lundi 28 décembre 2015

Tout n'est qu'équilibres...


Tout n'est qu'équilibres.
Entre haines et peurs,
Tristesses et bonheurs,
Tout n'est qu'équilibres.

Car celui qui est libre,
Qui vit en vrai amateur,
Qui aime à toute heure,
Dont l'espoir vit, vibre...

Cet être, au crépuscule,
Entre ombres et clarté,
De souillure à pureté,

Cette âme majuscule
Révélera votre beauté
Lors d'un éternel été...





Adieu, 2015...
Vivement 2016 !

jeudi 24 décembre 2015

Marchons au marché...



ALLEZ, VENEZ MESDAMES ET MESSIEURS ! LE KILO DE COURGETTES À UN EURO ! LES POIREAUX DE MON EXPLOITATION SONT FRAIS DE CE MATIN ! VENEZ MESDAMES ET MESSIEURS !

Gilles aimait bien se balader au marché, le jeudi matin. Les vendeurs de produits frais renchérissaient de rengaines alléchantes, la queue à l'imposante caravane de monsieur Guilmau, le boucher, s'allongeait au fil des minutes... Et bien sûr les badauds, tous autant qu'ils étaient, arpentaient la place du Plénître et la place Lamagdelaine... Tout cela était un théâtre matinal fort plaisant. Ici, les cris du poissonnier se heurtaient aux accroches du charcutier, telles de puissantes vagues contraires. Là, un vendeur de T-shirts fantaisie paradait avec les nombreux motifs que ses produits possédaient devant trois clients fort intéressés, alors que quatre autres se bousculaient devant un même coin de son étal.
Place Lamagdelaine, le marché de Noël régnait en maître, avec son vin chaud, ses décorations chatoyantes et kitsches, ses vendeurs de produits locaux, ses ballons de baudruche que de jeunes enfants emmitouflés dans des doudounes trop grandes pour eux tenaient en main les yeux émerveillés...

Ce jeudi-là, Gilles n'était pourtant pas sur le marché. Il n'arpentait pas plus les autres rues d'Alençon en quête de belles images à prendre.
Il aurait bien pu, mais ce n'était pas le jour adéquat.
Tant pis pour la salade du jour...

Car en effet, à cette heure, Gilles venait de sonner à la porte de ses parents, arrivé peu avant sa sœur, sa nièce et l'heureux père de celle-ci.
La fraîcheur de l'air rajoutait à la tranquillité et au solennel de cet instant.
En ce jour, Gilles fêtait en famille la promesse d'un printemps qui ne mettrait, si les anciens dieux le voulaient, que trois mois à se manifester.


Espérant une belle journée, Gilles ne prit que deux précautions : quelques incantations dont il avait le secret... Et un petit mot sur ce blog, pour que quiconque amené à le lire prenne le temps de sourire...



JOYEUX NOËL !
(Certes, Noël c'est demain, ET ALORS ?)


dimanche 20 décembre 2015

Dans les ombres de l'hiver...


Nuit noire sous la voûte.
De faibles lueurs oscillent
Au rythme des psaumes.

Plop ! une grosse goutte de cire tombe
Tandis que le bourdon sonne ! 

mercredi 16 décembre 2015

Conciliabule à Goult...


Une semaine plus tôt, j'avais reçu un curieux courriel, signé d'un sibyllin "B.", au contenu surprenant. En effet l'adresse de l'expéditeur était une de celles que d'obscurs pirates informatiques se refilent sous le manteau afin d'accomplir leurs basses œuvres de chapeaux noirs. Or ce "B." me connaissait de toute évidence, alors même que le milieu des pirates informatiques ne pouvait me connaître ni de près ni de loin.
Tout à mes réflexions, je relisais une fois de plus le contenu de ce courriel, devant le lieu du rendez-vous fixé ce mardi 15 à 16h sonnantes. Quel hurluberlu irait se ficher dans un endroit pareil ? La chapelle de Goult n'était clairement pas un endroit habituel pour un "hacker".

Monsieur Gilles,

Nous nous sommes rencontrés durant le mois d'Octobre. Comme convenu, je vous adresse rendez-vous en la chapelle de Goult mardi prochain à 16h précises. Entrez seul et asseyez-vous sur le premier banc à droite. J'ai besoin de m'entretenir avec vous dans un lieu discret.

Sincères Salutations,
B.

Fermant prestement l'application Gmail de mon smartphone, je poussai la lourde porte de bois de la chapelle et entrai d'un pas hésitant dans la pénombre.
Je ne vis sur l'instant personne, mais en m'asseyant à l'endroit indiqué, je fus surpris de sentir dans mon cou le souffle aviné de quelqu'un...

... Bruno.

- Bonjour, monsieur Gilles. Je vois que vous êtes à l'heure, c'est bien. Je crains que nous n'ayons pas eu le temps de nous entretenir suffisamment longtemps lors de notre dernière rencontre... Et j'ai deux choses pour vous : un service rendu et un service à rendre. 

Se relevant, Bruno vint s'asseoir tout à côté de moi, d'un air décontracté et néanmoins... étrange.


- Que voulez-vous ? Vous... Vous n'êtes pas un homme normal, n'est-ce pas ?

- Peu importe qui je suis, monsieur Gilles. L'important c'est que je puis vous aider, et que vous pouvez m'aider. Car, voyez-vous, les rumeurs circulent vite dans les environs. Je sais de quel mal vous êtes atteint depuis votre prime enfance. Je connais le moyen de vous en délivrer... Si vous daignez me rendre un tout petit service. Trois fois rien, et néanmoins beaucoup pour moi.


- Qu'est-ce qui me dit que vous pouvez m'ôter cet enchantement ? Depuis des centaines d'années de vie sur cette terre, personne n'a su me désenvoûter... Et je ne suis d'ailleurs pas sûr de vouloir m'en séparer, vu les nombreuses occasions où cet enchantement m'a été utile.


- Ah, monsieur Gilles, si ce n'est que cela, je puis simplement rendre cet...enchantement plus discret. Il est important pour votre propre survie qu'il le soit, car vous le savez... L'hiver vient.
Vous ne souhaitez tout de même pas affronter toute la puissance déchaînée de l'hiver sur votre petite personne ? Et je ne vous parle pas de ce qui arriverait à votre chat.

À ces mots, un courant d'air aigre et glacial hurla à travers l’entrebâillement de la porte, accompagné par le grincement des gonds millénaires qui la soutenaient.


- L'hiver vient... Avec lui s'éveillera Njörd, n'est-ce pas ? ...Je crains d'être embarqué dans une histoire qui me dépasse... Et j'entrevois un mythe derrière votre masque. Que voulez-vous ?



- Rien de bien difficile pour un être aussi puissant que vous, Gilles, vous vous en doutez.
Je souhaite simplement que vous alliez libérer chez un de vos amis du village de Radon deux boucs qui sont chers à un de mes fils. Je les ai égarés il y a longtemps et maintenant qu'ils ont refait surface, je n'aspire qu'à les lui rendre... Mais je redoute d'approcher d'Écouves en ce moment; depuis cette histoire de bête affamée, j'y suis pratiquement persona non grata. Faites attention, vous aussi, tout de même... Il ne fera pas bon rôder par ici demain.


- Je n'aime guère être votre pantin, Bruno... J'ose espérer que vous ne me filouterez pas le moment venu. Je pourrais moi aussi avoir une botte secrète qui vous est réservée.


- Gilles, voyons... Ceci est important pour vous, mais vital pour moi... Et pour ma famille. Vous ne le regretterez pas. Je le jure sur mon petit Gami.


Pensifs, nous regardions ensemble le vent qui faisait trembler les vitraux de l'endroit... A quoi allais-je devoir m'attendre ?

Bruno se tourna vers moi et, prenant mon bras, me chuchota sur un ton angoissé :


- Gilles, faites vite, car n'oubliez pas : l'hiver est proche !

samedi 12 décembre 2015

La Bête...

Au cœur de la basilique, tout semblait calme, apaisé.
Pourtant, dans l'âme de Gilles, resté en arrière après la sortie des ouailles et du Père Clément, résonnaient encore les mots, menaces, imprécations de ce curé...

Mes bien chers frères ! L'heure est grave, car en effet Satan frappe à notre porte. Je ne vous ferai point l'offense de vous rappeler quels horribles événements ont eu lieu cette semaine ! Cette barbarie, cette sauvagerie, sur une pauvre fillette de douze ans ! Puisse son âme connaître la paix éternelle et Dieu l'accueillir en son sein.
Mes frères ! Après en avoir conféré avec Monseigneur l’Évêque et Père Baptiste, l'exorciste... Et par la volonté de notre Seigneur Tout Puissant Jésus Christ, l’Église appelle la bonne population du diocèse à la révolte contre les Forces du Mal ! Nous devons trouver cette bête infâme qui assassine, égorge et massacre sans vergogne les plus pieux de nos enfants ! Ce monstre doit être détruit coûte que coûte, car c'est un monstre, un démon n'en doutez pas ! Invoqué par de mauvaises gens, adeptes de l'occultisme païen le plus débridé, oui ! Le groupement de gendarmerie de l'Orne appelle lui aussi à la mobilisation ! 

Que les chasseurs prennent leurs armes ! Que les laïcs de notre bonne Église organisent la mise à l'abri de tous les villages d'Écouves. Dès demain, deux prêtres dominicains me rejoindront afin de bénir l'eau qui piégera la Bête à l'intérieur d'Écouves et de sanctifier les munitions qui la tueront.

C'est à toute la communauté chrétienne de l'Orne de faire œuvre de pénitence et d'une grande piété ! S'il en est parmi vous qui ne se sont point confessés, je vous encourage à me voir dès la fin de la messe, pour que vous vous soulagiez de vos péchés.
Car oui, le démon est à nos portes ! Je le dis : Satan a trop longtemps manipulé de braves chrétiens, les amenant à ne croire en notre Seigneur et Sauveur qu'aux occasions des mariages et des enterrements. J'en vois certains dans nos rangs, présentement.
Qu'ils soient confortés dans leur décision de retrouver la foi pure et véritable en notre Sauveur le Christ. Ces derniers seront aussi attendus au confessionnal, s'ils souhaitent se purifier et être sauvés.


Mes frères ! Les massacres commis à Écouves ne sont pas l’œuvre d'un déséquilibré ou d'un animal sauvage égaré, quoi que vous en pensiez.
Ensemble, nous vaincrons le Démon qui rôde dans la forêt... Ou que Dieu nous ait en sa Sainte Garde...

À présent prions pour notre salut ! Prions pour la réussite de la battue de mercredi prochain ! Prions pour nos âmes et celles des courageux chasseurs et gendarmes qui iront la traquer jusque dans sa tanière s'il le faut ! 

Ô Notre Seigneur Jésus Christ...


Gilles se tenait devant les fonts baptismaux, observant son reflet. Des pas retentirent non loin. Gilles se détourna prestement de sa contemplation et, alors qu'il prenait le chemin de la sortie, sentit le regard lourd de suspicion du Père Clément, alternant entre les eaux lustrales et sa nuque.

La prochaine pleine lune s'avérait dangereuse...

mardi 8 décembre 2015

L'Automne s'en va...

L'Hiver vient.

L'Hiver vient et déjà le froid envahit nos contrées tempérées. Ce n'est pas pour me déplaire : le froid piquant de Janvier a quelque chose de vivifiant, quelque chose de revigorant.
Cette période sonne aussi comme un appel de la Mort. Jadis, nombreux étaient les plus âgés à ne pas passer l'Hiver. De nos jours, cette expression est moins véridique; nous ne manquons en effet ni de chauffage ni de techniques médicales pour égaliser les périodes de décès. Pourtant l'Hiver est toujours une période critique pour nos aînés.

Pourtant ce ne sont pas le Froid ou la Neige qui masquent la marche de la Mort.
La Mort se drape dans les linges de la Nuit. Cette Nuit qui avance à grands pas à notre rencontre.
La Nuit de tous les cauchemars, de toutes les angoisses.
La Nuit des démons, cachés sous les lits, dans les malles, les armoires, qui font grincer les portes, les escaliers, font claquer les volets et qui cachent la douce lueur de la Lune.

La Nuit, oui. La Nuit vient sur nous.

Se pourrait-il qu'un jour elle ne parte plus jamais ? Elle qui s'annonce par l'avancée de l'Obscurité dans le cœur des Hommes ?

La Nuit Éternelle approche. Craignez-la et préparez-vous...

vendredi 4 décembre 2015

Les conseils mal avisés du Tonton...


Qu'est-ce que je vous sers, messieurs ?

- Un chocolat viennois, s'il vous plaît !

- Vous avez quoi en pression ?

De nos jours, l'alcoolisation responsable se perd. Oh, certes, il y a eu de tous temps des alcooliques, des gens sobres et des buveurs raisonnables.
Mais je suis au regret de constater que de plus en plus de mes concitoyens perdent le goût des bonnes choses.
Les buveurs au goût sûr se raréfient, mais plus encore les buveurs d'alcools de mauvaise qualité se multiplient.
Ce n'est pas qu'une vue de l'esprit, les nouveaux rites liés à l'alcool dans de très nombreuses grandes écoles et dans les facultés de médecine ont tôt fait d'apprendre le goût de l'ivresse plutôt que le goût lui-même des différents alcools.
Surtout, il n'apprend en définitive que l'envie de boire beaucoup, si possible à un haut titrage, sans se préoccuper de la qualité de la boisson.
Pourtant, il est clair qu'un apprentissage au goût des bons alcools est la première étape d'une lutte efficace contre les accidents de la route liés à l'alcool, contre les délits liés à l'alcool ainsi que, dans une certaine mesure, contre l'alcoolisme.

Les bons alcools sont rarement des alcools faciles à boire. Ceux qui le sont se paient chèrement ensuite en luttes intestines.
Même le cidre, le fameux alcool normand, n'est pas un alcool aussi facile à domestiquer lorsqu'il est de qualité.
Il reste toujours terriblement tentant d'en vider une bouteille entière à deux, certes.
Fort heureusement, le cidre et le poiré font partie de ces bons alcools qui se paient sur le trône. Ainsi le corps s'arrête-t-il de boire bien avant qu'on en devienne ivre mort.

Je pense pouvoir me considérer comme un buveur très raisonnable. La raison ? Je ne bois d'alcool qu'occasionnellement, généralement dans des contextes festifs familiaux, rarement au bar, mais surtout je savoure mon unique verre.
Qu'il s'agisse de champagne, de cidre, de bordeaux, de poiré, de pommeau ou même de bière, il me paraîtrait triste de boire des alcools de piètre qualité, d'autant plus que je m'astreins à un seul verre en tout.
Aussi, il est bon de prendre une qualité plus élevée. Quitte à n'en prendre qu'un peu et occasionnellement, autant en prendre aux arômes riches.

Mon père, le jour de ma majorité, m'invita à prendre ma première bière dans un bistrot bien connu d'Alençon et m'énonça cette maxime qui restera à jamais dans ma mémoire : "Fils, n'oublie jamais que la bière se boit à l'unité, car c'est toujours la première la meilleure.".
De bien sages paroles que je me suis empressé d'appliquer à toutes sortes d'alcools.

Et justement c'est une bière de même genre que ma toute première que me voici en train de humer et de savourer dans ce bar, bien assis sur cette banquette rouge, toujours fidèle à ma légendaire sobriété, et...


Heulà ! Déjà vide ?
Patron, un autre distingué pour bibi ! Mettez ça sur mon ardoise, je reviendrai demain matin la payer avec ma conso du jour !

Et un distingué pour Gillou ! Un ! Mais n'oublie pas de payer cette fois !


 [ndTontonGilles : Ne rions qu'un court instant, les enfants. L'alcool est à consommer avec modération, sérieusement. Profitons d'un seul verre d'alcool par jour, profitons de bons alcools dans de bonnes conditions, en refusant la tentation du second verre. Voici comment l'on devient un adulte responsable et conscient des dangers qu'entraînent l'abus des bonnes choses. Et n'oubliez pas qu'entre boire et conduire, il est impératif de choisir. De plus, si l'alcool devient un besoin plutôt qu'un plaisir, consultez. Il en va de votre santé. Sinon vous pouvez aller sur Alcool Info Service.
Enfin, sachez que ce billet n'est pas une publicité cachée. J'ai simplement pris en photo la bière qui seyait le mieux à mes goûts dans un bar donné. Après tout, je prends ce que je veux en photo !]


mardi 1 décembre 2015

Plus de 50 nuances de divinités...



Au nom de la Lumière Divine, tant de jugements arbitraires furent rendus...

Au nom de la Lumière Divine, tant d'injustices frappèrent des humains cousus de paradoxes et de contradictions.


Au nom de la Lumière Divine, tant d'augustes et froids palais, dentelés de pierre resplendissante, furent dressés afin de conjurer les Ténèbres du Démon.

Au nom de la Lumière Divine, tant d'austères inquisiteurs chassèrent l'impie, le faux converti, le sorcier, l'hérétique et les diables en eux.


Oui, au nom de la lumière divine, il y eut beaucoup d'errances dressées comme remparts contre le Mal.


Mais le Mal n'est-il point dans les détails ?

Le Mal n'est-il pas aussi pavé de bonnes intentions ?


Si nous nous fiions à l'optique chrétienne, si nous suivions leur logique jusqu'au bout... Les torts faits au nom de cette lumière divine n'ont-ils point projeté une ombre...Maligne ?

À chaque Lumière équivaut une même part de Ténèbres opaques.


Dieu se situe-t-il réellement dans la Lumière éclatante de midi ? Dieu résiderait-il avec joie dans de splendides palais blancs ? Dieu demanderait-il réellement de pourchasser quiconque n'épouserait pas sa façon de voir le monde... en noir et blanc ?


S'Il a créé le monde et l'Homme à son image, et s'il est exact que nous ne sommes que nuances de gris (plus, beaucoup plus que cinquante, ceci dit), Dieu peut-il seulement se draper dans une Lumière éclatante ?


Moi qui vous parle, j'ai un jour rencontré un dieu. Oh, certes, guère un dieu Unique. Un de ces vieux dieux qui attendent de dire leur dernier mot dans le grand ballet mondial. Tout de même, j'ai un jour rencontré un dieu.

Celui-ci se cachait au milieu de stèles grises, avait pour compagnon un chat gris, se drapait dans des haillons gris, portait une barbe grise, et était lui-même un peu gris...




Faut-il avoir peur d'un Dieu qui colore le monde en noir et blanc ? Certainement. Le révérer comme seul et vrai Dieu ? Ceci est un choix personnel.

Néanmoins, vous ne m'ôterez point de la tête l'idée que la véritable valeur des dieux est une valeur de gris...