samedi 24 décembre 2016

En ces jours de Jól...


L'hiver est arrivé...
Il est arrivé comme à son habitude, avec ponctualité et un zeste de tapage. Comment aurions-nous pu l'oublier ? Comment oublier la venue des frimas hivernaux sous une pluie constante de feuilles mortes ? Comment oublier cette saison de vent et de glace, tant annoncée par les matins blancs de l'automne la précédant ?

Comment oublier que l'hiver vient quand le ciel se blanchit, quand le monde devient nuances de gris et silences pâles ?

Pourtant, l'hiver n'est pas venu seul.
Avec lui revient timidement le soleil, aux jours de Jól, pendant lesquels certains esprits libres célèbrent davantage la promesse du renouveau, du printemps, la venue des jours les plus longs et de la chaleur estivale.

D'autres préfèrent fêter la naissance d'un sauveur promis, messie de tant de nos concitoyens.

D'autres enfin, ne célèbrent en ces jours que la joie d'être réunis, réunis pour rire face à la Mort, réunis pour défier la solitude, la tristesse, la mélancolie, la fatalité, la maladie... Réunis parce que, avant tout, nous autres sommes tous liés, liés par notre condition humaine, par une sorte de tragi-comédie constante...

Ce n'est pas la venue des jours de Froid que nous fêtons. Ni la venue des cadeaux sous le sapin.
Encore moins celle de la naissance d'un messie.



Au fond, ce que nous fêtons en ces jours, ce qui est au cœur de cette veillée que nous nous apprêtons à vivre...
C'est notre espoir d'être toujours tous là dans un an, pour rire une fois de plus de la Mort.



Puissiez-vous vivre une veillée de Noël heureuse, entourée de gens qui comptent à vos yeux. Et, lorsque la journée sera Ténèbres, lorsque les lumières tamisées autour de vous et les vapeurs d'alcool feront danser vos visages dans d'étranges rondes, lorsque vos yeux et ceux de vos proches brilleront de contentement...


...N'oubliez pas de rire face à la fatalité.





JOYEUX NOËL A VOUS.

mardi 20 décembre 2016

Le cauchemar avant Noël...


20 décembre 2016, bientôt Noël...
Cela faisait plusieurs mois que d'affreux crimes avaient lieu dans la Cité des Ducs, à l'abri des regards indiscrets, dans le parc de la Providence. La police patrouillait en vain jusqu'au petit matin depuis des semaines, mais chaque mercredi matin, le soleil dévoilait un corps mutilé, à peine reconnaissable.
Les Alençonnais eurent tôt eu fait d'appliquer le principe de précaution et de ne plus sortir le mardi soir. Néanmoins, les jeunes sont des jeunes, et hélas, l'imprudence est de règle à cet âge.
Il y a un mois à peine, une mère éplorée m'avait contacté à mon bureau pour retrouver l'assassin de sa fille... ou de ce qu'il en restait.
En temps normal je n'aurais pas accepté une telle affaire, mais mon compte en banque était trop vide pour me permettre de faire la fine bouche... Et cette histoire m'intriguait énormément. En réalité j'avais déjà mené un bout d'enquête en dilettante, par pure fascination pour ce mélange de sauvagerie et de discrétion hors du commun.
J'avais pu déjà remonter le fil du chemin de la plupart des victimes. Rentrant du Bayokos, elles traînaient généralement dans les rues de la ville, braillant plus que rigolant. Les habitants du centre-ville se plaignaient volontiers du tapage vers 2h du matin.
Pourtant une fois arrivées à la Providence, elles disparaissaient. Les caméras de sécurité, de piètre utilité, ne révélaient pas grand chose de leur trajet au sein du parc et ne montraient qu'un désert nocturne à peine troublé par les patrouilles de police.

Tout à mes réflexions, j'arpentais une fois de plus le chemin présumé d'Amélie, la défunte fille de ma cliente, approchant du parc par la rue de la poterne. Au loin je vis Thierry, un des patrouilleurs, toujours accompagné de Clovis, son chien d'attaque. J'avais la chance de bien m'entendre avec les fonctionnaires de la brigade cynophile, mais ce n'était pas la même histoire avec la PJ.


Près du parc, les feux tricolores lançaient des taches écarlates, vertes et orangées à intermittence sur le bitume trempé. Mon trench-coat  ruisselait comme si l'on m'avait versé des seaux d'eau continus sur le dos. C'était d'ailleurs une bonne approximation de la vérité, compte tenu de la météo de cette nuit.
En entrant dans le parc de la Providence, j'eus un instant un frisson d'angoisse à la vue de la dernière scène de crime. Essayant de me rassurer, je mis la main droite sur la crosse de mon Beretta.

La nuit était fraîche, glacée même. Le déluge permanent n'arrangeait certainement pas les choses.
Tout était d'un calme olympien. Difficile de croire qu'il puisse y avoir des crimes dans un endroit pareil...
Protégeant mon briquet de la pluie, je m'allumai une cigarette et me mis à penser dans un coin sombre, dos à un mur.

J'entendis soudain un grognement animal. Presque animal. Il n'y avait pourtant rien devant moi, même pas Thierry et Clovis.
Une goutte d'eau plus grosse et gluante que les autres me fit brusquement lever la tête...


...Ce n'était pas possible ! J'avais oublié, perdu que j'étais dans mes songes...
Nous étions dans la nuit de mardi à mercredi.

vendredi 16 décembre 2016

Par-delà l'espace, par-delà le temps, au-delà de toute réalité...


A la gare, la nuit était solitude. Cette solitude, renforcée par le faible éclairage des quais, la fluorescence des horloges et des panneaux indiquant le prochain train, donnait à l'endroit une impression d'étrange familiarité. Ni ici ni ailleurs, le quai de la gare d'Alençon semblait hors du temps lui-même.
A chaque minute qui s'écoulait, l'aiguille de l'horloge que je fixais se déplaçait d'un cran. Chaque cran résonnait aux alentours comme si ce discret mécanisme pendulaire avait le pouvoir de mille cors de chasse.
Au loin, à l'autre bout du quai, l'éclairage d'un vélo se devinait tant bien que mal, pris dans une gangue d'immobilité jusqu'à soudain dévier et disparaître dans une nuance plus sombre de néant.
Les minutes avançaient et rien ne semblait devoir rompre cette familière étrangeté.
La passerelle de laquelle j'étais descendu, véritable guirlande blanche, accompagnait mes songes éveillés en m'engluant un peu plus dans cette attente hors de toute réalité.


La voix de la speakerine de la SNCF me tira de ma torpeur.
A une cinquantaine de mètres, surgis des ténèbres les plus opaques, trois points lumineux d'un blanc irréel avançaient vers moi, ovnis ferroviaires pourtant si connus.
Un observateur attentif aurait juré ne pas avoir entendu le train arriver.
Le son me revint alors lentement, à la fois criard et étouffé par le calme des lieux.
Quelques âmes errantes sortirent des wagons. J'aperçus mon ami. Je lui prodiguai une chaleureuse accolade, puis nous nous dirigeâmes ensemble vers un magasin d'alimentation.



A l'extérieur de la gare, la vie continuait de s'agiter.

lundi 12 décembre 2016

Feu follet ?


Il y a des clichés contemplatifs qui vous plaisent, des clichés à l'ambiance noire qui vous ensorcellent. Il y a enfin des clichés incompréhensibles.
Celui que je fis un beau jour de novembre, en pleine forêt d'Écouves, était de ces derniers.



Je n'ai pas vraiment pour habitude de me promener en forêt ; n'étant pas titulaire du permis de conduire et donc encore moins propriétaire d'une voiture, mes moyens de me rendre en Écouves sont pour le moins limités. Pourtant ce jour-là, mon père, fameux trailer écouvien, m'avait proposé de faire une balade sous la cime protectrice de ses nombreux et majestueux arbres.
Cette occasion était trop belle, d'autant plus que nous approchions des derniers jours de l'année où la forêt se parerait de couleurs flamboyantes, avant la chute définitive des feuilles... Avant l'Hiver.

Il y avait un endroit fort curieux de la forêt que je n'avais encore jamais arpenté, un de ces endroits emprunts de mystères et d'une forme sombre de ce qu'on pourrait appeler de la magie.
Jadis, un avion militaire américain avait fini sa course dans ce coin, dans une parcelle véritablement inquiétante. Quinze militaires y trouvèrent la mort. Mais baste ! ceci est une autre histoire que je vous conterai en Mars...
Quoi qu'il en soit, alors que nous approchions de la stèle commémorant le crash de cet avion, nous vîmes, mon père et moi, un spectacle magnifique : le sous-bois obscur venait à peine d'être éclairé par un splendide rayon de soleil, révélant le vert tendre des dernières feuilles accrochées aux branches et le rouge sang des autres, tombées au sol. Au milieu d'un rai de lumière , j'aperçus, s'extirpant tant bien que mal de cette mare écarlate une fougère encore jeune exhibant ses trois pauvres feuilles à la lumière du jour.
Au fond de la scène se devinait un bout de la stèle que nous recherchions. Nous fûmes soulagés de ne l'avoir pas ratée.
Je pris alors mon reflex et fis la photo que vous voyez en ce moment même sur ce billet.


Pourtant, le lendemain matin, vers 7h, alors que mon examen des photos de cette balade forestière avançait, je fus interloqué face à cette...lueur ?

Une tache sur l'objectif ? Un artefact ? Un flare ?
Non... C'était autre chose. Une chose qui résistait à tous les traitements numériques, à l'outil tampon à cloner, aux traitements contre le bruit numérique, même au pinceau.


Il devait pourtant bien s'agir d'une donnée numérique, puisqu'elle était visiblement attachée au fichier de données de ce cliché.

Je m'apprêtais à supprimer ce cliché quand un message énigmatique s'afficha via une pop-up sur mon écran :


Libérez-moi !

jeudi 8 décembre 2016

dimanche 4 décembre 2016

Commérages au coin de la rue...


-...Et il paraît donc que la grande-tante à Eustache, -Tu sais, le neveu par alliance de Gustave, celui qui s'est marié à la demi-sœur de Camille- tu me croiras ou pas, mais elle s'est retrouvée au commissariat pour complicité de braconnage. Elle et son mari ont été retrouvés avec un marcassin vivant dans le coffre de leur voiture !

- Tout de même, quelle famille ! Heureusement, la nôtre n'est pas comme ça. De toute façon, je te l'ai toujours dit : les Bessac sont une famille d'originaux qu'on ferait tous mieux de ne pas fréquenter et... mais d'ailleurs, qu'en est-il de ton fils ? Celui qui s'est mis à la photo ? Il paraît qu'on le voit rôder à des heures indues dans les rues d'Alençon. Je ne veux pas dire, mais j'ai peur qu'il file un mauvais coton...

- Eh bien, d'après ce que j'en sais, mon fiston assiste un prof de photographie dans un club photo. J'imagine qu'il s'entraîne tous les jours avec son appareil. Mais tout de même, j'aurais préféré qu'il ait un vrai métier. C'est pas avec ces bêtises qu'il va gagner sa vie, mais bon... Que veux-tu que j'y fasse ?

- Je ne veux pas paraître indiscrète, ou me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais il paraît que ton fils -enfin, c'est ce qu'on m'a dit- aurait quelque chose à voir dans la disparition inquiétante d'un promeneur en forêt d'Écouves. On raconte qu'un chasseur l'a vu partir de la scène de crime à Radon. De loin bien sûr, mais ça expliquerait pourquoi ce 16 juillet de l'an dernier il n'était pas au repas de famille...

- Gilles ? Lié à cela ? Allons sœurette ! Tout ceci n'est qu'un ramassis d'âneries, des rumeurs sans fondement ! J'ai déjà assez à faire avec ces grenouilles de bénitier qui le soupçonnent d'être un loup-garou ou un change-peau ou je ne sais quoi ! Il attire juste l'attention parce qu'il est différent !

- Moi, ce que j'en dis, c'est des rumeurs, hein... Mais tu connais l'adage : Il n'y a pas de fumée sans feu.

jeudi 1 décembre 2016

Entre feu et glace, entre ombres et lumière...



C'était un matin d'automne comme il en existe tant d'autres.
Ce jour-là, la légère brume qui avait précédé l'aube s'était dissipée dès les premiers rayons du soleil. Au-dehors pouvait se deviner une journée radieuse. Les derniers nuages étaient tous sur le départ, pressés de laisser l'azur du ciel dominer la vie à Alençon.
Quant à moi, il était évident que je ne pouvais laisser passer une si belle occasion de prendre des photos. En effet, cela faisait maintenant plusieurs mois que j'osais sortir dans la rue au lever du Roi des Astres.
La lumière d'octobre est une chose à voir, c'en est une autre de la vivre avec un appareil photo.
Le piquant de l'air se disputant avec la douceur des rayons du soleil semblait me chuchoter à l'oreille les promesses des frimas glacés d'une morte saison à venir. Nous le savons tous, nous qui vivons à ces latitudes ; invariablement, l'hiver vient.
Peu m'importait pour l'heure l'annonce du froid, du vent du nord, de la neige peut-être... Seule comptait la Lumière. Cette douce lumière dorée qui se répandait de minute en minute sur toute la ville, cette lumière des premières heures du jour qui disparaîtrait bien vite à l'approche du midi.
Entre feu et glace, lumière et ombre encore nocturne, ainsi en va-t-il de l'aube, terrain des dieux et déesses les plus incertains...
Quelle preuve pouvait-on apporter de cette ambiance particulière sinon une photographie, une de plus, jouant sur le clair-obscur de ces instants d'étrange familiarité ?
Prenant à cœur les conseils de photographes que je respectais, j'exposai alors ma photo à venir pour les hautes lumières, et CLAC !, en une fraction de seconde vint le miracle de la technologie numérique, me proposant bientôt d'admirer sur mon écran d'ordinateur le résultat de mes réflexions.

Quelques jours plus tard, j'eus à cœur d'écrire ce texte, comme témoignage de cette étrange et fraîche matinée d'automne, où, à Alençon, s'étendaient les ombres...

lundi 28 novembre 2016

Jusqu'où peut-on encore aller ?


Deux ans.
Ce blog a tenu deux ans.
J'ignore si vous imaginez un peu la chose : deux ans au rythme d'un billet tous les quatre jours, ce n'est pas rien.

Pour cette fois, je ne vais pas vous assommer de considérations, de statistiques ni de verbiages inutiles.


Je tiens juste à vous remercier, vous qui me lisez. Vous êtes un public à la fois discret et charmant avec lequel je suis ravi de partager un peu du foutoir qui encombre mon cerveau.



Merci.





Et à bientôt pour les trois ans !

jeudi 24 novembre 2016

Au-delà de l'horizon...


Cela faisait une éternité que je n'étais pas revenu en bord de mer.
Des années durant, toute mon enfance en fait, mes vacances d'été se passaient au bord de l'océan. Farniente et bronzage étant de rigueur dans ces périodes de repos, je passais de nombreuses heures sur les plages à jouer,  à construire des petites digues et des châteaux de gouttelettes de sable.
Avec le recul, j'ai pu constater que j'y avais passé de chouettes moments, sur ces plages de l'Atlantique, en compagnie d'autres enfants. Mais plus le temps passait, plus je vieillissais et plus je m'ennuyais.
Bizarrement, alors que beaucoup aiment le contact du sable et la chaleur du soleil sur leur peau, j'ai très vite cessé d'apprécier la plage. Le sable m'a toujours irrité (au sens propre comme au sens figuré), quant au soleil, la puissance de ses rayons me gênait moins que les positions impossibles qu'il me fallait prendre, allongé sur ma serviette de plage, pour lire ou discuter.
Les dernières vacances que je passai donc en bord de mer, je vis très peu la plage, préférant l'ombre et la douceur du camping, les tisanes prises sur place, allongé de longues heures durant sur un transat, de la musique vissée dans mes oreilles.

Puis, avec l'autonomie, je cessai de partir en vacances. J'avais à présent un budget à gérer, et ce dernier ne laissait que peu la place à ce genre de fantaisies. D'autant plus qu'un vent de liberté s'étant mis à souffler dans mon nouveau chez-moi, je n'aspirais qu'à pouvoir profiter de mon temps libre comme je l'entendais, et de préférence auprès de mon meilleur ami qui, lui non plus, ne partait pas vraiment en vacances durant l'été.


Le temps s'écoula ainsi durant près de sept ans. Sept ans sans noyer mon regard au-delà de l'horizon... Sept ans sans ressentir la mélancolie des Elfes quand, d'aventure, une mouette poussait son cri.
Petit à petit j'en vins presque à oublier qu'un horizon existait.




Un jour, mon ex-petite amie et moi allâmes ensemble au bord de la Manche, dans les sécurisants environs de Caen.
Dire que les retrouvailles avec les étendues infinies de la mer furent bouleversantes serait mentir. Néanmoins, je retrouvai ce jour-là une sensation perdue à travers les âges... Cette sensation qui vous fait sentir minuscule, mélancolique et émerveillé devant l'appel de Valinor...

... Par-delà l'Ouest.

dimanche 20 novembre 2016

mercredi 16 novembre 2016

Redoutez-nous !


Par-delà les Cieux,
En de lointains lieux,
Les mille Dieux réunis
Sur des trônes de buis

Pleurent notre folie,
Face à laquelle pâlit
Jusqu'au Sombre Malin
Honteux d'agir en vain.

Tous espérant de nous
Que nous finissions fous
Car les fous, disent-ils
Eux, sont tout sauf vils !

Quelle sombre colère
Habitent ces fils et frères ?
Les avons-nous faits ainsi ?
N'ont-ils pas tout, ici ?




L'hybris, céleste naïveté
A conduit ces divinités
Vers cette funeste cruauté
Qui corrompt l'Humanité

Car quelle sombre rage
Venue du tréfonds des âges
Rompit notre ancien lien
Avec nos pères Divins ?

En vérité, je vous le dis
Ce qu'aucun ne comprit :
Nous tous, les Hommes
Sommes ce que nous sommes.

Mille Dieux firent des Humains
Des pions dans leurs mains.
Mais, enfin, il arrive fatalement,
Qu'un pion morde soudainement

Et saisisse enfin sa chance
Laissant à d'autre l'omniscence
Et la pire de toutes les fatalités
Celle qui se nomme "destinée".

Aussi, Dieux, sachez-le enfin
Ceux qui nous firent aigrefins,
Vauriens, voleurs, menteurs,
Nous plongeant dans l'horreur

D'un monde sans foi ni loi
Dans les Cieux se firent rois.
Et à présent, Divins fous
Pleurez et craignez-nous !

samedi 12 novembre 2016

Anciens dangers en haute mer...

Nous vivons une drôle d'époque, mon cher Pierre.
Qu'est-ce que tu vas encore me raconter, Gilles ? A chaque fois que je t'entends dire ça, tu t'enfonces dans les méandres de considérations politiques vaseuses qui te dépassent...
Non, nous vivons une drôle d'époque mais pas à ce niveau... Quoi qu'on dise, la politique n'a jamais vraiment changé de nature.
Non je repensais à ce qui est arrivé à l'équipage du Karaboudjan... Dire qu'ils sont juste partis pêcher un beau matin le mois dernier.
Ben tu sais, Gilles, personne n'est à l'abri d'un coup de folie. Et puis les marins sont un peu spéciaux... Ça te retourne la tête de naviguer des semaines entières en pleine mer dans une bicoque étroite pour embarcation.
Mais tu ne trouves pas ça bizarre ? Passe encore le coup de folie de Martin. On l'a toujours trouvé...particulier. Non, cela dit les marques de tentacules gigantesques sur tous les corps, Martin n'a pas pu les faire lui-même. Et tu as vu l'état dans lequel on les a retrouvés la semaine dernière ? Tu étais là, il me semble ?
Oui, c'est vrai que ça retournait l'estomac. Sauvagement torturés, les yeux encore fous, et le corps constellé de traces de tentacules, comme je n'en avais jamais vus. Les gendarmes nous ont vite écartés, mais je revois encore le visage ahuri de Gérard, son expression de terreur dans les yeux. Comme s'il avait vu le Diable avant de mourir ou je ne sais quoi.
Et tu en penses quoi ?
De quoi, du Diable ?
Par exemple, oui.
Gilles... Je ne crois pas au Diable. Non, ils ont simplement été les victimes de Martin. Tout Luc-sur-Mer l'a bien vu, il a simplement pété un câble. Pauvre homme, je ne sais pas ce qui sera pire pour ce jeune garçon : le poids sur la conscience qu'il portera à vie ou la folie qui s'est emparée de lui.
Justement, comment la folie s'est emparée de Martin, c'est ça la vraie question !
Nous ne sommes pas des psychiatres ni des criminologues, mon pauvre ami... Nous ne le saurons jamais vraiment, je gagerais...
Et si...
Quoi ? Encore une hypothèse farfelue ? Tu en produis combien par minute ?
Non, je dis juste... Et s'ils avaient réveillé quelque chose qu'ils n'auraient pas dû réveiller ? Tu sais dans quel coin ils étaient partis pêcher, non ?
Quoi ? Cette vieille légende d'un Dieu Ancien qui dormirait sous l'eau ? Tu prétends que c'est ça qui l'a rendu fou ?
C'est tout aussi crédible que la folie qui frappe sans prévenir, non ? Et puis, comment expliquer le pentagramme sur son corps ?
Il a dû se le dessiner sur lui, non ?


...Dans le dos ?

mardi 8 novembre 2016

Mystérieux message prophétique et boules de gomme...


Cela faisait à présent plus d'un mois que l'automne était arrivé en Normandie. Nous avions bénéficié d'une belle arrière-saison jusqu'à présent... La clarté du ciel le disputait à la douceur de la température, une température presque printanière, chose assez irréelle en plein mois de Novembre...

En bref, le climat était devenu idéal pour la pratique de la photo. Même les journées nuageuses se paraient de nuances de formes et de couleurs jamais vues jusqu'à présent. Ce n'était plus un automne, mais un festival photographique !
D'ailleurs j'avais moi-même été contraint d'acheter un système NAS pour stocker mes photos qui s'accumulaient à ce point dangereusement que je ne pus bien vite faire autrement.
Même ma pratique du noir et blanc en argentique avait fini par porter ses fruits. Je ne me séparais alors plus jamais de mon appareil argentique, toujours suspendu à mon cou, au cas où...
En d'autres termes, la situation était idéale, à un point que je n'aurais pas cru possible.

Un matin, alors que j'avais osé sortir à la fraîche, un jour où le bleu du ciel rivalisait avec la pureté de nos âmes égarées, quelque part dans la rue de la Fuie des Vignes, j'entendis plusieurs croassements.
Là, au-dessus de ma tête, perchés au sommet d'un lampadaire, deux corbeaux me fixaient dans un concert de sons assourdissants. J'eus beau les prendre en photo, ma présence ne semblait guère les déranger.
 Je m'apprêtais à les dépasser, passant sous le réverbère, quand soudain une voix rocailleuse se fit entendre au-dessus de moi dans un courant d'air grisâtre...



Gilles, n'oubliez pas...
L'Hiver vient.

vendredi 4 novembre 2016

La déesse de l'Aube et du Crépuscule...


Savez-vous, Ô chers lecteurs,
Quelle est cette déesse majeure,
Qui s'arroge, créatrice Majuscule,
Les temps de l'aube, du crépuscule ?

Si vous ignorez encore son nom,
Chers lecteurs, venez ! Allons !
Qu'à vous tous nous présentions
La sage déesse tutélaire d'Alençon...

La déesse de toutes les frontières,
La déesse de tous les compromis,
La déesse de toutes les lumières,
La déesse de tous les insoumis...

Elle qui sépare le jour et la nuit,
Elle devant qui les morts fuient,
Elle qui enfanta chaque messie,
Elle de qui naissent les prophéties...

Elle est la mère de l'Astre-Lune,
La tisseuse du voile de la fortune,
La colère du Pays des Cendres,
La Dame aux Cent Salamandres.

Son nom, peut-être ne le connaissez-vous pas,
Alors regardez le crépuscule et appelez-la...


Azura.

mardi 1 novembre 2016

Apparition divine...

(NB : photo prise dans le quartier de Courteille, à Alençon, à 8h17 du matin.)

Rumeurs automnales
De la cité qui s'éveille.
La brume se dissipe.


vendredi 28 octobre 2016

Le quai des brumes...



A travers les chemins brumeux,

En de sombres, sombres lieux,

Commencent de longs voyages

Que seuls arpentent les nuages...




 Pourtant, au-delà de la brume,

Là où repose votre amertume,

Se tient le but de toute une vie,

Celui qui, jadis, vous a été ravi.




Alors, sur ce chemin brumeux,

En allant vers ce sombre lieu,

En débutant cet étrange voyage,

En accompagnant les nuages...


 

Vous accomplirez votre destin,

Disparaissant au petit matin

Alors que le broe vous réclame,

Vous, vos souvenirs et votre âme...

lundi 24 octobre 2016

Il pleut...


Il pleut. Il pleut et ces larmes divines sont comme une bénédiction inespérée.
Il est assez amusant de remarquer que, comme le disait lui-même Gotlib dans sa Rubrique à Brac, personne n'aime la pluie... Hormis les enfants, seuls êtres à savourer les potentialités qu'offre la renapée pour s'amuser. Certes, les enfants aiment jouer avec les flaques, boire l'eau qui tombe du ciel et enrager leurs parents qui aimeraient mieux ne pas trouver un chiot trempé en guise d'enfant rentrant de l'école.

J'ai toujours trouvé dommage que si peu de personnes profitent de la pluie, arrivées à l'âge adulte. Elle fait trop souvent office de repoussoir pour de nombreux passants, désertant les rues des villes et se ruant à l'abri.
Justement, s'il est incontestable que se mettre au sec, dans des vêtements chauds, après une pluie diluvienne, est d'un confort absolu, pourquoi ne pas pousser le vice un peu plus loin ? Pourquoi ne pas sortir un peu plus longtemps sous la pluie, profiter de ce qu'elle nous offre comme atmosphère, comme répit, comme solitude, en somme se risquer volontairement à attraper un rhume pour mieux savourer le bain de pieds et le peignoir tout chaud qui nous attendent chez nous ?

Pour avoir testé en 2010 ce qu'était une grosse averse neigeuse, équivalent hivernal de la pluie d'automne, il n'y a rien de meilleur que de rentrer se mettre au chaud après une journée d'efforts et de froid sous la neige, un chocolat chaud à portée de main, en peignoir, avec son chat sur les genoux, devant une émission à la télévision ou sur Internet. Il en est de même avec la pluie.

Alors que cet automne et cet hiver 2016 nous promettent enfin de belles averses, j'avoue avoir pour vice secret et espoir profond de pouvoir sortir sous des cordes, sentir l'inconfort maximal que la légendaire humidité normande peut nous offrir pour qu'en comparaison la chaleur de mon foyer soit un nirvana, une béatitude, une extase, que dis-je ? La plénitude absolue.


Par ailleurs, et comme la photo du jour vous le montre bien, les photos de pluie sont elles aussi un bon exercice et une occasion de plus de s'amuser. Car, on ne le dira jamais assez : il n'y a pas de météo faite pour la photo, ou plutôt : toutes les météos du monde y sont propices.


Enfin, si vous vous risquez à affronter cette eau tombée du ciel, vous verrez différemment sans doute votre environnement. Ouvrez l’œil et vous saurez savourer cette sensation si particulière d'un monde plus gris, plus blanc, plus noir, d'une nature en pleine revitalisation, de cours d'eau sous une constante pluie de météorites aqueuses. Écoutez le son de l'eau impactant la pierre, le bitume, les rivières, le métal, les feuilles des arbres, votre chapeau ou votre capuche. Humez ce parfum d'humidité si particulier, cette odeur d'orage, ce parfum d'automne, cet avant-goût hivernal.
Ressentez l'impact d'une eau fraîche sur votre peau, sentez cette goutte d'eau qui squatte le bout de votre nez. Épongez ce ruissellement qui vous gêne la vue.

Et enfin, si vous avez encore une âme d'enfant, goûtez à la pluie. Comme un souvenir de qui vous étiez jadis... Qui sait ? Peut-être vous prendrez-vous au jeu...


Écoutez... La pluie vous appelle...

jeudi 20 octobre 2016

dimanche 16 octobre 2016

De l'autre côté du Miroir...


Quelques jours après cette révélation en pleine tourmente psychique, je prenais l'air à Alençon, essayant de me détendre, de calmer cette tension intérieure insupportable qui m'étreignait.
Alençon est une ville particulièrement surprenante, même pour celui qui arpente ses rues depuis plus de vingt ans. Plus on ouvre l’œil, plus on y découvre d'étranges décors, me dis-je, en pleine Fuie des Vignes.
Sortant de la dite Fuie en direction de la rue éponyme pour rejoindre les bords de Sarthe, je réajustai ma veste. En effet, l'air se rafraîchissait de jour en jour. L'automne était bien présent et même si nous avions encore de beaux jours par moments, tout Alençon savait que, bientôt, il serait temps de ressortir les écharpes et les manteaux épais pour affronter la longue période hivernale, période d'autant plus longue qu'en Normandie, le ciel n'était pas toujours clément pour les Alençonnais qui passaient souvent des semaines entières sans voir le soleil.

Me promenant comme à mon habitude sur les bords de Sarthe, je m'arrêtai un instant dans un de ces vieux lavoirs délabrés, témoignages d'un autre âge. Mes parents m'ayant conseillé de compenser ce vide récent par de la photographie, je me pris au jeu de faire un cliché des reflets de la Sarthe. Il y avait en effet le reflet d'une lueur au cœur des nuages qui m'intriguait et me fascinait.

Lorsque j'aperçus l'image sur l'écran de prévisualisation, je ressentis un curieux malaise.
Je ne sus cependant pas ce que tout cela pouvait bien signifier...

Comme un appel, de l'autre côté du miroir...

mercredi 12 octobre 2016

Les inquiétantes fantaisies de Tonton Gilles...


Il fallait que je revienne là-bas.
Enfin, "là-bas" est une façon assez inexacte de décrire cet outre-espace où, un jour de novembre 2015, mon esprit a été envoyé à l'occasion d'une curieuse rencontre au détour d'une rue d'Alençon.
Il le fallait, car la Sainte Licorne qui avait eu l'amabilité de communiquer avec moi ce jour-là pouvait être un fameux atout pour l'Hiver qui s'avançait petit à petit à présent.

Je me retrouvai donc, un beau matin, devant la figure de fer la plus mystérieuse d'Alençon et m'apprêtais à la prendre en photo.
Pourtant... Quelque chose n'allait pas. Je le sus à l'instant même où je pris le cliché.
Il ne se passait rien entre Elle et moi. Pire que tout, Elle semblait n'avoir jamais investi cette décoration murale. C'était presque comme si Elle, la Licorne Rose Invisible, n'avait jamais existé.
Angoissé à l'idée qu'Elle fût partie pour de bon de ce plan d'existence, je réitérai mon premier cliché.

Rien.

Mon cerveau tournait à cent à l'heure, essayant de trouver une explication à cet imbroglio. Plus je réfléchissais, plus mon angoisse augmentait, atteignant finalement un paroxysme quand je me rendis compte que le merveilleux venait de quitter Alençon...

Ou bien le merveilleux venait-il simplement de m'abandonner ?
Et si... Et si le merveilleux n'était pas en cause ?, me dis-je. Et si j'avais inventé toute cette fantaisie, tout cet univers de dieux et démons, lutins et sylvestres ?
Et si en réalité je n'étais qu'un de ces doux rêveurs, un de ces êtres qui, basculant tranquillement dans une sorte de folie douce, avait perdu pied avec la réalité ? Mais comment prouver qu'il ne s'agissait que de folie "douce" ? Quel mal avais-je pu faire autour de moi ?
Plus j'y pensais, plus je m'apercevais qu'autour de moi les gens semblaient indifférents à la venue de l'Hiver. Et plus je voyais jusqu'où ma déraison m'avait conduit... Jusqu'à l'inconscience, jusqu'à la féerie, jusqu'à la folie...



J'ignore comment je parvins à rentrer chez moi. Le soleil était déjà couché et pourtant il me semblait n'avoir marché que deux petites heures. Tourmenté par ces révélations qui se firent à moi, je m'apprêtais à entrer dans le hall de mon immeuble quand une bourrasque d'un vent frais m'ébouriffa les cheveux. J'entendis alors une voix à l'intérieur de mon crâne ricaner. Une voix froide et inquiétante, incroyablement satisfaite...




Et si... ?

samedi 8 octobre 2016

Pleurons...


Pleurons la feuille tombée au sol,
Celle dont nous vîmes le beau vol.
Pleurons ce malchanceux poisson,
Lui qui gigote au bout d'un hameçon.
Pleurons avec les larmes du monde,
Tandis qu'au loin, le tonnerre gronde.
Pleurons enfin, pour toutes nos erreurs,
Pour notre violence, notre faim de terreur.

Sourions face à la douce rivière,
Qui recueillit la feuille tombée hier.
Sourions à cet aimable pêcheur,
Lui qui sourit à deux jeunes marcheurs.
Sourions aux tristes, aux déprimés,
Aux exclus, aux rebuts, aux opprimés.
Sourions enfin, pour le futur tant espéré,
Cet espoir qui, un jour, saura nous libérer.

Rions de la fraîcheur du ruisseau,
Celui qui se cache derrière un arbrisseau.
Rions à ses aimables plaisanteries,
A ses jeux de mots, ses pitreries.
Rions au nom de ceux qui ne rient plus,
Les opprimés, les rebuts, les exclus.
Rions enfin, de nos idioties,
De nos pitreries, de nos facéties...

Dansons pendant que les feuilles volent,
Jusqu'à ce que toutes soient au sol.
Dansons au milieu des poissons
Plus jamais ils ne mordront à l'hameçon.
Dansons sous les larmes du monde
Au rythme du tonnerre qui gronde.
Dansons, enfin, malgré nos erreurs,
Malgré la violence et la terreur...

samedi 1 octobre 2016

Légendes d'un homme crucifié...



Dis, tonton ! Hé tonton attends ! Tu marches trop vite !
Eh bien, mon petit neveu favori, je te croyais débordant d'énergie ce matin ? Que t'arrive-t-il ?
Non rien, c'est juste que je regardais les statues, là, la croix et tout. Et je comprends pas !
Quoi donc ?
Ben, la maîtresse elle a dit que Jésus avait existé et papa et maman disent que tout ça c'est des fabi...farob...Des fari...
Fariboles ? Ah bien sûr. Tu es né dans une famille d'athées, nous ne croyons pas au Jésus de la Bible, quant au Jésus  historique, nous avons de très gros doutes, et des doutes qui posent un cas de conscience à divers historiens.
Comment ça ? Y a un Jésus de l'Histoire ou pas ?
Probablement pas, mon petit. Vois-tu, Jésus est un personnage qui apparaît dans la Bible, plus exactement dans le Nouveau Testament, le livre saint auquel se rattachent les chrétiens. C'est un personnage très important, celui autour duquel tourne l'histoire racontée dans le Nouveau Testament.
Il est d'autant plus important que la religion chrétienne a forgé notre société, notre Histoire, et même nos conceptions personnelles du monde. C'est ce qu'a dû te dire ta maîtresse : nous vivons dans un pays de culture judéo-chrétienne.
Du coup la question de l'existence de Jésus pose problème, même pour un État supposé laïque, car en effet, si Jésus n'est qu'une invention pure et dure de la religion, beaucoup de valeurs sur lesquelles nous avons bâti notre civilisation seraient menacées. Moins par l'inexistence même de Jésus que par ce que ça implique de bâtir une société sur des mensonges.

Oui mais tonton, tu n'as pas dit pourquoi il existait pas, Jésus ?
Jésus - en tout cas le Jésus historique - n'est rapporté que dans deux sortes d'ouvrages : les Bibles - qu'elles soient apocryphes ou non - et les témoignages écrits des auteurs de l'époque où Jésus est présumé avoir existé.
Or si la question des Bibles est vite évacuée puisqu'il s'agit de récits de croyants dont même les plus anciens n'ont pas pu connaître la période d'existence présumée de Jésus...
Ça fait un peu compliqué ta phrase, tonton...
Bon, disons que les témoins auteurs des diverses versions de la Bible n'ont jamais vécu l'époque de ce Jésus historique...
D'accord.
Or donc... Où en étais-je ? Ah oui... Les écrits d'historiens et autres contemporains présumés de ce Jésus précis sont suspects. En effet, ils sont passés entre les mains de nombreux, très nombreux moines copistes à travers les âges, qui, bien que chargés de recopier les textes dont ils avaient la charge, n'étaient pas non plus connus ou reconnus pour leur grand respect de l'exactitude des textes originels. Encore plus quand ces textes n'étaient pas en accord avec leur foi.
C'est toujours trop compliqué, tonton !
Bon. Tu connais ce qu'on appelle abusivement "le téléphone arabe" ? Eh bien imagine que tu refiles un texte à recopier à des gens de diverses époques qui ne se connaissent pas, qui ne parlent pas tout à fait la même langue, voire carrément pas et qui souvent n'ont pas la même graphie du tout.
Rajoute à cela un zeste de partialité propice à la réinterprétation voire à la falsification des thèses jugées trop mécréantes.
Et maintenant, essaie de me dire en face que les copies de ces textes parvenues jusqu'à nous sont fiables ?
Et si on retrouvait les textes des vrais auteurs ?
C'est possible, bien que peu probable, mais ce n'est pas encore arrivé.
Par ailleurs, il existe un corpus très large de textes qui ne parlent d'aucune façon d'un quelconque Jésus de Nazareth, crucifié à cette époque par l'empire Romain. Les Romains étaient des gratte-papier sans égal. Le fait qu'on n'ait toujours pas retrouvé de texte administratif de l'empire Romain faisant état d'un agitateur de ce nom à cette époque est pour le moins... Troublant.

Ah bon...

Mais dis tonton au fait : C'est vrai qu'il y avait un gaulois devant la croix de Jésus ?

Hein ? D'où me sors-tu ça ?
Ben regarde, tonton ! Là, le personnage avec la grosse moustache, c'est un gaulois, non ?

C'est très possible. En tout cas un gaulois en armure romaine. Mais vois-tu, là on entre dans la figuration mélangeant religion et mythologie nationale. En gros, la figure du moustachu est une manière de relier la ferveur religieuse chrétienne et la ferveur nationale française de l'époque, au XIXe siècle donc. Ce n'est absolument pas dans les livres. Juste une interprétation de l'artiste.

Mais quoi qu'il en soit nous en reparlerons peut-être une autre fois...

Oui d'accord, tonton. Mais la prochaine fois, parle moins compliqué. J'ai mal à la tête...

samedi 24 septembre 2016

Les Saules de Saint-Léonard-des-Bois...


Saint-Léonard-des-Bois est un magnifique petit village de la Sarthe, mais ornais de cœur pour tous les Alençonnais. Nombreux sont en effet les gens d'Alençon  à venir se reposer ou se balader dans cette petite bourgade des Alpes Mancelles qui a tout pour elle, même un bar à bières.

Pourtant, ce n'était pas le bar à bières qui a retenu mon attention, pas plus que les hauteurs du Narbonne qui domine le village. Ce n'était pas non plus le paysage, magnifique et majestueux...
C'étaient les bords de Sarthe. Cette rivière écouvienne prend en effet une allure presque amicale dans les parages de Saint-Léonard-des-Bois... Venue des hauteurs forestières d'Ecouves la Grande, elle reste chargée de toute la magie hydrique qui parcourt les veines du monde, plus encore celles de la Normandie méridionale.
Il n'était donc pas étonnant d'y voir apparaître divers arbres capables de parler. Néanmoins la peur emplit mon ventre quand je vis celui-ci : un saule pleureur.
L'on dit des saules pleureurs qu'ils portent par malice le deuil de leurs trop nombreuses victimes. Noyades, chutes de branches sur la tête, folies meurtrières, insolations et attaques cardiaques sont une liste non-exhaustive de leurs méfaits quotidiens...
Je crus donc bon de mettre mon appareil photo sous tension dans l'espoir de briser l'espace de quelques mois les enchantements qui, j'en étais persuadé, ne manqueraient pas de lier l'endroit, ses habitants, ses victimes et son sombre cœur d'écorce.

Pourtant, au moment fatidique, lors du déclenchement de la photo, une lumière m'aveugla d'un coup.
M'apparut alors le visage de ce que je reconnus être une sylve, un de ces êtres féeriques bienveillants, protecteurs des lieux sacrés des anciens peuples.
Dans son regard m'apparut l'histoire de Saint-Léonard-des-Bois, de ses habitants de jadis, vénérant les arbres, leur offrant soins et protection en récompense de la fraîcheur qu'ils prodiguaient l'été et du bois de chauffe qu'ils offraient l'hiver.
Je sentis aussi les vibrations des quelques saules pleureurs alentour. Ils semblaient étonnamment amicaux, me proposant de plonger mes pieds dans l'onde entre leurs racines.

Un second flash de lumière me saisit alors et je me retrouvai de nouveau dans la réalité. Soudain, sur mon écran de prévisualisation s'afficha un soleil éclatant entre les branches du saule. Un présage de paix et de plénitude pour les arbres...

Il existe de nombreux arbres protecteurs des humains dans les étendues illimitées du monde sauvage et semi-urbain... Pourtant je ne me serais jamais attendu à rencontrer un saule de ce bois-là si près d'Alençon.
Alors que je pliais bagages en direction du bar à bières du village, ce fameux bar qui fait la délectation des habitants du cru, je me retournai un court instant vers la Sarthe et crus voir une menue personne, toute de vert vêtue caresser le tronc du saule pleureur et me faire un signe de la main....



Qui aurait cru que même certains Saules pouvaient obtenir la bénédiction des Dieux ?

mardi 20 septembre 2016

Légende urbaine...?


Cela avait commencé comme une anecdote de journal local. Des photos de gens faisant léviter des canettes, des clés, des trombones circulaient sur Internet et semblaient constituer la nouvelle mode de ces légendes urbaines qui font le quotidien du Réseau.
Personne n'y croyait. Moi-même, je savais bien qu'on pouvait faire dire ce qu'on voulait aux photos, particulièrement depuis l'ère du numérique. Et même, donner l'impression qu'un objet lévite sur une photo ne demande au plus qu'une grande vitesse d'obturation. Rien qu'un adolescent ne puisse faire les doigts dans le nez.

Mais jour après jour, heure après heure, les photos se multipliaient. La rumeur s'est mise à enfler, alors même qu'aucun journaliste sérieux ne se préoccupait de cette mode.

Et puis, un jour, alors que mon meilleur ami et moi nous baladions dans la Fuie des Vignes, à Alençon, celui-ci, sirotant une canette de soda d'une marque bien connue, s'arrêta à l'entrée d'un champ et se mit à... j'ai peine encore à le croire aujourd'hui malgré ce que je vis... il se mit à faire flotter puis à diriger dans les airs sa canette, comme s'il s'agissait d'une activité parfaitement banale et innocente.

Je n'en revenais pas, aussi ai-je pris cette photo pour preuve, et me mis en tête d'écrire ce billet, comme un témoignage que dès aujourd'hui, il est un fait acquis que certains humains possèdent le don de manipuler les métaux à distance.

Pourtant, malgré cela, personne ne me croit. Les sceptiques bornés prétendent tellement de choses : que j'ai utilisé Photoshop ou que j'ai juste eu la chance de faire une photo  parfaite pendant la chute de sa canette...
Que leur faut-il de plus ? Même les journalistes locaux n'ont pas cru à mon histoire.


Et si c'était vrai ? Si aujourd'hui, le genre humain était enfin capable de télékinésie ?
Et si les légendes urbaines d'Internet, toutes ces légendes urbaines raillées par tous, si elles étaient toutes vraies ?
Et si notre vraie nature restait encore à découvrir ?

vendredi 16 septembre 2016

Le chemin des mille possibles...


Le sais-tu, le comprends-tu, Frodon ?
Que ce chemin si beau, si grand, si long
Est à lui seul une fantastique aventure ?

Au-delà de la Comté, très loin de ses murs,
Voilà où ce si grand, si beau, si long chemin
Te conduira. Hors de notre pays de fées et lutins.

Ce même sentier te conduira en Mordor,
En Mirquebois, au Rohan et en Gondor.
Sur ce sentier, tu iras aux Monts de Fer
Où brûlent mille forges et feux d'enfer.

Enfin, cette route te mènera vers toi-même,
Vers qui tu es, vers ce que tu fais et aimes.
Aussi, arpentons la route, mon cher cousin.
Quittons maintenant notre aise et nos voisins...


Et partons à l'aventure, arpentons ce grand chemin
Le chemin le plus exaltant, le chemin de l'incertain...

lundi 12 septembre 2016

jeudi 8 septembre 2016

A l'ombre du Mans...


Je me suis toujours plu à Alençon. Ville de taille très modeste, elle est malgré tout une de ces villes qui ont une longue histoire à raconter à qui tend l'oreille.
Sa voisine du sud, Le Mans, n'a jamais eu droit à cet attachement de ma part. Pourtant Le Mans a tout ce qu'il faut pour être une ville où se sentir heureux. Pour commencer, elle est incomparablement plus riche qu'Alençon (et ne parlons pas du nombre d'habitants...), dispose d'une gare TGV et de trams, d'une faculté où beaucoup de jeunes Alençonnais font leurs études, et d'une histoire aussi riche qu'Alençon.
Comble du bonheur, son quartier historique est mieux conservé, plus typique et plus grand, comme la photo de cet article peut vous le suggérer...

Pourquoi donc n'ai-je pas d'affection pour Le Mans ? Parce que sa morgue m'a toujours effrayé. Une ville dont un simple quartier peut réunir autant d'habitants que la totalité d'Alençon, une ville grouillante de vie, grouillante jusqu'à l'étouffement, une ville tentaculaire (toutes proportions gardées, mais quiconque a passé sa vie à Alençon trouvera beaucoup de villes tentaculaires) aux innombrables recoins et trésors cachés, une ville comme Le Mans est définitivement trop grande pour le simple Alençonnais que je suis. Trop habitué aux villes à taille humaine, je ne pourrais pas vivre dans un endroit pareil, où le gigantisme le dispute à l'agitation permanente.
Alençon est une ville qui vit de plus en plus doucement, peut-être jusqu'à un jour mourir. Néanmoins cette torpeur a l'avantage de ne pas perturber mon rythme de grand-père avant l'heure.

Et... il y a aussi le plaisir incomparable de connaître une petite perle cachée, méconnue et injustement délaissée qui me fait prendre plaisir chaque jour à arpenter les rues d'Alençon. Les joyaux exposés au vu de tous, qu'apportent-ils réellement comme émotion ? J'irai plus loin : y a-t-il de la beauté à ce qui est montré, exposé, mis en avant ?
En clair, la beauté ne serait-elle pas soluble dans la popularité ?

dimanche 4 septembre 2016

La grande migration estivale des sylvains...


La grande migration estivale des sylvains est un phénomène curieux qui se produit dans toute forêt, près de tout bosquet, non loin de chaque arbre, arbuste et qui marque la montée au Ciel des âmes des sylvains, petits êtres magiques blanchâtres indispensables au bien-être des arbres, dans le but de retrouver leur équilibre originel avec la matrice qui les a vus naître tout au long de l'été. Ces derniers redescendent sur Terre auprès de leurs arbres fétiches au jour de l'équinoxe qui suit.
Phénomène curieux, en effet, car difficile à déceler et pourtant impossible à rater.
L'on dit que l'esprit de l'humain n'est ordinairement pas capable de voir cette migration annuelle, migration pourtant à l'origine de la fin de l'été et du début du long sommeil de la nature, privée de ses gardiens et confidents.
Pourtant il existe des moyens simples et puissants de contempler un instant cette grande migration.
Le plus connu consiste à s'abandonner complètement au sommeil sous un arbre au hasard et d'attendre que le vent du sud vous chatouille les esgourdes dans votre songe. Les rêves étranges et ésotériques vécus sous la ramure d'un arbre sont la principale source d'information que les onirologues les plus experts ont eu à rapporter sur cette grande migration.
Une anecdote connue à ce sujet est celle d'un certain Isaac Newton, qui, passionné d'occultisme, fit l'expérience de s'assoupir sous un pommier dans l'espoir d'observer une migration de sylvains. Mais si notre cher Isaac avait été plus instruit sur le caractère bourru des pommiers, jamais il n'aurait tenté sa sieste sous l'un d'eux. La pomme qui tomba sur son crâne en guise d'avertissement lui octroya toutefois une idée lumineuse qui, désormais, appartient à l'Histoire des Sciences.
Un autre moyen, moins connu et plus moderne -mon préféré- consiste à prendre une photo d'un arbre, comme celui que vous voyez plus haut. Avec un certain angle, parfois une légère rotation ou même un coup de zoom, il est possible de commencer à voir l'Invisible derrière les apparences.
Ce moyen nécessite toutefois de connaître les enchantements élémentaires rendant sensible le capteur de votre appareil aux émanations surnaturelles qui imprègnent le monde naturel. Rien d'insurmontable toutefois, bien que fastidieux si l'on manque de connaissances en la matière.
Enfin, une méthode plutôt archaïque consiste à asperger l'air autour de l'arbre d'ectoplasme dilué dans du saint chrême. Cette méthode a la palme de l'efficacité puisqu'en effet alors les âmes de sylvains deviennent momentanément matérielles -donc mortelles- et visibles à l’œil nu. 
Le principal défaut de cette méthode hautement contestable est qu'un nombre non-négligeable d'âmes de sylvains en vient à mourir dans l'opération, affaiblissant l'arbre en question et parfois même tous ses voisins.
Cette méthode a été interdite au XIe siècle par la papauté, constatant les ravages créés sur les forêts et bocages.

Quant à moi, je me suis permis de partager avec vous ce petit cliché d'une des migrations de sylvains normands tels qu'ils m'apparurent un beau jour de Juillet. Ne sont-ils pas.... Féeriques ?

Que la Lumière soit avec eux...

jeudi 1 septembre 2016

Les grandes orgues de Notre-Dame...


Qu'est-ce donc que cette curieuse boîte de bois ? me direz-vous...
Ceci est un soufflet, et pas n'importe quel soufflet. Un des soufflets qui font à présent à nouveau retentir les grandes orgues de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Profitez bien de cette image car ce n'est pas nécessairement tous les jours qu'il est donné d'en voir.

En réalité, j'ai suivi le remontage, pièce après pièce, des grandes orgues de Notre-Dame d'Alençon depuis le mois de Février 2016. C'était en effet un moment rare, les orgues n'ayant pas retenti en ces murs depuis l'adolescence de mes parents. Oh, ces orgues subirent mille tourments, vous n'imaginez guère à quel point... Des simples petites négligences aux outrages ravageurs du temps, elles subirent tant et tant qu'il fut récemment décidé de les restaurer. Une sage décision, car ces grandes orgues sont des orgues baroques, et il en existe relativement peu d'époque.

La tâche fut colossale, d'autant plus qu'elle requérait le savoir-faire d'un facteur d'orgues, ce qui ne court pas les rues, vous en conviendrez.
C'est aux soins d'un facteur d'orgues du Gers que la restauration fut confiée. Des mois et des mois de travail acharné, entre deux messes, dans la fraîcheur et la pénombre de cette basilique gothique, furent nécessaires pour qu'enfin les premières notes depuis quarante ans retentissent, courant Juin.

Je ne saurais vous montrer tous les clichés pris lors de l'assemblage. D'abord car beaucoup ne valent guère l'intérêt documentaire passé un bref coup d’œil. Ensuite parce qu'il y en eut beaucoup. Une séance photo par semaine pendant près de six mois, cela représente une somme de photos importante, et malheureusement souvent très proches les unes des autres.

Cela me permit néanmoins, par ma présence régulière, d'entrer petit à petit en contact avec l'équipe du facteur d'orgues. Les gens passionnés sont ainsi, ils adorent expliquer leur passion, leur métier, tout ce qu'il y a de merveilleux pour eux dans ce qu'ils font...
J'appris ainsi de précieuses choses sur ces orgues.
Saviez-vous, par exemple, que le buffet baroque de ces merveilles musicales, tout orné de figures diverses et variées représente une somme et une pression de travail colossale ? Vous rendez-vous compte que chacune des têtes ornant ce buffet fut sculptée directement... dans la masse ?



Par ailleurs, qui se douterait que de telles orgues, dans une si petite ville comme Alençon, puissent exister avec leurs plus de trois mille tuyaux; sifflets et hanches gigantesques... Ou simplement minuscules ?
Qui se douterait que plus de quarante registres puissent être joués sur ce seul et même instrument ? Qui penserait que les progrès de l'électronique habitent dorénavant cette splendeur de jadis ?

Des timbres les plus graves aux aigus les plus perçants, l'unisson d'un tel instrument est une chose qu'on sous-estime tellement.


Le 17 juin 2016, alors que j'errais aux alentours de la basilique, j'eus la chance d'être invité par le facteur d'orgues à visiter en détail les entrailles de ces instruments, à aller voir l'envers du décor, ce qui se cache derrière les tuyaux de montre, derrière le positif de dos et plus encore...

Que d'émotions devant les détails qui apparaissaient face à moi. Que de frustrations ai-je eu à constater le peu de lumière disponible pour immortaliser tout cela...
Oh, vous vous en doutez, pour une personne peu intéressée par la chose, cela aurait été d'un rébarbatif... Néanmoins mon guide fut de ces hommes qui, emportés par la passion qui les anime, savent rendre une explication vivante et captivante car, malgré la monotonie des tuyaux cachés dans la pénombre, il y a une vraie émotion, une vraie poésie dans le gigantisme de tels instruments.




Il y aurait eu tant et plus à faire dans les entrailles de ces grandes orgues... Tellement de photos, tellement de clichés, tellement d'images inoubliables pour qui disposerait de la lumière idoine.
Pourtant ce n'est pas de l'envers du décor dont les Alençonnais se souviendront.
Le remontage non plus ne restera pas dans toutes les mémoires. Beaucoup le suivirent d'un regard distrait.
Non, c'est, et ce sera toujours, la majesté, l'élégance de l'instrument, la pureté retrouvée de ses sons, sa jeunesse restaurée, ancrée enfin dans la modernité pour le plus grand bonheur des organistes locaux...


Et ce sera aussi l'assurance que ces orgues traverseront encore quelques siècles, léguées à nos descendants comme le témoignage que, sacrés ou profanes, l'art et la musique sont avant tout les reflets de ce qu'il y avait de beau en nous.



dimanche 28 août 2016

Exhortation aux Esprits...



Sylvestres, trolls et lutins,
Chênes, peupliers, sylvains.
Amis des bois et des forêts,
Revenez, vite ! Revenez !

Écouves se meurt peu à peu.
Voyez-vous dépérir ce lieu ?
Sans Esprits, que se passera-t-il ?
Ce n'est aujourd'hui qu'une île.

Une île perdue en pleine mer.
Une mer menaçant les cerfs.
Des cerfs sans leurs Esprits.
Vous, Esprits, que faites-vous ?

Quant à toi, Esprit de la forêt !
Ne te laisse plus jamais dévorer !
Etends ta ramure, tes racines !

Ou bien...

Que la forêt tombe en ruines !
Que le merveilleux se meure !
Que vienne l'Homme vengeur !

Si les Immobiles ne combattent plus,
Si les Esprits n'y vivent déjà plus,
Alors rangez-vous deux par deux !

Et puissent les Hommes peu à peu
Tuer le merveilleux...


mercredi 24 août 2016

L'assaut du Valhod...


Certaines nuits sont calmes comme un étang... D'autres sont plus agitées qu'une guerre.
Une nuit comme il en existe tant d'autres à Alençon, je pris la peine de sortir avec mon appareil photo et mon trépied en quête de jeux de lumière... Et peut-être aussi de secrets mystiques tapis dans l'ombre.
C'est rue Alexandre Ier, roi de Yougoslavie que je m'arrêtai, pensif, face à une de ces nombreuses nuits orange que seules les villes peuvent nous offrir.
Maugréant contre la pollution lumineuse, je mis malgré tout mon appareil en position pour saisir le peu d'étoiles dans le ciel d'Alençon, fis les réglages d'usage et appuyai sur le déclencheur.

Huit secondes plus tard, je vis naître sur mon écran une scène de bataille. Non. Une guerre. Une guerre entre divinités. Une guerre entre les dieux du Nord et les dieux du Sud. Une guerre qui me fit pressentir la fin d'une trop courte captivité.
Maintenant que mes yeux avaient perçu le chaos magique dans l'air, je voyais même distinctement des cyclones pâles ravager les cieux, des étincelles surgissant de nulle part, comme des chaînes que l'on découperait à la scie circulaire. Et je vis ce que peu de mortels virent jamais : je vis les auréoles divines se rompre en morceaux, en étoiles dorées ou bleu éclatées. Tonnerre d'averses d'or et d'argent.

Au loin, le ricanement du vent se fit soudain connaître, plus mordant, plus saisissant, plus dur que jamais.

L'évasion de Njörd avait réussi...

samedi 20 août 2016

Conversations amicales un jour d'été...


Ah ! Que j'aime Alençon en été, mon cher ami lutin. Il n'y a guère qu'ici qu'on peut voir de tels décors à la fois urbains et champêtres. Et pour l'instant, notre cher Njörd est embastillé, enchaîné, réduit à l'impuissance ! Il était temps, je commençais à désespérer du climat normand. Mais dis-moi, que fais-tu ici ? Je te croyais trop heureux dans ta forêt ?
Tu sais, Gilles, il y a beaucoup à faire avec l'été qui bat son plein. Tiens, par exemple, il faut semer les champignons pour l'automne prochain, abreuver les jeunes pousses qui ne se sont pas fait écraser ou manger par un chevreuil, réenchanter les ruisseaux qui parcourent Écouves pour attirer les Surnaturels nouveaux-venus, surveiller la population de ragondins afin qu'ils ne se multiplient pas trop, aider nos femmes à accoucher de nos enfants... Non, honnêtement, si je ne m'offrais pas de vacances de temps en temps par chez vous, je dépérirais de ne plus faire de blagues aux humains...
Allons bon, et quel genre de blagues fais-tu ?
Oh, cela dépend de mon humeur du jour. Tiens, hier j'ai dégonflé les pneus de la voiture d'un DRH un peu trop enthousiaste à l'idée de partir en vacances. Et il y a deux jours j'ai caché un chaton dans un placard rempli de victuailles. Oh, et si tu cherches tes chaussettes préférées, eh bien... J'espère que tu aimes les cataplasmes à la moutarde...
Mais ? Mais tu oses ? Décidément, je ne m'habituerai jamais à ton humour lutinesque... J'aurais pensé que la résolution actuelle du conflit avec Njörd t'aurait incliné à plus de camaraderie avec moi.
Ne t'y trompe pas, Gilles, je suis empli de camaraderie à ton égard. Mais c'est comme ça qu'on affirme notre amitié, entre lutins. On se fait des farces. Plus ou moins drôles, certes. Du moment qu'il n'y a pas de dégâts pérennes, c'est que tout va bien entre nous. Et puis nous ne sommes pas les seuls à nous amuser chez vous. Il y a aussi quelques trolls, sans oublier la fée des dents. Celle-là, elle fait exprès de laisser traîner des miettes de pain sur les moquettes de ceux qui ne lui ont pas offert de dents de lait depuis trop longtemps. Bon, d'habitude les gens se contentent de passer l'aspirateur, certes. Jusqu'au jour où elle perce le sac à poussières... Bref, rien de méchant à l'horizon, Gilles.
Néanmoins tu devrais un peu plus te méfier. Tu as entendu les rumeurs qui circulent à ton égard à Radon ? Tu ferais mieux de changer de terrier, pour les jours de pleine Lune. S'ils te trouvent un jour, ils te feront passer un mauvais quart d'heure. Et Commode n'est toujours pas revenu au Grand Nord, à ce qu'il paraît.

C'est vrai... Mais je ne me laisserai pas gâcher un bel été pour de telles broutilles.
Prends garde quand même, Gilles. L'été ne durera pas. Tu sais ce qu'on dit...

Oui. L'hiver vient.

mardi 16 août 2016

Ombres et lumières alençonnaises...



Peut-être ne m'avez-vous pas cru quand je vous ai dit, jadis, qu'Alençon était une ville de vert et d'eau ? En voici la preuve en image et en reflets aquatiques.
Certes, le vert ici n'est que suggéré par les bords de l'image, mais incontestablement vous ne pourrez plus le nier : Alençon est une ville d'eau. Arpenter les bords de Sarthe un jour d'été vous en convaincrait assurément. C'est ce que je faisais au moment de prendre cette photo. Oh, bien sûr, il y a les "trucs" des photographes pour magnifier le quotidien, pour faire resplendir un regard qui, au départ, n'est que très banal.
Mais comme beaucoup de bons photographes vous le diraient, il n'y a que deux types de personnes qui peuvent s'ébahir devant ce qu'elles voient aux détours des rues d'une ville :
D'abord, le touriste, celui qui n'arpente ces rues qu'une fois l'an au mieux. Celui-ci sera d'autant plus émerveillé que l'endroit qu'il visite ressemble peu à sa ville de résidence.
Et puis, il y a le vieux briscard. Celui qui arpente la ville depuis des dizaines d'années. Celui qui, à force de laisser traîner son regard sur des bâtiments qu'il connait depuis sa tendre jeunesse, finit par tellement les connaître qu'il redécouvre incessamment la façon de les voir, avec presque un œil neuf et pourtant sa connaissance aiguë du terrain, des ruelles obscures et des portes dérobées cachées un peu partout.

Celui qui habite la ville depuis quelques années comme celui qui n'a jamais exercé son œil dans sa propre ville ne verra assurément pas son habitat avec cet émerveillement. Voyant sa ville comme un simple décor devant lequel il passe et repasse sans y prêter attention, il ne verra ni les merveilles nichées dans les murs, ni les reflets sur l'eau, ni les jeux d'ombre et de lumière pourtant sous son nez.

C'est pourquoi il est plus qu'urgent, de nos jours, que chacun prenne le temps d'observer Alençon avec un regard neuf.
Que l'on soit simple visiteur occasionnel de la Cité des Ducs ou qu'on fasse partie du décor citadin à force de l'avoir fréquentée, Alençon est une ville au potentiel de beauté presque illimité !



... A condition d'ouvrir les yeux.

vendredi 12 août 2016

lundi 8 août 2016

Rêvez !


Deux heures qu'il me narguait, ce vulcain ! Deux heures, et pas une de moins, à photographier sans relâche le moindre de ses battements d'ailes. Deux heures sous un cagnard aussi dur qu'inattendu après ces mois de frais et d'humidité constants.

...Mais peut-être attendez-vous avec impatience un de ces billets emprunts de douce folie, de légèreté et de fantaisie ?
Peut-être vous attendez-vous à quelque délire littéraire autour des capacités étonnantes de ces insectes ? Peut-être sont-ils des passeurs d'âmes ou quelques collaborateurs discrets des puissances secrètes de ce monde ? Peut-être sont-ils en lien avec Njörd ou Farceur et Nettoyeur ?
Peut-être, en effet. Et peut-être sont-ils simplement des insectes tout ce qu'il y a de plus banal et inoffensif. Peut-être sont-ils de bêtes et néanmoins magnifiques butineurs surgissant lors des beaux jours ?
Oui, peut-être le sont-ils aussi. Et peut-être sont-ils à la fois mystiques et triviaux.
Nous pensons trop souvent en oppositions binaires. Le bien et le mal, le rationnel et l'irrationnel, la vie et la mort, l'animal et l'humain, l'intelligent et le bête, le beau et le laid.

Pourtant, chacune de ces oppositions est sidéralement inepte. Il suffit de voir les choses avec le bon œil pour examiner chaque facette d'une réalité à la fois complexe, effrayante, simple et séduisante.
Quiconque verrait un papillon au microscope électronique le trouverait affreux. Nous le trouvons pourtant presque tous beau.
Quiconque a déjà examiné un corps fraîchement mort n'a pu que constater le continuum que sont la vie et la mort.
Quiconque a déjà observé des fourmis a pu admirer leur intelligence et quiconque s'est posé seul sur un banc de longues heures durant a pu déplorer notre bêtise.
Quant au bien et au mal, je vous laisse seuls juges...

Que déduire de ces réflexions papillonnantes ?



Qu'en définitive, l'imagination n'est rien et tout à la fois. Comme un passe-partout correspondant à des milliers de portes, elle est une voie royale vers le monde de tous les possibles...
Voyez ces portes entr'ouvertes au sujet des histoires possibles à partir d'un simple papillon. Approchez, entrez et, cette fois-ci, rêvez par vous-même : développez votre propre réflexion autour de ce papillon, qu'elle soit plus fertile que les boues du Nil ou plus rationnelle qu'un bilan comptable.
Sans contemplation, l'imagination n'est rien, et mes textes, vidés de leur substance.




Aussi, je vous en prie : rêvez !