?
Quoi qu'il en soit, au moment où mon appareil affiche le résultat de cette combinaison, l'image fonctionne parfaitement !



Pendant ce temps, R.G se contente de réinventer sa façon de faire de la photo...

lundi 4 septembre 2017

Dans les ruines de Lassay...



Du haut de ces ruines, le second millénaire me contemple !

Et pourtant, il est clair que ces ruines-là ne sont pas un promontoire privilégié pour me contempler.
Cet endroit fait partie d'un circuit de promenade de 7km environ que mes parents et moi avons décidé d'arpenter en ce seize août.
Lassay-les-châteaux porte bien son nom; sur le domaine de la commune, trois châteaux dont deux en ruines se dressent, les uns au milieu d'un terrain vague, l'autre étant au cœur du village.

Or pour l'instant, nous voici devant les ruines du dernier château que nous comptions visiter.
Il ne paie vraiment pas de mine. A peine une arche et les ruines de deux tours émergent encore du sol.
A voir la hauteur de ces restes moyenâgeux, il nous vient la compréhension de ce que devait signifier vivre dans l'ombre de vieux seigneurs enfermés dans de hautes et froides tours méditant sur leurs blasons, sans guère pouvoir infléchir leurs lubies territoriales et guerrières ni obtenir de protection contre les pilleurs de pommes.

Tout à ces réflexions, il me vient le besoin de m'étirer le cou. Cela fait plus de quatre heures que mes deux appareils photos y sont suspendus. Fichu 7D. C'est mon numérique qui, en vérité, me cause ce début de torticolis, l'autre étant un simple argentique grand public, léger comme une plume.

J'avise alors l'écran supérieur de mon argentique; il ne me reste qu'une prise de vue. Le panorama m'attire.
Je devrais peut-être attendre d'en voir plus avant de prendre la photo, mais baste !

Je vise.

Et je déclenche...

vendredi 1 septembre 2017

Un peu plus de 61 mots sur Alençon Plage...



Ah ! Alençon Plage... Cela ne fait pas très longtemps que l'édition de cette année s'est terminée et elle me manque déjà.
Ce n'est que la troisième édition de cet événement majeur de l'été, à Alençon, et pourtant c'est comme si nous l'avions toujours connu.

Chaque semaine, je m'appliquais à faire un tour au Parc des Promenades, où tout se jouait.
On y trouvait aussi bien les parents et les enfants du quartier de Perseigne, heureux de pouvoir être comme au bord de mer pendant les jours les plus chauds de l'année, que M. le Député ou M. le Maire venus serrer des mains, se montrer au tout-Alençon et partager aussi -il faut le dire- un moment de convivialité en marge de leur travail politique.

Chaque semaine, des concerts étaient organisés, au kiosque à musique du Parc. Parmi la foule -nombreuse- des spectateurs, j'y retrouvais fréquemment les mêmes têtes; des membres du club photo de Courteille en particulier. Parfois avec leur appareil, très souvent sans. C'est ainsi que je me suis retrouvé à plusieurs reprises seul devant la scène à faire des photos des musiciens et chanteurs pour le plaisir...
...Jusqu'à ce que les Mégots me proposent de leur fournir des images de leur concert de la mi-août, par le jeu du hasard des rencontres.
S'ensuivit une petite vague de visites sur mon blog photo. Rien d'extraordinaire, mais assez pour me motiver dans la suite des événements...



... L'année prochaine, je referai des photos de concert !

lundi 28 août 2017

1250 raisons de recommencer...


2h du matin.
2h du matin et nous ne dormons toujours pas.
Il faut dire que notre journée entière de marche nous a éreinté au point que nos jambes et nos pieds nous empêchent de trouver le sommeil.
Mais plus encore, mes voisins du dessus ont eu la bonne idée de prolonger leur soirée entre amis jusqu'à cette heure tardive. Les quelques éclats de rire qui fusent ne m'empêcheraient pas de dormir si je n'avais pas si mal aux jambes.
Quant à R.G., squattant mon canapé plutôt que de rentrer chez lui à une heure si matinale, il bout.
J'ai beau connaître et comprendre les raisons de son énervement, je ne peux m'empêcher de le trouver un poil trop sensible au bruit ambiant... A moins que j'aie simplement perdu en audition ces dernières années, ce qui ne serait pas improbable.

Peu m'importe, car, alors que nous dissertons ensemble à voix basse dans ma salle, nous finissons par convenir qu'il est toujours temps de faire des photos, ici et maintenant.

C'est pourquoi nous nous équipons d'une de mes carafes, à la belle couleur violette, remplie au tiers d'eau fraîche, ainsi que de nos trépieds et de nos lampes torches.
Place à l'amusement !

En effet, le light painting, comme se nomme cette technique, consiste à éclairer un sujet selon sa fantaisie (totalement, partiellement, avec diverses couleurs, de près, de loin, en formant des dessins ou des lettres avec la source lumineuse, etc...) pendant que s'écoule le temps de pose de la prise de vue.
Et quoi de mieux qu'une carafe d'eau aux reflets violacés pour s'exercer ?

Chacun notre tour, nos appareils confortablement fixés à leurs pieds, nous prenons des variations nombreuses de cette carafe, selon divers éclairages, malgré de nombreux ratés; il n'est pas facile de maîtriser la dose de lumière quand cette dernière dépend uniquement de l'adresse du photographe.

Soudain, une révélation s'offre à moi : j'ai oublié de régler la sensibilité de mon appareil, toujours fixée à une valeur fantaisiste -pour le cas présent- de 1250 ISO.


Quel délicieux prétexte pour tout recommencer !

jeudi 24 août 2017

Couchant de feu...


Encore une journée qui s'achève...
R.G. et moi-même avons passé l'intégralité de l'après-midi ensemble, comme souvent depuis quelques mois. Nous aimons passer du temps à photographier et à nous promener à Alençon et ses environs.
Notre plat de pâtes est à peine englouti que nous attaquons le fromage et le dessert. Au menu : du comté et une glace vanille-fraise.
Petit à petit, je vois depuis la fenêtre de ma salle la lumière du jour colorer de doré les Réservoirs de la rue du même nom.
R.G. est sur le départ, à présent. Il a encore un peu de route à faire.
C'est en se dirigeant vers l'entrée qu'il m'apostrophe.

R.G. m'affirme qu'il y a à la fenêtre de la cuisine un ciel comme il y en a peu. Je m'approche et, effectivement, le ciel de cette soirée est à la fois subtil dans ses variations nuageuses et colorimétriques et d'une chatoyance infinie de nuances d'or et d'orangé ! R.G. se met à essayer quelques clichés de ce décor féerique avec son téléobjectif. Pour ma part, j'ai beau être fasciné par ce genre de ciels, j'ai l'habitude d'en voir plusieurs fois par mois depuis mes fenêtres et n'y prête que peu attention.

Pourtant, quelques secondes à peine après le départ de R.G., je regarde de plus près cet étrange ciel et décide de finalement l'immortaliser, à tout hasard, depuis ma cuisine.
Plus les photos s'accumulent, plus je deviens convaincu par les thèses de mon ami. Ce ciel est exceptionnel !


Une petite minute plus tard, je reçois un SMS de sa part.



Ah ! Si seulement je lui avais prêté un 18-55mm...

dimanche 20 août 2017

Saxo'n'Roll !


Le bruit est assourdissant !

A cet instant, je me demande bien ce qui m'a poussé à venir si près de la scène. Moi, Tonton Poil, suis pourtant un grand amateur de silence, de calme, de volupté et de paix.
Me voilà pourtant les pieds touchant une enceinte d'une taille plus que respectable, délivrant des Watts et des décibels à plein régime !
Oh ! Il serait injuste pour autant de prétendre que la musique n'était pas plaisante; au vu des applaudissements nourris des Alençonnais présents sur le sable d'Alençon Plage, celle-ci semble faire consensus. Une belle musique de Rock'n'Roll contemporain, à l'équilibre sonore travaillé, aux textes fouillés, à l'inventivité assumée !

Pour ma part, il m'est difficile de me concentrer à la fois sur la musique et sur mon activité du moment; car bien entendu, que puis-je faire d'autre que photographier ?
Ce groupe déchaîne son énergie depuis le kiosque des Promenades avec la conviction et la passion qui mènent tant de jeunes musiciens. De quoi être admiratif. Pourtant je n'en perçois qu'un mélange informe de notes, de sons, de voix et de vibrations. La musique n'est pas exactement mon fort.

Soudain, un des membres du groupe saisit un saxophone ! L'occasion est trop belle. Clac ! Clac ! Clac ! Dans la boîte !

Le concert continue de plus belle alors que le saxophoniste repose son instrument et saisit à nouveau sa guitare. J'avise le coin où traîne ce rutilant objet. Les lumières de la scène donnent une allure singulière au groupe et à ses outils.
Ce saxophone, je dois le mettre en boîte !



Quelle magnifique soirée !

mercredi 16 août 2017

Un lutin dans la ville...



Les lutins aussi aiment se promener en ville.
N'en déplaise à cette espèce surnaturelle de sylvestres, je connais un très aimable Lutin qui m'accompagne régulièrement dans les rues d'Alençon, en quête du cliché parfait.

En vérité, obtenir le cliché parfait c'est comme obtenir une information parfaitement fiable sur internet : peu importe notre acharnement, nous savons tous que c'est impossible.
Ce n'est donc pas de la photo parfaite que ce billet va vous entretenir, mais d'un de ces accidents photographiques desquels résultent une image intéressante.


Il se trouve que je prête régulièrement certains de mes objectifs à mon meilleur ami, R.G., dont je vous ai longuement parlé à plusieurs reprises. Récemment, et comme souvent, ce dernier m'avait emprunté mon 50mm, un objectif très prisé des photographes amateurs pour sa polyvalence et son incroyable luminosité. Le hasard fit que cet emprunt, qui devait n'être que de quelques heures, aboutit finalement à une durée d'emprunt de plusieurs jours, ce qui ne me gênait nullement mais commença à créer une certaine impatience de réutiliser cet objectif, trop souvent vissé sur mon vieil argentique.

C'est donc par une journée nuageuse de juillet que je le récupérai et me mis en tête de faire quelques photos avec, accompagné du Lutin.
Un tel objectif s'apprivoise généralement plutôt vite, mais il n'est pas toujours évident de réaliser que ses capacités étendues de réglages de la profondeur de champ ne sont pas nécessairement adaptées à la photo de rue.
C'est donc sans grand espoir de faire maintes et maintes photos que nous nous promenions dans le quartier Saint-Léonard, quartier historique d'Alençon s'il en est.
Alors que nous remontions une des rues vers le centre-ville, j'avisai un plan potentiel, agrémenté d'un Lutin rouge et blanc. Sans guère d'enthousiasme, je dois l'avouer, car le décor n'était guère palpitant et j'imaginais déjà supprimer la photo résultante le lendemain matin, blasé de cet échec.

Pourtant, à cinq mètres de distance, avec une profondeur de champ qui, par chance et par erreur, se trouvait être minimale donna un flou intéressant, détachant très nettement mon Lutin de coeur du décor, renforçant les couleurs vives qui l'habillaient.

C'est ainsi que le lendemain, aux aurores, je me jurai d'utiliser plus souvent ce 50mm pour la photo de rue.

L'intérêt d'une photo tient à si peu de choses...

samedi 12 août 2017

Une farandole de mots...



Soleil,
Chaleur,
Fleurs,
Roseraie,
Rumeurs,
Ville,
Abeilles,
Butineurs,
Songes,
Silence,
Éblouissement,
Paix,
Liberté,
Douceur,
Vivacité,
Rapidité,
Légèreté,
Coruscation,
Couleurs,
Odeurs,
Parc,
Promenade.

Et pour finir,
Une photo.

mardi 8 août 2017

Nitrate d'argent...


Je te conseille d'augmenter le contraste, Gilles. Ça renforcerait le graphisme. Et tu peux sans doute augmenter le temps de pose.

Le professeur du club photo est toujours de bon conseil; en numérique comme en argentique, son expertise est reconnue.
Nous sommes quatre compères entassés dans un petit laboratoire argentique au sous-sol de l'espace Pyramide, dans les vapeurs d'acides et la chaleur d'un été caniculaire.
Cela fait un an que je m'essaie à l'argentique. Petit à petit, grâce au soutien des différents dinosaures de l'argentique, j'ai fini par apprendre à tirer une photo 10x15cm par mes propres moyens. Cette photo n'est pas la première, mais c'est une de celles qui me plaisent le plus sur cette pellicule celluloïd.

J'actionne l'agrandisseur, effectuant quelques derniers réglages de filtre et de temps de pose. Je me fixe sur un temps de 28 secondes et enclenche le minuteur. Moins d'une demi-minute plus tard, j'emporte le papier RC dans le premier bain.

Glissée dans le révélateur, face cachée, l'image commence doucement à apparaître. Je n'ose pas encore la retourner et contempler le résultat.
Une minute de bain, et je retire l'image, toujours face opposée à ma vue, l'égouttant doucement. Les dernières gouttes sont tombées. Hop ! D'un mouvement souple du poignet, la photo glisse dans le bain d'arrêt.
Il ne faut que quelques secondes à ce second bain pour agir. Je décide alors d'oser regarder l'image sous la lumière rouge dans le bain du fixateur.
Les autres membres du laboratoire argentique me taquinent avec humour, espérant la réussite de mon tirage, sinon demain, neuf heures dans le bureau du directeur !, comme il est de coutume de plaisanter au sein de notre club...

Les photos des autres dinosaures arrivent progressivement dans le fixateur. Il est temps d'allumer la lumière blanche.


Ma photo est réussie. Le professeur est content de moi. Les images de chacun sont jugées, jaugées, critiquées par l'ensemble des membres présents. Pour moi doit commencer une longue attente de dix minutes avant un rinçage de trente minutes.




Je vais en tirer une deuxième.

vendredi 4 août 2017

Ici et ailleurs...



Un silence de plomb s'est installé sur la place Foch. Les spectateurs, épars, plongés dans l'obscurité ne pipent mot lorsque les premières fusées s'envolent vers le ciel.
Les détonations de ces feux d'artifice résonnent dans un silence religieux...


...Non. Ce n'est pas tout à fait la réalité. La réalité du moment est bruyante, emplie des exclamations du public, des cris des enfants réclamant à être hissés sur les épaules des parents, des parents demandant à leurs enfants de se tenir correctement, des gens de tous âges et de tous milieux applaudissant au moindre instant de répit dans le spectacle du moment.
Oui, en cette nuit du 13 juillet, il y a un véritable vacarme, un vacarme joyeux, un vacarme festif.

Pourquoi ai-je l'impression de ne rien entendre ?
Parce qu'en cet instant, en cette série d'instants découpés par morceaux de six secondes, je suis installé, tenant fermement mon trépied et contrôlant régulièrement l'exposition de mes photos.
Dans ma bulle photographique, rien ne m'atteint. Ni le bruit,  ni l'agitation, ni la foule, ni les cendres qui, avec le vent, sont emportées vers les spectateurs.

Dans ma bulle photographique, je suis seul au monde, dans un silence sacré et, pour tout dire, un sacré silence...





Dieux que je suis heureux d'être là et d'être ailleurs à la fois... Au cœur de la fête !

mardi 1 août 2017

L'heure dorée...


Nous sommes à l'heure dorée.
L'heure dorée du matin, plus exactement.
R.G. et moi sommes partis tôt en chasse de belles images. Dès 6h du matin, en vérité. Le soleil n'est levé que depuis peu, et déjà l'atmosphère commence à chauffer, signe d'une nouvelle journée de feu.
Nous nous dirigeons nonchalamment vers le Crédit Mutuel du Point du Jour pour prendre un peu de liquidités. Nous savons déjà que nous allons passer la journée ensemble, sans même nous être consultés.


Ces amitiés sincères et tenaces, c'est ce que nous recherchions depuis des années, lui et moi, à l'époque où le hasard nous permit de nous rencontrer.
Ce fut ensuite par la ténacité de R.G. et par des passions communes que nous finîmes par devenir inséparables.

Une de ces passions est la photographie.

A proximité du Crédit Mutuel, un passage à travers un HLM attire notre regard. Des lattes de bois traité, disposées sur les parois, sont judicieusement éclairées par le soleil encore naissant. Nous commençons à prendre des photos de cette précieuse lumière.
Je me rapproche des lattes. R.G. me demande de poser pour lui, l'appareil à la main.
Il me propose d'en faire de même. L'occasion est trop belle...




Même dans l'ombre, R.G. a une allure d'artiste...

vendredi 28 juillet 2017

Le sphinx fou...


Des années qu'il nous nargue !

Lui, c'est le moro-sphinx, ou sphinx fou. Son nom le plus courant, c'est "sphinx colibri", sobriquet rappelant à l'entomologiste confirmé qu'il s'agit bien d'un papillon issu d'une longue lignée de papillons de nuit ainsi qu'à l'ornithologiste amateur qu'il est un animal nerveux, au battement d'ailes frénétique, butineur aussi acharné que rapide.

Depuis des années, le Lutin d'Ecouves tente, tant bien que mal, de le saisir en vol, lui qui ne reste qu'une seconde au même endroit, dans le meilleur des cas.
Cela faisait des années que moi aussi, j'espérais tant pouvoir le saisir au vol. J'y avais renoncé, convaincu que seule la ténacité et l'équipement d'un professionnel pouvaient venir à bout de cet papillon fou.

C'était sans compter sur R.G.

R.G. n'est pas qu'un photographe passionné, c'est aussi un de ces photographes perfectionnistes qui s'acharnent des jours, des semaines, des mois voire des années avant de s'estimer satisfait d'un sujet.
Au contact de ma famille, il a, à de nombreuses reprises, reçu de véritables cours d'entomologie amateur de la part de mes parents, instituteurs à la retraite et éternels curieux.
C'est tout naturellement qu'un beau jour de juin, alors qu'il arpentait les rues d'Alençon, il attrapa la fièvre du sphinx fou.

Se confiant à moi, m'expliquant son nouveau graal photographique, il m'enrôla dans cette quête, convaincu qu'ensemble, nous pourrions venir à bout de ce maudit arthropode cocaïnomane.
Ainsi, nous nous mîmes en chasse.
Et c'est ainsi qu'un beau jour de juillet, sous un soleil beaucoup trop dur, tenant un objectif beaucoup trop lourd à bouts de bras, je commençai à avoir quelques résultats... Mon ami également.

Ce n'est jamais assez, pour R.G. comme pour moi. Néanmoins cette petite victoire commune nous remit du baume au cœur.


Demain, nous retournerons à la chasse au sphinx fou...

lundi 24 juillet 2017

L'heure des photographes...


L'aube.
R.G. et moi arpentons la Voie Verte depuis maintenant une longue demi-heure. La fraîcheur de la nuit commence à se disperser ; nous sommes en effet debout depuis un long moment, ayant osé sortir, équipés de nos reflex, avant le lever du jour, vers 5h30 du matin.

Je vois mon ami aviser un buisson sur sa droite. Pendant ce temps je tente quelques maladroites prises de vue du soleil levant. Malheureusement, l'astre du jour se cache timidement derrière une importante masse nuageuse, présageant du pire pour la journée à venir.

R.G. tente lui aussi quelques photos du ciel au levant. D'ici, nous sommes cependant gênés par la végétation et peinons à trouver un angle intéressant.
Nous décidons de nous avancer un peu plus.
Soudain, j'alerte mon ami. Ici. Et maintenant.

Ici et maintenant, le soleil commence à percer au-delà des nuages. Ici et maintenant notre vue est dégagée. C'est le moment ou jamais.
Regarder le soleil de face est une épreuve dangereuse, encore plus avec un téléobjectif, je le sais. C'est pourquoi, je tente au jugé, l'oeil loin du viseur, de trouver un cadrage passable qui permette de saisir l'instant.... Sans penser à la vue par écran arrière, pourtant activable sur mon appareil.
Peu importe. Ainsi, ma vue ne risque rien. Ainsi, je réalise quelques clichés.

Au fur et à mesure des secondes, puis des minutes, l'air se réchauffe nettement.
Nous resterons encore une vingtaine de minutes. R.G. a dans son esprit une photo de genêts qu'il essaie désespérément de réaliser.

La faim me tenaille. Levé depuis 3h30 du matin, je n'ai pas vraiment déjeûné et les magasins n'ouvriront pas avant 8h; les boulangeries, pas avant encore une demi-heure.

R.G. me fait miroiter l'espoir d'une des plus délicieuses viennoiseries du monde, à la boulangerie de la Rue Guynemer. Je tiens bon. Nous tenons tous deux bon, aussi pressés l'un que l'autre de dévorer ce délicat délice, et aussi pressés l'un que l'autre de profiter de chaque instant de cette aube, de chaque instant de cette matinée photographique.

Nous avançons jusqu'aux alentours de Valframbert. Puis décidons de rebrousser chemin.

Sur le chemin du retour, tout en dégustant nos délicieuses récompenses, nous croisons un bus Alto. Le conducteur me salue puis, s'arrêtant devant nous, échange quelques nouvelles aimables avec moi avant de repartir.


R.G. me demande :

Je suppose que c'est un ami du club photo ?



Ah ! Quelle merveilleuse façon de commencer la journée !

jeudi 20 juillet 2017

Qui osera troubler la musique du silence ?


La voûte de la basilique Notre-Dame me toise de toute sa hauteur.
Je ne suis pas venu dans ce majestueux édifice religieux par hasard ou foi. Je la connais bien, cette église, depuis cette période où je photographiais le remontage des orgues baroques du lieu, en véritable snapshoter, témoin discret et encore maladroit de son époque.

La basilique résonne du bruit de mes pas. Le déclencheur de mon appareil fait un raffut infernal à chaque nouvelle prise de vue. Il faut dire que je la connais bien, cette église, même si cette fois-ci c'est armé d'un objectif grand-angulaire que je fais mes prises de vue. Cela faisait un mois entier que j'espérais trouver l'occasion de faire ces photos au grand-angle.

Un couple de fidèles est assis devant moi. Ils me regardent passer avec une indifférence toute normande... Je remarque à cet instant que deux adolescentes se sont isolées dans un coin du transept, affairées avec leurs téléphones tactiles.

Le calme du lieu me saisit alors que j'entreprends une nouvelle photo. Bien que la prise de photos en ces lieux soit parfaitement courante ici, chacun des clac-clac de mon appareil me semble un odieux sacrilège.  Même la lumière filtrant à travers les vitraux me paraît ici plus silencieuse.

Arrivé au milieu de la nef, je lève la tête, soudain saisi de stupeur face à la majesté toujours vivace de la voûte gothique.
Ce n'est pas la puissance de Dieu que je ressentais dans tout mon corps, c'est la grandeur d'une civilisation disparue. Comment croire qu'un Dieu puisse ordonner un tel vertige et ne point développer une inaltérable foi en sa création ?

Mon interrogation, en s'envolant vers la voûte, rebondissant sur les vitraux et éclatant soudain sur une arête de pierre, m'emporte dans des rêveries cosmiques alors qu'un groupe -non, une classe !- de collégiens et leur professeur pousse la porte du lieu saint.

Cohue soudaine, brouhaha rebondissant en échos incessants, agitation frénétique et réprimandes de monsieur le curé semblent ne pas suffire à calmer les adolescents en pleine dissidence face à l'autorité relative du professeur.

Comme une bulle de savon, mes songes se volatilisent en un éclair.
Il ne me reste qu'à sortir avant qu'il ne soit plus possible de s'entendre penser, d'entendre son cerveau cogiter.

Dieux ! Que le silence est une denrée rare...

dimanche 16 juillet 2017

Ivresse...


L'été est ivre.
Oui, l'été est ivre.
Cela fait à présent plusieurs heures que mon ami R.G. et moi arpentons les rues d'Alençon en cette soirée du 21 juin. La foule est dense. Le bruit est permanent. Les lumières, omniprésentes.
Nous fendons tant bien que mal la masse des badauds venus écouter les chanteurs, musiciens et danseurs d'un jour ou de toujours, jouant parfois des coudes, frôlant de nombreux passants trop occupés à faire la fête.

Nous dirigeant vers les extrémités du centre-ville, nous empruntons le Pont Neuf. Depuis ce dernier, nous contemplons les lueurs de la passerelle reliant la Providence à la récente gare du Champ Perrier. Dieux ! Cela ne fait qu'un an et demi que ce parc et cette passerelle existent. Comment faisions-nous auparavant ?

Un peu plus loin, sur le Champ Perrier, une petite scène est installée où une chanteuse Folk aux textes emplis d'humour et de légèreté est religieusement écoutée par un public modeste mais enthousiaste.
Son fils, joueur de guitare, sous l'insistance du public, offre un bis sans sa mère.
Au sol, à quelques coudées de l'estrade, un petit groupe de jeunes adultes est affalé sur le sol, exprimant bruyamment autant sa joie de faire la fête que son  haut degré d'alcoolémie.
Je profite du bis du jeune guitariste, accaparant l'attention de chacun, pour prendre quelques photos.
Curieusement, quelques traces de pieds nus relient ce groupe de jeunes adultes éméchés à la berge de la Sarthe, pourtant plusieurs mètres en contrebas d'une pente quelque peu... raide !

Sous mes yeux, deux d'entre eux se placent innocemment sous un réverbère. Je n'ai pas le temps de réfléchir; mes réglages se font à l'instinct et, dans le pire des cas, mes photos prises en RAW permettront une retouche significative.


Le lendemain matin, à 10h, dans l'atmosphère brûlante d'un appartement aux murs de béton après une semaine de canicule, je m'attelle à développer mes photos numériques.
Une nuée de moucherons ponctue généreusement le réverbère surplombant la scène de la veille... Je ne pouvais rêver mieux.



...Et dire que j'abhorre la foule !

mercredi 12 juillet 2017

Une promenade en barque...


Une  promenade en barque.
Tout alençonnais qui se respecte a déjà arpenté les bords de la Sarthe durant les beaux jours et probablement aussi rêvé qu'un jour il puisse naviguer sur ses eaux calmes.
Or, alors que le printemps moribond laissait précocement la place à un été de feu, une telle occasion s'est présentée à moi. Depuis quelques temps, un auto-entrepreneur propose des tours en barque sur la Sarthe à tous les badauds avides de redécouvrir leur ville. Il n'en fallait pas plus pour me voir embarquer en cette journée de feu, fin juin.

Ainsi, assis au milieu de la barque, discourant avec le capitaine de la modeste embarcation des beautés de la nature, de photographie et de bonne chère, je savoure un moment de grâce. Il n'y a pas de nuages froid dans le ciel, juste l'ombre plaisante des rives, les jeux de lumière sur l'eau et le plaisir d'échanger, loin de l'agitation du quotidien... Alençon est une cité féerique pour quiconque sait l'observer. Et, alors que nous longeons sans un bruit l'arrière de la Rue des Tisons, j'avise un groupe d'arbres et leur reflet dans l'eau.
Plus encore, j'avise les troncs élancés de ces habitants des rives et déclenche la prise de vue.

Un léger vent caresse avec tendresse mes joues à cet instant. Un couple de demoiselles ailées se forme à ma droite. Soudain, le pilote de l'embarcation se fait piquer par un taon. Grommellements.
Aussi étonnant qu'il paraisse, nous n'entendons que les oiseaux chanter, les insectes vrombir et la barque fendre les eaux paisibles de la Sarthe.

Je refais quelques photos, alternant entre contemplation béate et réflexions photographiques.
Deux pêcheurs nous saluent.
A l'endroit de la Fuie des Vignes, nous sommes comme à la campagne.

Le temps suspend son vol.

samedi 8 juillet 2017

Une charrette blanche...


Une charrette blanche.

Le Lutin d'Ecouves et moi-même prenons souvent le temps de nous promener ensemble, chacun équipé de son appareil photo. Lui a une préférence marqué pour son petit hybride Panasonic tandis que, de mon côté, je ne jure que par mon lourd reflex Canon. Peu nous importe au fond, car seuls comptent la créativité, la justesse du cadrage, l'originalité du regard et le plaisir d'user nos chaussures de marche ensemble.

Il fait chaud, ce 14 juin. Nous avons pris, après réflexion, la route vers le Chevain, petite bourgade à un saut de puce d'Alençon. C'eût pu être une promenade de santé comme tant d'autres.
Mais il fait chaud, ce 14 juin.
La descente le long de l'avenue de Courteille, sans presque aucune ombre, puis de la rue Marchand-Saillant jusqu'au pont du Chevain, descente monotone et très urbaine, voit une seconde partie de notre balade la remplacer, entre le pont du Chevain, où commence officiellement cette petite commune, jusqu'au bourg même via une piste cyclable entourée de buissons. Enfin ! Un peu d'ombre... Et pourtant à cette heure encore trop proche du midi, l'ombre tant espérée se fait bien souvent désirer.


Nous arrivons finalement au Chevain. Sympathique commune dont l'immensité de la mairie et de l'arboretum attenant paraissent démesurés en comparaison de la modestie du lieu.

Alors que mon compagnon du jour avise l'ombre salvatrice d'un arbre de la Place, je remarque que les jardiniers communaux n'ont pas chômé : divers charrettes décoratives emplies de fleurs entourent la petite église du village, sise à droite de la mairie.
L'évidence me frappe avec la puissance d'un évangile : ceci ne peut qu'aboutir à une belle image.


A quelques mètres de moi, le Lutin d'Ecouves ne semble pas convaincu...



Et vous ?