lundi 4 avril 2016

L'orbe d'Alençon...


Savez-vous ce qu'est ce drôle de globe terrestre de pierre ?
Non, ce n'est pas qu'une simple sculpture décorative. Sise sur un petit pilier devant les entrées du Musée de la Dentelle et de la médiathèque d'Alençon, dans la cour du Conservatoire de musique, cette étrange sphère terrestre est en fait un cadran solaire.
Hélas, mille fois hélas, ce cadran très particulier est en piteux état, alors même que nombreux sont les Alençonnais de passage (ainsi que les quelques touristes qui échouent au Musée de la Dentelle) à s'arrêter, fascinés par cette orbe massive cerclée de métal.
Il fut un temps, sans aucun doute, où le cadran solaire de la médiathèque était neuf, resplendissant aux yeux des visiteurs.
Il m'est impossible de le dater précisément; néanmoins on trouve des traces historiques de ce globe dès 1895, sous la plume du Comte de Moucheron (sic), lequel ajoute avoir eu vent de tels cadrans solaires à la période du XVIe siècle dans des gravures, ce qui témoignerait de sa grande ancienneté, bien que le Comte ne semble point en mesure de dater précisément l'objet.
En plus clair : nous ne savons pas précisément depuis combien de temps ce globe trône ici mais il est plus que probable qu'il ait vu la Grande Révolution de 1789, et certainement davantage encore...
Certaines choses sont évidentes à propos de son histoire, et pour commencer : le pilier sur lequel il repose n'est pas d'époque. Le Comte lui-même le fait remarquer à juste titre : colonne et globe ne sont point faits du même métal... ou plutôt de la même pierre. La colonne est de création nettement plus récente, et a une apparence nettement moins raffinée.
Ensuite, le globe de pierre du Musée de la Dentelle (ou de la médiathèque, ou de l'école de musique... au fond peu importe son appellation) a subi de nombreuses avanies au fil des ans : il semble que les différentes mairies d'Alençon n'aient guère eu d'intérêt pour ce discret monument. Il fait pourtant partie de ces cadrans solaires classés au titre des monuments historiques de France, et en effet la singularité de sa forme et de son usage en fait un exemplaire rare : à la fois globe terrestre géographique, cadran lunaire et cadran solaire, il est parcouru de séries de lignes et d'inscriptions que j'aurais volontiers fait passer pour des signes cabalistiques mystérieux et mystiques en d'autres occasions, dont la présence sert incontestablement de repères pour la lecture de l'heure sur le cadran, mais permet également la localisation de mers et d'îles lointaines et étranges.

Notons toutefois qu'au cours des dernières années, un minimum d'entretien a été obtenu sur le cadran, alors envahi par la mousse depuis trop longtemps.
Je me félicite personnellement du petit coup de neuf qui a été réalisé sur ce qui est, dans mon esprit, le point de repère par excellence de l'ancien Collège des Jésuites... Mais peut-être une restauration plus poussée serait-elle possible ?
J'ai découvert, au cours de mes modestes recherches à son sujet, des associations consacrées entièrement aux cadrans solaires, des amateurs éclairés ayant fait de leur espace personnel un site de référencement des plus remarquables cadrans.
Incontestablement, et même s'il s'agit d'un petit monde, les passionnés de cadrans solaires français connaissent bien le cadran de la cour de l'école de musique d'Alençon.
Par ailleurs, il suffit de se rendre sur place pour constater tout l'intérêt que cette orbe suscite aux yeux de tous : pas un jour ne passe sans qu'elle ne soit manipulée.

Ce fameux globe d'Alençon ne mériterait-t-il pas notre attention particulière ?
Après tout, n'est-il pas un des monuments de la ville ?

1 commentaire:

  1. Tu es bien le premier qui écrit sur ce globe... Eh oui, il mérite attention.

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