jeudi 28 avril 2016

Embruns...



Le ruissellement de mes songes

Dans l'océan de mes réflexions

Vient d'une brume  où plongent

Mes angoisses et mes passions...



Chaque gouttelette de folie mêlée

Au broe de ces lourdes incertitudes

Est encore une autre rêverie fêlée

Sublimant une autre vicissitude...

mercredi 20 avril 2016

samedi 16 avril 2016

Opération : chevalet de tanneur...

Ainsi donc, Père Baptiste, la Bête vous a échappé ?
En effet, mon cher Clément. À la nuit tombée, la Bête est vite apparue; elle a tenté de sortir d'Écouves par Radon mais a été bloquée par nos vaillants nemrods alors qu'elle tentait de s'enfuir. Mais... Je n'avais pas prévu qu'il puisse s'agir d'un Changeur de Peau. Un simple loup-garou est déjà un défi de taille pour un exorciste confirmé, mais un être aussi insaisissable qu'un Change-Peau...
Excusez-moi, Baptiste : qu'entendez-vous par "Change-Peau" ? Quelle différence y a-t-il avec un lycanthrope ?
Il en existe peu, mais elles sont de taille. D'abord le lycanthrope ne se change qu'en loup à la pleine Lune alors que le Change-Peau prend une variété d'apparences presque infinie. Si un jour vous repérez le Change-Peau sous une forme d'ours, le mois prochain peut-être aura-t-il pris la forme d'un cerf ou d'un hibou. Son apparence change en fonction des pensées secrètes de l'être humain enfoui en lui. Dans certains cas, il arrive à changer d'apparence en fonction des circonstances immédiates... Quand le danger le réclame, par exemple. C'est ce qui s'est passé ici.
En quoi s'est-il transformé ?
En corneille.
Et nos chasseurs n'ont donc pas réussi à l'atteindre ?
Non, le froid de la nuit avait engourdi leurs membres et lorsque le premier coup aurait pu partir, cet oiseau de mauvais augure était déjà haut dans le ciel.
Mais... Et l'eau bénite ? Nos bénédictions ? Nos prières ? Ne sont-elles pas censées empêcher ce genre de créature malfaisante de s'échapper ?
Les Change-Peau ne sont pas des êtres des ténèbres, Père Clément, mais des êtres issus des anciens pouvoirs impies et païens des temps où l’Évangile n'avait pas été révélée. Ils subissent leur propre enchantement et ne craignent pas le pouvoir de Dieu, étant imprégnés des pouvoirs des anciens dieux païens. Même notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même ne pourrait dominer aussi facilement ces créatures païennes que les créatures du Démon.
Si je ne vous connaissais pas, je vous prendrais pour un drôle de chrétien, Père Baptiste... Notre Très Aimé Seigneur n'est-Il pas le seul et unique Dieu ?




...Nous autres exorcistes sommes contraints à une vision différente des Saintes Écritures, une vision qui s'oriente parfois en porte-à-faux face au catéchisme de l’Église, je le crains.
Non, Clément, Dieu n'est pas le seul et unique Dieu, ou s'Il l'est, Il n'est en tout cas pas enclin à diriger les créatures naturelles et surnaturelles seul. Il y a d'autres puissances à l’œuvre en ce monde, servant le Bien ou le Mal, certaines sont plus fortes que le Fils... Il en existe certainement qu'Il n'oserait pas affronter... Le monde des esprits est dangereux, Père Clément, et plus présent qu'il ne paraît. Ici même, en ce moment, il est possible de ressentir la présence d'Esprits sauvages dans votre église.
Et le Change-peau ? Ne pouvez-vous rien contre lui ? Ces créatures surnaturelles sont-elles si indomptables ?
Dieu n'est certes pas Tout-Puissant contre de telles forces, mais tout n'est pas perdu. Monseigneur l'Évêque m'a informé que le Saint Siège avait finalement donné carte blanche à des professionnels de sa propre Garde... Puisse Dieu les bénir à tout jamais.
Qui sont-ils ?



Je connais simplement leurs noms de code : Farceur et Nettoyeur.

mardi 12 avril 2016

Le passé de l'avenir est l'avenir de notre présent...


S'il est vrai que le futur est toujours en mouvement mais que le passé est immuable, il en découle naturellement que le passé se cristallise au fur et à mesure que le futur passe la frontière du présent pour devenir un passé figé dans son cours.

Aussi, alors que je trafiquais cette photo pour lui donner un aspect vieilli, je me demandais ce que serait le passé aux yeux de nos descendants. Quels seront les jugements de nos neveux, nièces, enfants, petits-enfants et descendants sur notre époque ?

Seront-ils fiers de la réactivité de notre époque, des combats héroïques que nous aurons menés contre des ennemis de la liberté, contre des tyrans et autres dictateurs ?
Verront-ils l'actuel état d'urgence comme un mal nécessaire et salvateur ?
Les inventions qui commencent à poindre seront-elles pour eux une routine bienheureuse ou bien un fléau dont ils se seront débarrassés ?
L'intelligence artificielle aura-t-elle fait un bond de plus en avant, comme avec AphaGo et sa décennie d'avance sur les pronostics ? Surtout, s'en serviront-ils dans leur vie de tous les jours ?
Auront-ils une vie libérée des vieilles contingences matérielles d'aujourd'hui, comme  le travail ou la conduite automobile humaine ?
Ou bien dans un siècle, serons-nous en pleine science-fiction, après un Jihad Butlérien ("Tu ne feras point de machine à l'esprit de l'Homme semblable.") qui aura vu le monde des ordinateurs s'effondrer et celui des mentats apparaître ?
Nos enfants vivront-ils dans une grande ville tentaculaire ou bien Alençon aura-t-elle connu un regain
d'attractivité ?
Aurons-nous vaincu le chômage par le plein-emploi ou par le salaire à vie pour tous ?

En clair, comment nos fils et nos filles nous jugeront-ils ?

L'époque actuelle est une des grandes charnières de notre Histoire récente, mais sommes-nous en train d'accomplir ce qui doit humainement être fait... Ou nous fourvoyons-nous totalement ?
Les jours que nous vivons sont extraordinaires à plus d'un titre et réclament des avancées extraordinaires... Mais sommes-nous à la hauteur des enjeux ?

vendredi 8 avril 2016

Messagers impromptus...


Il est de ces chemins de traverse à Alençon qui sont empreints de mystères; ceux-là même où il se peut que le promeneur égaré croise un des Surnaturels du cru.
Il se trouve qu'il y a une semaine de cela, j'errais dans une de ces ruelles secrètes quand au loin, dans une cour privée, mon regard fut attiré par une illumination de Noël : un de ces arbres faits de lampes LED qui éclairaient la ville il y a de cela plus de quatre mois.
Des voix s'échappaient de cette cour et leurs tonalités m'inquiétèrent, me rappelant celles d'ennemis éternels.
En catimini je m'approchai, me cachant derrière une conteneur à ordures. Les voix s'élevant semblaient parler dans une parodie de langage elfique, confirmant mes soupçons. Je n'eus pas le temps de comprendre ce qui se tramait ici, quand ce qui semblait être leur chef se retourna et s'adressa à moi :
- Monsieur Gilles, ne soyez pas si timide. Venez vous joindre à nous, au lieu d'écouter aux portes...
Je m'avançai alors et fis face à ce qui ressemblait à un lutin, un de ces lutins maléfiques aux ordres d'un dieu encore plus maléfique. L'air fourbe, emmitouflé dans un manteau blanc, le capuchon rabattu sur son visage, il contemplait les lueurs de cet arbre de Noël, alors que deux lutins patibulaires aux mines réjouies me collaient de près, reluquant ma sacoche.
- Ah ! Monsieur Gilles, je n'attendais plus votre venue ! Une nuit de plus et j'envoyais mes amis ici-présents Farceur et Nettoyeur vous porter mon message. Finalement, votre légendaire curiosité l'a emportée sur mon intérêt personnel. Vous n'aurez pas toujours cette chance. Mais je manque à tous mes devoirs. Je me présente : je suis Commode, le chef des Lutins du Grand Nord. Peut-être vous souvenez-vous de notre dernière rencontre ? Je dois avouer que vos contrées sont plaisantes, bien qu'un poil trop chaudes à mon goût, et mes cousins de Normandie grâce à qui je suis là, trop affables compte-tenu de vos agissements récents.
- Que me vaut la visite du valet personnel de Njörd, si loin de la Laponie, je vous prie, Commode ? Je vous croyais trop heureux chez vous, à réduire le peuple Sami en esclavage...
- Un peu de correction, je vous prie, mon cher Gilles !  Je ne suis pas un simple valet. Quant à mon maître, je vous saurai gré de l'appeler par son nom courant. Il vous serait très dommageable de vous mettre à dos le Grand Maître du Froid, le Vénéré Claus.
- Venez-en au fait, Commode ! J'ai d'autres préoccupations que vos petites manies protocolaires. Et vous savez bien ce que je pense de Njörd.
- ...
- Eh bien ?
- Soit. Voyez-vous, le Vénéré Grand Maître du Froid est très mécontent de vos allégeances récentes, Gilles. Ces conciliabules secrets à la Lande de Goult, ces boucs qui se libèrent mystérieusement de leurs entraves à Radon, vos visites impromptues au cimetière... Tout cela signe la présence parmi nous d'un dieu de l'ancien panthéon nordique, celui de vos ancêtres vikings.
Le Vénéré Claus serait prêt à vous pardonner contre une toute petite information de rien du tout. Rien qui ne vous engage beaucoup, en fait. Nous aimerions simplement connaître le nom de celui qui vous a manipulé depuis le mois d'octobre dernier dans le but de faire échec à notre maître.

- Son pardon ? Est-ce là tout ce que j'ai à y gagner ?
- Le Vénéré Claus sait bien que non. Il vous promet cependant de vous aider en retour. Vous voyez cet anneau ? Il vous protégerait à jamais de l'Hiver qui vient et de la Nuit Éternelle, lorsque le temps sera venu. Songez-y : donnez un simple nom, et la protection de mon maître vous sera accordée à tout jamais...


- Ne vous fichez pas de moi, Commode. Je connais bien vos magouilles de Lutin du Grand Nord. Cet anneau ici est une pâle copie d'anneau élémentaire, comme il en circule par centaines sous le manteau depuis plusieurs mois dans ce quartier d'Alençon et en Écouves. J'imagine que vous êtes d'ailleurs vous-même responsable de ce marché soudain parmi les Surnaturels. Escroc, menteur et hypocrite, je vous reconnais bien.  Non seulement cet anneau ne me protégerait de rien du tout, mais qui plus est, vous et votre maître m'assassineriez à la première occasion si vous le pouviez. Vous perdez votre temps, Commode.
À peine eu-je fini mes mots qu'un grondement animal se fit entendre et, tandis qu'au ciel, la constellation de la Grande Ourse s'illuminait comme cent soleils, une voix se leva au-dessus de nous :
- L'équilibre du monde est ainsi fait qu'à vous et à Njörd sont destinés le Grand Nord et l'Hiver, Commode. Mais nous ne sommes ni au Grand Nord ni en Hiver. En Normandie, tous les Dieux et tous les Surnaturels ont leur place à égalité et cette égalité, même Njörd ne pourrait la briser, fût-ce au cœur d'un Hiver exceptionnel.
Les manigances de votre dieu du Froid sont vouées à l'échec. Qu'il se contente de son Hiver plutôt que de chercher la domination sur les autres. Les dieux du Nord et les dieux du Sud se sont rassemblés et un accord a été trouvé : Dès demain, Njörd séjournera dans les geôles du Valhod et y résidera jusqu'à ce que la dernière feuille de l'automne soit tombée à terre. Ainsi ai-je parlé, moi Artémis !



Poussant un juron, Commode leva le poing en l'air alors que la nuit se réinstallait progressivement...
- Nous n'avons pas dit notre dernier mot, Gilles ! Tenez-le-vous pour dit ! Farceur ! Nettoyeur ! On s'en va... pour l'instant. Visiblement on ne peut plus discuter tranquillement sans se faire interrompre par je ne sais quelle divinité de malheur !
- Puissiez-vous ne jamais revenir en ces lieux, Commode !
- Ce n'est pas à vous de décider où je dois ou non aller ! Nous sommes appelés à nous revoir, parole de Lutin du Grand Nord !


 Il y eut alors un grand craquement, et par-delà l'espace et le temps, Commode et ses deux acolytes se volatilisèrent au Grand Nord, loin de tout, sauf de la main de leur despote. Me retournant vers la chaleur de mon appartement, je me marmonnais à moi-même :
- Oh, je puis te faire confiance pour cela, Commode... Cette fois, je serai prêt.

lundi 4 avril 2016

L'orbe d'Alençon...


Savez-vous ce qu'est ce drôle de globe terrestre de pierre ?
Non, ce n'est pas qu'une simple sculpture décorative. Sise sur un petit pilier devant les entrées du Musée de la Dentelle et de la médiathèque d'Alençon, dans la cour du Conservatoire de musique, cette étrange sphère terrestre est en fait un cadran solaire.
Hélas, mille fois hélas, ce cadran très particulier est en piteux état, alors même que nombreux sont les Alençonnais de passage (ainsi que les quelques touristes qui échouent au Musée de la Dentelle) à s'arrêter, fascinés par cette orbe massive cerclée de métal.
Il fut un temps, sans aucun doute, où le cadran solaire de la médiathèque était neuf, resplendissant aux yeux des visiteurs.
Il m'est impossible de le dater précisément; néanmoins on trouve des traces historiques de ce globe dès 1895, sous la plume du Comte de Moucheron (sic), lequel ajoute avoir eu vent de tels cadrans solaires à la période du XVIe siècle dans des gravures, ce qui témoignerait de sa grande ancienneté, bien que le Comte ne semble point en mesure de dater précisément l'objet.
En plus clair : nous ne savons pas précisément depuis combien de temps ce globe trône ici mais il est plus que probable qu'il ait vu la Grande Révolution de 1789, et certainement davantage encore...
Certaines choses sont évidentes à propos de son histoire, et pour commencer : le pilier sur lequel il repose n'est pas d'époque. Le Comte lui-même le fait remarquer à juste titre : colonne et globe ne sont point faits du même métal... ou plutôt de la même pierre. La colonne est de création nettement plus récente, et a une apparence nettement moins raffinée.
Ensuite, le globe de pierre du Musée de la Dentelle (ou de la médiathèque, ou de l'école de musique... au fond peu importe son appellation) a subi de nombreuses avanies au fil des ans : il semble que les différentes mairies d'Alençon n'aient guère eu d'intérêt pour ce discret monument. Il fait pourtant partie de ces cadrans solaires classés au titre des monuments historiques de France, et en effet la singularité de sa forme et de son usage en fait un exemplaire rare : à la fois globe terrestre géographique, cadran lunaire et cadran solaire, il est parcouru de séries de lignes et d'inscriptions que j'aurais volontiers fait passer pour des signes cabalistiques mystérieux et mystiques en d'autres occasions, dont la présence sert incontestablement de repères pour la lecture de l'heure sur le cadran, mais permet également la localisation de mers et d'îles lointaines et étranges.

Notons toutefois qu'au cours des dernières années, un minimum d'entretien a été obtenu sur le cadran, alors envahi par la mousse depuis trop longtemps.
Je me félicite personnellement du petit coup de neuf qui a été réalisé sur ce qui est, dans mon esprit, le point de repère par excellence de l'ancien Collège des Jésuites... Mais peut-être une restauration plus poussée serait-elle possible ?
J'ai découvert, au cours de mes modestes recherches à son sujet, des associations consacrées entièrement aux cadrans solaires, des amateurs éclairés ayant fait de leur espace personnel un site de référencement des plus remarquables cadrans.
Incontestablement, et même s'il s'agit d'un petit monde, les passionnés de cadrans solaires français connaissent bien le cadran de la cour de l'école de musique d'Alençon.
Par ailleurs, il suffit de se rendre sur place pour constater tout l'intérêt que cette orbe suscite aux yeux de tous : pas un jour ne passe sans qu'elle ne soit manipulée.

Ce fameux globe d'Alençon ne mériterait-t-il pas notre attention particulière ?
Après tout, n'est-il pas un des monuments de la ville ?

vendredi 1 avril 2016

La Dissipation...


Au faubourg du coin, l'on pourrait avoir fait grand cas d'un caduc dispositif à avulsion conçu jadis pour garantir la satisfaction d'importants habitants... Ou pas.

"Un abracadabrant outil apparaît au grand jour, à l'instant où il surgit !" Ainsi sont nos affirmations à nous, gourous locaux, à son attribut. Obscurs bobards, oui... Sinon plus.
Moi, pourtant, j'aimais son apparat amoindri, avachi...Mais pas banal !
Pourtant, un complot s'ourdissait ici... Mais quoi ?
Il manquait un truc à tout ça. Un composant ? Non. Un sort soustrait à mon don divin ? Non plus.

Il s'agissait d'un oubli. Mais quoi donc ?

Finissant mon tour tout à mon imagination, vint l'inspiration ! Soudain, j'y vis un signal parfait !

Il manquait à mon laïus un crobard, si l'on puis affaiblir l'obscur but du sibyllin avis sis sur vos robots digitaux...

Abordons tous la conviction qu'il y a un fait absolu : où avons-nous mis l'attribut du rang cinq du vrai A-B-C latin ?



[NdTontonGilles : Vous aurez bien sûr reconnu l'exercice de style bien connu auquel Georges Perec s'est essayé le premier dans son livre "La Disparition". Merci à lui avant tout.]