dimanche 28 août 2016

Exhortation aux Esprits...



Sylvestres, trolls et lutins,
Chênes, peupliers, sylvains.
Amis des bois et des forêts,
Revenez, vite ! Revenez !

Écouves se meurt peu à peu.
Voyez-vous dépérir ce lieu ?
Sans Esprits, que se passera-t-il ?
Ce n'est aujourd'hui qu'une île.

Une île perdue en pleine mer.
Une mer menaçant les cerfs.
Des cerfs sans leurs Esprits.
Vous, Esprits, que faites-vous ?

Quant à toi, Esprit de la forêt !
Ne te laisse plus jamais dévorer !
Etends ta ramure, tes racines !

Ou bien...

Que la forêt tombe en ruines !
Que le merveilleux se meure !
Que vienne l'Homme vengeur !

Si les Immobiles ne combattent plus,
Si les Esprits n'y vivent déjà plus,
Alors rangez-vous deux par deux !

Et puissent les Hommes peu à peu
Tuer le merveilleux...


mercredi 24 août 2016

L'assaut du Valhod...


Certaines nuits sont calmes comme un étang... D'autres sont plus agitées qu'une guerre.
Une nuit comme il en existe tant d'autres à Alençon, je pris la peine de sortir avec mon appareil photo et mon trépied en quête de jeux de lumière... Et peut-être aussi de secrets mystiques tapis dans l'ombre.
C'est rue Alexandre Ier, roi de Yougoslavie que je m'arrêtai, pensif, face à une de ces nombreuses nuits orange que seules les villes peuvent nous offrir.
Maugréant contre la pollution lumineuse, je mis malgré tout mon appareil en position pour saisir le peu d'étoiles dans le ciel d'Alençon, fis les réglages d'usage et appuyai sur le déclencheur.

Huit secondes plus tard, je vis naître sur mon écran une scène de bataille. Non. Une guerre. Une guerre entre divinités. Une guerre entre les dieux du Nord et les dieux du Sud. Une guerre qui me fit pressentir la fin d'une trop courte captivité.
Maintenant que mes yeux avaient perçu le chaos magique dans l'air, je voyais même distinctement des cyclones pâles ravager les cieux, des étincelles surgissant de nulle part, comme des chaînes que l'on découperait à la scie circulaire. Et je vis ce que peu de mortels virent jamais : je vis les auréoles divines se rompre en morceaux, en étoiles dorées ou bleu éclatées. Tonnerre d'averses d'or et d'argent.

Au loin, le ricanement du vent se fit soudain connaître, plus mordant, plus saisissant, plus dur que jamais.

L'évasion de Njörd avait réussi...

samedi 20 août 2016

Conversations amicales un jour d'été...


Ah ! Que j'aime Alençon en été, mon cher ami lutin. Il n'y a guère qu'ici qu'on peut voir de tels décors à la fois urbains et champêtres. Et pour l'instant, notre cher Njörd est embastillé, enchaîné, réduit à l'impuissance ! Il était temps, je commençais à désespérer du climat normand. Mais dis-moi, que fais-tu ici ? Je te croyais trop heureux dans ta forêt ?
Tu sais, Gilles, il y a beaucoup à faire avec l'été qui bat son plein. Tiens, par exemple, il faut semer les champignons pour l'automne prochain, abreuver les jeunes pousses qui ne se sont pas fait écraser ou manger par un chevreuil, réenchanter les ruisseaux qui parcourent Écouves pour attirer les Surnaturels nouveaux-venus, surveiller la population de ragondins afin qu'ils ne se multiplient pas trop, aider nos femmes à accoucher de nos enfants... Non, honnêtement, si je ne m'offrais pas de vacances de temps en temps par chez vous, je dépérirais de ne plus faire de blagues aux humains...
Allons bon, et quel genre de blagues fais-tu ?
Oh, cela dépend de mon humeur du jour. Tiens, hier j'ai dégonflé les pneus de la voiture d'un DRH un peu trop enthousiaste à l'idée de partir en vacances. Et il y a deux jours j'ai caché un chaton dans un placard rempli de victuailles. Oh, et si tu cherches tes chaussettes préférées, eh bien... J'espère que tu aimes les cataplasmes à la moutarde...
Mais ? Mais tu oses ? Décidément, je ne m'habituerai jamais à ton humour lutinesque... J'aurais pensé que la résolution actuelle du conflit avec Njörd t'aurait incliné à plus de camaraderie avec moi.
Ne t'y trompe pas, Gilles, je suis empli de camaraderie à ton égard. Mais c'est comme ça qu'on affirme notre amitié, entre lutins. On se fait des farces. Plus ou moins drôles, certes. Du moment qu'il n'y a pas de dégâts pérennes, c'est que tout va bien entre nous. Et puis nous ne sommes pas les seuls à nous amuser chez vous. Il y a aussi quelques trolls, sans oublier la fée des dents. Celle-là, elle fait exprès de laisser traîner des miettes de pain sur les moquettes de ceux qui ne lui ont pas offert de dents de lait depuis trop longtemps. Bon, d'habitude les gens se contentent de passer l'aspirateur, certes. Jusqu'au jour où elle perce le sac à poussières... Bref, rien de méchant à l'horizon, Gilles.
Néanmoins tu devrais un peu plus te méfier. Tu as entendu les rumeurs qui circulent à ton égard à Radon ? Tu ferais mieux de changer de terrier, pour les jours de pleine Lune. S'ils te trouvent un jour, ils te feront passer un mauvais quart d'heure. Et Commode n'est toujours pas revenu au Grand Nord, à ce qu'il paraît.

C'est vrai... Mais je ne me laisserai pas gâcher un bel été pour de telles broutilles.
Prends garde quand même, Gilles. L'été ne durera pas. Tu sais ce qu'on dit...

Oui. L'hiver vient.

mardi 16 août 2016

Ombres et lumières alençonnaises...



Peut-être ne m'avez-vous pas cru quand je vous ai dit, jadis, qu'Alençon était une ville de vert et d'eau ? En voici la preuve en image et en reflets aquatiques.
Certes, le vert ici n'est que suggéré par les bords de l'image, mais incontestablement vous ne pourrez plus le nier : Alençon est une ville d'eau. Arpenter les bords de Sarthe un jour d'été vous en convaincrait assurément. C'est ce que je faisais au moment de prendre cette photo. Oh, bien sûr, il y a les "trucs" des photographes pour magnifier le quotidien, pour faire resplendir un regard qui, au départ, n'est que très banal.
Mais comme beaucoup de bons photographes vous le diraient, il n'y a que deux types de personnes qui peuvent s'ébahir devant ce qu'elles voient aux détours des rues d'une ville :
D'abord, le touriste, celui qui n'arpente ces rues qu'une fois l'an au mieux. Celui-ci sera d'autant plus émerveillé que l'endroit qu'il visite ressemble peu à sa ville de résidence.
Et puis, il y a le vieux briscard. Celui qui arpente la ville depuis des dizaines d'années. Celui qui, à force de laisser traîner son regard sur des bâtiments qu'il connait depuis sa tendre jeunesse, finit par tellement les connaître qu'il redécouvre incessamment la façon de les voir, avec presque un œil neuf et pourtant sa connaissance aiguë du terrain, des ruelles obscures et des portes dérobées cachées un peu partout.

Celui qui habite la ville depuis quelques années comme celui qui n'a jamais exercé son œil dans sa propre ville ne verra assurément pas son habitat avec cet émerveillement. Voyant sa ville comme un simple décor devant lequel il passe et repasse sans y prêter attention, il ne verra ni les merveilles nichées dans les murs, ni les reflets sur l'eau, ni les jeux d'ombre et de lumière pourtant sous son nez.

C'est pourquoi il est plus qu'urgent, de nos jours, que chacun prenne le temps d'observer Alençon avec un regard neuf.
Que l'on soit simple visiteur occasionnel de la Cité des Ducs ou qu'on fasse partie du décor citadin à force de l'avoir fréquentée, Alençon est une ville au potentiel de beauté presque illimité !



... A condition d'ouvrir les yeux.

vendredi 12 août 2016

lundi 8 août 2016

Rêvez !


Deux heures qu'il me narguait, ce vulcain ! Deux heures, et pas une de moins, à photographier sans relâche le moindre de ses battements d'ailes. Deux heures sous un cagnard aussi dur qu'inattendu après ces mois de frais et d'humidité constants.

...Mais peut-être attendez-vous avec impatience un de ces billets emprunts de douce folie, de légèreté et de fantaisie ?
Peut-être vous attendez-vous à quelque délire littéraire autour des capacités étonnantes de ces insectes ? Peut-être sont-ils des passeurs d'âmes ou quelques collaborateurs discrets des puissances secrètes de ce monde ? Peut-être sont-ils en lien avec Njörd ou Farceur et Nettoyeur ?
Peut-être, en effet. Et peut-être sont-ils simplement des insectes tout ce qu'il y a de plus banal et inoffensif. Peut-être sont-ils de bêtes et néanmoins magnifiques butineurs surgissant lors des beaux jours ?
Oui, peut-être le sont-ils aussi. Et peut-être sont-ils à la fois mystiques et triviaux.
Nous pensons trop souvent en oppositions binaires. Le bien et le mal, le rationnel et l'irrationnel, la vie et la mort, l'animal et l'humain, l'intelligent et le bête, le beau et le laid.

Pourtant, chacune de ces oppositions est sidéralement inepte. Il suffit de voir les choses avec le bon œil pour examiner chaque facette d'une réalité à la fois complexe, effrayante, simple et séduisante.
Quiconque verrait un papillon au microscope électronique le trouverait affreux. Nous le trouvons pourtant presque tous beau.
Quiconque a déjà examiné un corps fraîchement mort n'a pu que constater le continuum que sont la vie et la mort.
Quiconque a déjà observé des fourmis a pu admirer leur intelligence et quiconque s'est posé seul sur un banc de longues heures durant a pu déplorer notre bêtise.
Quant au bien et au mal, je vous laisse seuls juges...

Que déduire de ces réflexions papillonnantes ?



Qu'en définitive, l'imagination n'est rien et tout à la fois. Comme un passe-partout correspondant à des milliers de portes, elle est une voie royale vers le monde de tous les possibles...
Voyez ces portes entr'ouvertes au sujet des histoires possibles à partir d'un simple papillon. Approchez, entrez et, cette fois-ci, rêvez par vous-même : développez votre propre réflexion autour de ce papillon, qu'elle soit plus fertile que les boues du Nil ou plus rationnelle qu'un bilan comptable.
Sans contemplation, l'imagination n'est rien, et mes textes, vidés de leur substance.




Aussi, je vous en prie : rêvez !

jeudi 4 août 2016

Qu'est-ce qu'être un homme ?


Qu'est-ce qu'être un homme ?
Est-ce être une personne sérieuse et droite ? Est-ce être capable de distinguer un bon cru d'une piquette ? Est-ce qu'un homme se distingue d'une femme par son esprit cartésien et rigoureux ?
Est-ce qu'un homme est par définition travailleur et courageux ?
Un homme peut-il être simplement autre chose qu'une personne responsable, une personne emplie d'une autorité naturelle, un exemple pour les autres ?

Ou bien...

Un homme peut-il être fantaisiste ? Porter des chaussures bariolées, des chemises d'un rose pétant ? Un homme peut-il avoir le sens de la psychologie humaine et s'en servir pour aider autrui ? Un homme peut-il être quelqu'un de sensible, de fragile même ?
Un homme peut-il être homme et ne pas travailler malgré son jeune âge ? Un homme peut-il s'effacer devant une femme plus talentueuse que lui sans pour autant se sentir humilié ?
Un homme peut-il être sentimental ? Un homme peut-il ne rien y connaître en vins mais savoir instinctivement la position de chaque ustensile dans sa propre cuisine ?
Un homme peut-il jouer à la poupée avec son jeune fils ?
Un homme peut-il se permettre de pleurer ?

Être homme, comment cela se définit-il, sinon par son sentiment intime, personnel, propre, unique d'être homme ?

Être homme, être femme, être sans genre particulier ou un mélange de ces derniers... N'est-ce pas au final être simplement soi ?


Au final, qu'est-ce qu'être un homme ?

lundi 1 août 2016

Évasions de lutins...


R'gardez ça, monsieur l'agent ! C'est le douzième lutin qui s'échap' d'la clôture cette semaine. J'ai pourtant tout fait comme vous m'avez dit : l'eau bénite sur les clapiers à lutins, r'fait l'grillage deux fois c'te semaine. Ça me r'vint cher c't'histoire !
Tout ça, c'est la faute à c'te bestiau qui a chourré mes deux boucs l'hiver dernier. D'puis ce jour, bon dieu, j'ai qu'des problèmes avec mes lutins !
C'est entendu, monsieur Bireau. Nous allons faire notre possible pour vous aider, mais avant tout... Vous pourriez me décrire cette bête qui a subtilisé vos boucs ?
Ben oui m'ssire ! C'était une grosse ombre, a'c des poils comme ça !
Vous voulez dire : un ours géant, peut-être ?
Oui ! Voilà, une sorte d'ours géant. Mais il était pô normal. Ses yeux... Jaunes comme de l'or. Pis furieux. Mais c'est pas le pis !
Qu'est-ce donc, monsieur Bireau ?
Le pis, comme on dit, c'est qu'il étions pas du tout normal, c't'ours. J'y ai déchargé cinq cartouches de chevrotine mais j'ai pas percé sa piau. Les plombs, j'les ai ramassés le lendemain. J'ai même perdu six poules qui en ont gobé comme des demeurées... Dites, vous pourrez vraiment retrouver mes lutins ? C'est qu'j'ai besoin d'eux pour faire tourner mon exploitation...
Nous verrons, monsieur Bireau. De toute évidence, vous ne respectez qu'à moitié la circulaire du Saint Siège au sujet de l'élevage de lutins. En plein air, enfin... C'est une erreur de débutant qui pourrait vous coûter votre accréditation auprès du Pape. Mes confrères et moi-même n'apprécions guère la maltraitance envers les lutins de ferme. C'est mauvais pour l'image de mes supérieurs auprès de ce petit peuple.
Vous z'êtes pas grand non plus, m'sire. Sans vous offenser hein. Et vous travaillez pour not' Saint Père. Rejetez pas la faute sur moué non plus... J'y suis pour rien si vos bénédictions sont d'la cam'lote avec les lutins.
Notre soutien à votre exploitation est de qualité. Simplement, il se peut qu'une part non-négligeable de votre problème vous échappe. Soyez gentil, à l'avenir, appelez-nous pour des problèmes plus graves que vos lutins. Mes affaires sont plus importantes que votre élevage... Et si vous aviez la gentillesse de renforcer vous-même votre grillage, peut-être que l'ours poilu viendrait moins souvent. Par ailleurs, cela m'aiderait dans sa traque si vous arrêtiez d'en parler à tout Radon à longueur de journée.

Mais... M'sire Farceur... J'suis pô l'seul à l'avoir vu dans l'coin. Si la moitié du village en parl', c'est p'têt pasqu'il habit' les environs. Doit avoir une tanière... P'têt dans l'chemin des chèvres... On y trouv' parfois d'drôles de poils. Épais. Pis noirs comme la mort...