dimanche 20 mai 2018

Mille et mille pas, cent raisons, une fierté...




Ne reste du printemps
Qu'une fine pluie de pétales...
Parfum arc-en-ciel.



(En souvenir de la première marche des fiertés d'Alençon, le 19 mai 2018, et de ma fierté toute personnelle d'avoir, l'espace d'une journée, agi pour défendre les droits des LGBT+ autrement que depuis mon salon, fût-ce dérisoire en regard des actions des principaux concernés.)

vendredi 16 février 2018

Qui a peur du Grand Méchant Monde ?


La peur...

C'est un drôle de sentiment, mélange d'instinct de survie et de préjugés autour d'un sujet précis, à la fois réaction physiologique et réaction au sens le plus politique du terme.
Ce mot décrit diverses réalités, diamétralement opposées... Mais c'est à sa réalité politique à laquelle je pense, en ce 30 décembre 2017.

Sorti tardivement dans le but de faire quelques photos, me voilà usant mes chaussures sur les pavés du centre-ville. Après quelques peu convaincantes prises de vue, je m'apprête à prendre le chemin du retour, direction le quartier de Courteille, via la rue Cazaut.
Longeant le Petit Nègre, je m'arrête, pour la forme, devant le passage de la Levrette.

Cette ruelle est singulière à plusieurs titres : Son nom est original, prêtant (sûrement à tort) à la grivoiserie et n'est pourtant marqué à aucun endroit, sa discrétion est évidente car coincée entre un tabac-presse et un bar, usant volontiers de l'espace libre entre leurs boutiques pour avancer panneaux, chaises et tables, mais surtout : cette ruelle a une ambiance bien à elle.

Depuis cette dernière, l'on se croirait tantôt revenu dans les années 1950, à une époque où tout était encore usé, peu entretenu, tantôt tombé dans un véritable coupe-gorge. En effet ce sombre passage n'offre en aucun cas une mine avenante au passant.

Un graffeur local l'aura d'ailleurs signalé à son entrée : Pour vendre de l'espoir, il faut offrir de la peur.

Je sais depuis longtemps que cette ruelle fait partie des sujets potentiellement exploitables. Mais il n'est guère facile de mettre en avant un endroit si délabré et si repoussant de prime abord.
Pourtant, ce soir est LE soir.

Équipé d'un grand-angulaire sur mon appareil photo, je me mets en tête d'installer mon trépied, sans le déplier totalement, fixe mon appareil dessus et commence à chercher la photo qui me comblera d'aise concernant cet endroit.

Je le sais, j'ai toutes les chances de n'en rien tirer, tant j'ai déjà arpenté la rue de la Levrette sans jamais trouver un point de vue plaisant.
Pourtant, dans un de ces moments qui rappelle la frénésie de l'arcade si chère aux joueurs de jeux vidéos, je commence à trouver la bonne écriture pour ce lieu.

Au bout d'une dizaine de photos, je sais que j'ai un matériau intéressant à retravailler le lendemain.


Et en effet, le matin suivant venu, après avoir mouliné mes photos de base, j'obtiens une ruelle sombre, éclairée par des lumières orangées et verdâtres, dans une ambiance blafarde, glauque, suintante. Seule (petite) ombre au tableau : la présence d'une voiture garée au bout de l'allée.


Pour vendre de l'espoir, il faut offrir de la peur. Voilà ce que dit cette phrase placée à proximité d'une des fenêtres du Petit Nègre. A cet instant, je songe qu'en effet, il est facile d'offrir de la peur... Tout n'est qu'une question de perspective, de choix des lumières et de temps.



Puissions-nous offrir de l'espoir, et vendre notre peur à un ferrailleur...