samedi 28 janvier 2017

Sombres songes un soir de ciel en sang...


Certains soirs, Alençon revêt un aspect surnaturel.
Ainsi, au coucher du soleil, certains bâtiments d'aspect innocent, comme la chapelle de l'école Saint-François-de-Sales s'habille de ténèbres alors que le ciel se pare de sang.
De telles visions ont certainement inspiré de nombreux contes, de nombreuses légendes, des peurs innombrables et des histoires effrayantes...
N'est-il pas tentant, en voyant une telle image, de s'imaginer un obscur seigneur vampire régnant sur la région d'Alençon, habillé d'un sombre manteau, songeant à de sombres ensorcellements, entouré de loups-garous et de créatures nocturnes ?


A l'heure où la Lumière disparaît, naissent nos fantasmes les plus secrets, ceux qui nous font frissonner de peur, ceux qui révèlent notre nature purement animale... Ce n'est pas par hasard que le loup-garou ne sort que la nuit.
Quels autres mystères sont donc couvés par la nuit ? Quelles autres angoisses pointent donc dans le rouge du crépuscule et le bleu marine de la nuit ?
Ce n'est point qu'une histoire de fantasmes, c'est aussi l'histoire de notre humanité qui s'est souvent jouée durant de longues nuits d'hiver, ces nuits où les symboles affluent à la surface, tels des totems maudits, véritables glyphes de la pensée magique qui nous habite tous.
Oh, certes, l'âge adulte venant, nous apprenons à domestiquer nos peurs, parfois même à les oublier.

Mais qu'apparaisse un crépuscule sanguinolent, et voilà que resurgissent les spectres de nos nuits infantiles tandis que tremblent les bourgeois sous leurs couvertures chaudes, derrière leurs lourdes portes. La nuit de Sahmain se termine-t-elle vraiment avec le mois de Novembre ?



Saignent les cieux, sur la ville d'Alençon...

mardi 24 janvier 2017

La seconde ombre...


Neuf mois que j'attendais ce moment. Cette photo que vous voyez ci-dessus aura été une longue, très longue affaire de patience...
Tout remonte à ce jour de mars 2016, où, par pure chance je découvris un beau matin l'ombre de la statue du général Leclerc se positionner pile à côté d'une citation forte de sens, prononcée par lui-même, durant la dernière guerre mondiale.
Ayant eu la chance de voir la photo, de la réussir et de la présenter aux dernières féeries de Noël du club photo de Courteille, je m'estimais heureux, mais pas totalement satisfait.
Car en effet, le monument comportait deux citations, chacune se partageant un côté du monument.
Il y avait donc une seconde photo à faire qui n'attendait que deux choses : d'abord une météo idoine, idéale pour projeter une belle ombre, ensuite une orientation correcte de la Terre par rapport au soleil pour que l'ombre soit au bon endroit...

Il me fallut attendre donc neuf mois.

Il s'en est passé, du temps. Il y eut aussi de belles photos entretemps, de quoi m'occuper durablement, d'autant plus que durant ces mois je me découvris une véritable et authentique passion pour la photo, produisant de plus en plus, jusqu'à faire des photos chaque jour, inlassablement, à chacune de mes promenades.
A force de me montrer en ville, d'errer dans les rues d'Alençon l'appareil autour du cou, la besace sur le flanc, les gens du cru commencèrent à me reconnaître, d'une certaine manière à me connaître, dans cette manière si particulière qu'ont les passants de reconnaître des visages qui n'ont de familier que leur récurrence dans la rue.
Certaines personnes m'ont également confondu avec un journaliste local, sévissant à Ouest-France et ayant le même genre d'apparence que moi.
Pourtant, au fur et à mesure du temps, davantage de gens me reconnaissaient en tant que tel et pas comme simple sosie.
Ainsi, certains passants m'ont-ils adressé la parole, intrigués par mon activité récurrente de photographe amateur. D'autres m'adressent parfois un petit regard, un sourire gêné, voyant bien mon occupation et reconnaissant mes traits, mes habitudes.

A force de traîner en ville, neuf mois furent suffisants pour produire un véritable amas de photos d'Alençon, de ses habitants, des détails architecturaux et des paysages urbains insolites surgissant à l'occasion d'une soirée brumeuse...

En bref, neuf mois plus tard, en décembre 2016, plus personne ne s'étonnait de me voir planté là, devant le monument en hommage au général Leclerc, regardant fixement l'ombre se déplacer, adossé à une rambarde, comme s'il y avait eu un spectacle merveilleux devant mes yeux.


L'attente fut longue, mais vraiment satisfaisante.
Ces neuf mois m'apprirent plus sur la photographie, sur les gens, sur Alençon, que tous les livres du monde. A présent, d'autres situations se font désirer sur le long terme. D'autres buts à atteindre d'ici de  longs mois.
N'est-ce pas là tout l'intérêt de la vie ?

vendredi 20 janvier 2017

Bulles de liberté...

Aujourd'hui, le ciel est d'azur et il pleut des bulles de savon.
Un signe d'enchantement discret et raffiné ? Une blague de nos amis lutins ?
Non, il  s'agissait de tout autre chose, cette fois-ci... Quelque chose qui se propageait dans l'air, comme un virus, quelque chose qui tenait à la fois de la contagion émotionnelle et de l'esprit de fête.  Toutefois, ces bulles que je me pris à photographier me disaient autre chose. Elles m'annonçaient un vent de légèreté qui soufflait sur la région, comme une brise de liberté et d'insouciance.
Tout autour de moi à présent, les bulles tombaient. En réalité la ville entière était noyée de bulles, bulles de savons, bulles d'insouciance, bulles-mondes personnels, bulles légères, bulles colorées...
Lorsque, d'aventure, le curieux se tournait côté soleil couchant, les bulles, pareilles à de légers flocons de neige, irradiaient d'une douce intimité l'air ambiant avant de s'éclater en silence sur les pavés du centre-ville ou le bitume des diverses rues d'Alençon.

Oui, bizarrement, dans une ambiance générale si lourde, aujourd'hui le ciel était d'azur et il pleuvait des bulles de savon.

lundi 16 janvier 2017

Un homme sur un pont...


Au-dessus d'une rivière,
Un homme sur un pont.

Une silhouette dans l'air,
Un homme sur un pont.

Perdu dans la brume,
Un homme sur un pont.

Il éternue, il a un rhume,
Un homme sur un pont.

Arrêté sur le trottoir,
Un homme sur un pont.

On peine à le voir,
Un homme sur un pont.

Il a soudain disparu,
Cet homme sur son pont.

Tout comme il est apparu,
L'homme sur le pont.

Mirage brumeux,
Cet homme sur un pont ?

Ou preste monsieur ?
Mais au fond...


Qui pouvait-il être ?
Cet homme sur ce pont ?

jeudi 12 janvier 2017

Le Mange-Pierres...


Dans les immensités ténébreuses,
Loin sous la surface de notre monde, 
Résonne la voix, sourde, caverneuse,
Sombre, furibonde, lasse, profonde

Du premier des vieux Mange-Pierres,
Créateur des mers, de l'air, de la lumière,
Arbre du Temps et Arbre de la Mort
Arbre du Dedans, Arbre du Dehors.

Celui-ci m'annonça, une sombre nuit,
Pendant un songe, au fond d'un puits,
Que, grâce à lui, l'Hiver venait
Qu'enfin, le monde renaîtrait

Que Njörd enfin nous dominerait
Qu'enfin, le Froid Blanc recouvrirait
Nos cités, nos enclaves, nos espoirs
Nos beautés, notre vie d'un voile noir :

Celui de nos propres envies cupides,
Celui qui, chaque jour nous rendit avides.
Celui-là qui nous rendra tous livides
Enveloppés dans un linceul, impavides.

Mais, disait-il, il n'était pas trop tard
Pour que souffle le vent de l'Histoire
Et que notre monde prenne le départ
Pour cet avenir que nous voulons voir !






Pourtant, déjà, loin du Mange-Pierres,
A la surface d'un monde sans lumière,
Brûle le feu de tous les espoirs,
Qu'attise le vent de l'Histoire...

dimanche 8 janvier 2017

Invocation tardive...


Je suis la lame qui tranche les ténèbres,
Je suis la flamme qui chasse l'Hiver,
La pierre de feu, le premier cristal.

Je suis le guérisseur, la première ligne,
J'ouvre la voie au Printemps,
Je brûle les promesses d'un été à venir
Je ronge l'Ombre, mange la Mort,

Mais jamais je n'obéis au Froid Blanc.

Apparais devant moi, avatar du Feu, du Sang, du Bruit et de la Magie !





Que veux-tu qu'il arrive ? Ce rituel est ridicule... J'en viens encore à me demander pourquoi j'ai accepté de le faire.
Encore heureux qu'il n'y ait personne dans les rues cette nuit. Si la police passait, je finirais probablement la soirée au CPO...








Bon. De toute façon, je savais que ce n'était qu'une connerie d'adolescent frustré, cette invocation.
De la sorcellerie, de la magie, et puis quoi encore ? Bon, il n'y a plus qu'à...


Salut Gilles !

Aaaaaah ! Vous... vouvous ? Vous êtes qui ?

Ah. Pas de doute, Commode t'a bien retourné le cerveau avec ses sortilèges. Bon, ne bouge surtout pas et regarde-moi bien. Tu vois cette main ?

Oui, quoi...Que ? Aaoutch ! Mais ça ne va pas ?

Comment te sens-tu ?

Bizarrement. J'ai un de ces maux de crâne... Tu... Comment tu m'as retrouvé ? J'ignorais qu'on pouvait t'invoquer ?

Ne sois pas ridicule Gilles, ce n'est qu'une flamme dans la nuit. Juste ce qu'il faut pour te repérer à cent mètres à la ronde. Enfin, pour un lutin comme moi, bien sûr.

Un...un lutin ?

Misère ! Commode t'a bien amoché. Bon, allez. Rentre chez toi, je me charge de ranger ce bazar. Tu retrouveras tes souvenirs le moment venu.
Fais bien attention à toi, mon ami...


J'ai...Comme l'impression d'avoir oublié quelque chose. Quelque chose de très important...

Oui Gilles. Tu avais oublié ceci : l'Hiver est venu. Il est déjà sur nous. Et moi, j'ai besoin de ton aide pour les sortilèges de protection de la région d'
Écouves. Mais on verra ça demain. Pour l'heure, va dormir. Tu m'as l'air plus gris qu'un troll.

Commode... Commode. Il m'a joué un sale tour. Je ne suis plus bon à rien cette nuit. Bonne nuit Ô Lutin de la forêt d'Écouves.



Bonne nuit, Tonton Gilles... Et à très bientôt.

mercredi 4 janvier 2017

Contemplations photographiques...


Un soleil froid se couchait sur la plaine d'Alençon, passant derrière un arbre solitaire avant de rejoindre le monde d'en-dessous...
Un vent froid, un vent d'Est, s'était levé le matin même, chassant toute humidité du ciel normand, purifiant son azur en journée, ses nuances de roux et de marine le soir venu.
Au loin, l'oreille attentive pouvait encore percevoir la rumeur de l'autoroute.
Ma chaussure faisait craquer des brindilles à chaque micro-mouvement dans un bruit sinistre.
Quelque part dans le ciel, des buses paradaient, seigneurs rapaces contre pécores passereaux.
Les ombres s'avançaient. Les couleurs changeaient.
Même l'arbre n'était guère plus qu'une ombre chinoise étrangère à elle-même, réseau de dendrites neuronales  portées par un axone enfoui dans l'humus.
Les hameaux alentour n'étaient qu'une vague présence, celle de la route bitumée dans notre dos.
Entre l'arbre et nous, des rangées de jeunes pousses perçaient timidement la terre, attendant des jours meilleurs...
La haie bordant le champ résonnait timidement du chant de quelques rouge-gorges.



Au-delà, quelque part, la vie suivait son cours.
Loin des contemplations de deux photographes...

dimanche 1 janvier 2017