mercredi 28 juin 2017

Canicule...


Quelle après-midi de feu !

Il est bientôt 18h et le soleil, toujours haut, continue de darder ses rayons brûlants sur la ville d'Alençon...
R.G. et moi-même revenons d'une longue marche photographique à travers la ville et les alentours. Malgré notre approvisionnement conséquent en boisson, la soif se fait sentir; nos bouteilles sont toutes vides.
Nous ne sommes d'ailleurs pas seuls à ressentir la douloureuse angoisse de nos organismes déshydratés : tous les bars de la ville sont remplis. Pas une place de libre en terrasse.
Nous décidons de prendre le chemin vers le Café du Théâtre, l'un de nos endroits favoris, et incontestablement le plus apprécié quand il nous prend l'envie de boire un expresso.

Hélas, comme partout ailleurs, le bar est assailli par les badauds assoiffés. La chance est cependant avec nous; alors que nous allions repartir, une place se libère !
Ce n'est pas l'heure de l'apéritif, et nous sommes d'ailleurs à la fois bien trop raisonnables et bien trop fatigués pour boire de l'alcool après une balade de 25 kilomètres. Nous commandons alors chacun un soda d'une célèbre marque rouge et blanche.

Nos bras commencent à prendre des couleurs. Heureusement nous avons le cuir épais et déjà renforcé par de nombreuses marches printanières sous des soleils plus cléments.
Le serveur nous apporte nos consommations. R.G. et moi-même trinquons à notre balade, la plus longue jusqu'alors, sans nous douter que, cinq jours plus tard, nous exploserions ce record de sept beaux kilomètres supplémentaires sous un soleil encore plus caniculaire...

Nos sodas résonnent dans nos corps comme une manne céleste inespérée. La fraîcheur de nos boissons et le pétillant du gaz carbonique sautant à la surface de nos verres sont autant d'instants de félicité.

Il ne me reste plus beaucoup à boire. Je me laisse tenter par cet étrange plaisir de manger le restant des glaçons, croquant à pleines dents ces petits icebergs. Chaque miette tombant dans ma gorge exalte un peu plus mon corps en pleine surchauffe. Je suis pleinement satisfait de moi.
R.G. m'adresse un sourire et quelques rêveuses réflexions...


Nous allons prendre un second soda...

samedi 24 juin 2017

Nous en avons à Sées...


Sées.
Il est tard à présent. Aux côtés de l'une des membres du club photo de Courteille, équipé de mon fidèle appareil et d'un zoom grand angle, j'arpente la place de la cathédrale en direction de la mairie.

Cette sortie dans la cité des évêques de l'Orne, je ne l'avais pas prévue. Deux jours auparavant, elle m'avait proposé de l'y accompagner. Etant tous deux de la même génération, partageant par ailleurs la même passion pour la photo, il était naturel que nous nous entendions bien. C'est ainsi que j'avais atterri là, un soir de début juin, entre deux averses.

L'heure bleue s'étend à présent au-dessus de nos têtes. Il ne fait ni franchement nuit ni véritablement jour. Nous aurions bien aimé voir les illuminations de la cathédrale, pourtant cette dernière reste désespérément plongée dans les ombres du soir.

Une autre averse recommence doucement à tomber. Aucune importance; je suis déjà trop trempé pour en être incommodé. Je pense toutefois à mon appareil, priant pour que son traitement tous temps tienne ses promesses.
La mairie vient de s'illuminer, et ça, c'est une occasion trop belle pour la rater. Bien que de nombreuses voitures stationnent sur le parc devant la belle bâtisse, je décide de prendre la photo. Après tout, elles aussi sont plongées chaque minute un peu plus dans le noir.

Je m'approche encore. Montant les quelques marches qui me séparent du perron de l'édifice, je lève la tête au ciel, lis l'immense écriteau affichant "Exposition", vois le drapeau français flotter au vent de l'orage qui s'annonce, remarque la parfaite symétrie de la façade et tente une autre photo.
J'ai beau savoir qu'il est inutile de prendre trop de photos d'affilée, j'en assure une seconde, prenant davantage garde à la rectitude de mon cadrage. Peu importe, j'aurai le plaisir immense de passer du temps à les trier demain.

Le temps passe...
Nous avons beau savoir que la cathédrale devrait s'allumer tôt ou tard, nous décidons de rentrer. Il commence à faire froid, le vent se lève et perce nos os jusqu'au bout de leur humidité.

Au-dessus de nous, un ciel tourmenté continue ses lamentations...

mardi 20 juin 2017

Les vignes d'Alençon...


Alençon résonnait encore du vacarme de la dernière averse.
Timidement, le soleil reprenait ses droits.
Quelques gouttes, çà et là, tombaient encore malgré un ciel dégagé de plus en plus franc.
Le long de la rue Labillardière, le bitume, encore détrempé, séchait à vue d'oeil.
Pendant ce temps, je marchais, pensif, songeant à la prochaine photo que je prendrais.
Au tournant de la rue, m'engageant vers le centre-ville,  je croisai le chemin de quelques courageux piétons n'ayant pas redouté les pluies d'orage. Peut-être avaient-ils été surpris par le temps. Peut-être avaient-ils un rendez-vous à honorer. Peut-être étaient-ils simplement, comme moi, insensibles à la météo. Nous sommes un jour en "di" et tous les jours en "di", il est nécessaire de marcher.
A ces heures, alors que le tantôt bat son plein, la ville bruisse légèrement au rythme des pas des retraités qui arpentent ses nombreuses rues et au son de quelques véhicules. L'heure de pointe approche lentement. Le temps des bouchons et des apéros dans les bars du centre-ville n'est pas encore venu. Elle semblerait presque endormie, cette belle cité, endormie à l'heure de la sieste...
Pourtant, dans les nombreux bureaux, agences, écoles, administrations, services publics, des milliers de fourmis s'activent au nom de leur indépendance financière. Quiconque ne pénètre pas dans ces bureaux ne pourra se douter de l'agitation sourde qui règne aux heures où les retraités sont de sortie.

Passant sous les vignes des bords de Sarthe, via une petite portion urbaine du chemin vers le Mont Saint-Michel, un trait de soleil m'éblouit à travers les feuillages suspendus.
Je m'arrête un instant. La chaleur et la lumière du soleil apaisent mes paupières closes. Un léger vent sifflote à mes oreilles.
Mes yeux se rouvrent, contemplant les vignes suspendues, le ciel et les nuages. Petit à petit les couleurs naturelles et les détails de cette scène me reviennent. Je remarque enfin ce que je savais inévitable; des perles de pluie séchant sur le dessus des feuilles, dessinant par transparence de bien belles ombres blanches et grises sur une dominante d'un vert tendre...

Il est temps de prendre mon appareil photo.
Quelques réglages rapides. 1/640e de seconde plus tard, le miroir de mon viseur se repositionne.
Je sais, avant même de l'avoir vue sur écran, que j'aimerai cette image... Peut-être sera-t-elle intéressante en noir et blanc. Ou peut-être la couleur seule révélera sa grâce.

Il me reste à continuer mon chemin...

vendredi 16 juin 2017

Peuplier...


Peuplier, que fais-tu ?
Peuplier, que vois-tu ?
Peuplier, qu'entends-tu ?
Peuplier, que ressens-tu ?

Peuplier, quel goût a la terre ?
Peuplier, que te chante l'air ?
Peuplier, que t'apporte l'eau ?
Peuplier, quels sont tes maux ?

Peuplier, étends ta cîme !
Peuplier, voici notre dîme !
Peuplier, tel est notre hommage
Peuplier, sage parmi les sages.

Toi grâce à qui l'homme comprend
Combien il faut prendre son temps.

lundi 12 juin 2017

Lik'Orne...


- ... Et à ce moment-là, elle surgira sur scène, peinte en rose et violet, montée par Edrik. Là le technicien lancera les flammes et les feux de Bengale. Vous, vous resterez en arrière pour vous assurer qu'elle ne disparaîtra pas. Ça va être du tonnerre et grâce à vous, nous ferons les premières pages de l'ensemble des journaux de Metal ! Ça va ? Vous êtes prêts ?

- Je n'ai jamais été d'accord pour cette mascarade, Ragnar. Ces créatures ne sont pas censées être des monstres de foire, encore moins des montures pour metaleux barbus de 150 kg ! Vous êtes conscient des risques que vous faites prendre à votre bassiste ?

- Y a pas plus pur d'âme qu'Edrik, monsieur. Baptême, première communion, confirmation, enfant de choeur et tout le tralala... C'est à se demander comment il a fini par devenir un si grand joueur de pagan metal !

- Mouais... Je vous rappelle que ces bêtes n'aiment pas trop les effluves de houblon et votre Edrik a tendance à en vider un petit litre avant chaque concert... La bière est peut-être bonne pour la récupération, mais en ce qui me concerne, je vais avoir beaucoup de mal à ne pas la faire ruer.

- Ne dites pas de bêtises ! Vous êtes le meilleur de toute la Normandie en matière de contrôle mental. Ce sera facile pour vous... Et puis vous aussi, vous serez à l'affiche demain matin. Le monde des Surnaturels ne va parler que de vous après ça !

- Estimez-vous heureux d'avoir de meilleurs moyens de pression que la bière et la gloire pour m'avoir poussé à accepter, vil félon... Vous le savez, tôt ou tard j'aurai ma vengeance. Je me venge toujours...

- Peut-être, mais en attendant, c'est moi qui mène la danse ! Alors profitez du temps qu'il vous reste pour la soumettre. Faites-vous une migraine s'il le faut !

- ... Très bien. Mais ne comptez pas l'utiliser pour un de vos rituels déjantés; après le concert je la relâche en Ecouves, là où elle n'aurait jamais dû être capturée.

- C'était une exception ! Une telle aubaine ne se renouvellera pas de sitôt. Et que serait notre festival si nous rations une pareille mascotte ?
Après tout, nous sommes au festival Lik'Orne !

- Amenez-la-moi qu'on en finisse, et puissiez-vous aller au Diable, tous autant que vous êtes !



- Oh mais...

... Nous en venons, justement ! Bonne préparation, Gilles !

jeudi 8 juin 2017

Lumière...



Lumière,
Tu es partout.

Lumière,
Tu éclaires tout.

Lumière,
Par-devant.

Lumière,
Par-derrière.

Lumière,
Chevauchant

Lumière,
Le ciel, le vent.

Lumière,
Toujours solaire.

Lumière,
Toujours fière.

Lumière,
Même à travers

Lumière,
L'esprit des fous.

Lumière,
Tu nous éclaires !

Lumière,
Est-ce toi ? Avoue,

Lumière,
Qui fut la Première

Lumière,
A apparaître

Lumière,
Et sera la Dernière

Lumière,
A disparaître ?

dimanche 4 juin 2017

Rétrospective psycho-photographique...



On sous-estime trop souvent ce que peut nous apporter autrui.
Il y a de cela presque deux ans maintenant, j'intégrai pour la première fois de ma vie un club de mon propre chef, bien que quelque peu incité par mon entourage et mes médecins. Tous voyaient d'un très bon oeil cette idée de m'inclure dans un groupe partageant une passion commune. Tous me répétaient à l'envi qu'en outre, cela serait un vecteur de progrès  personnel  à tous points de vue, à commencer par la photographie. Il s'agissait effectivement d'un club photo.

Dire que j'ai franchi le seuil à reculons serait mentir, mais de toute évidence, je n'y allais pas en toute confiance, échaudé que j'avais été durant mes jeunes années par des expériences malheureuses au contact de jeunes gens de ma génération, y compris dans le cadre périscolaire.
Pourtant, Dieu seul sait pourquoi, le premier jour où je pris contact avec le club photo de Courteille, j'osai l'impensable ; au cours d'initiation, alors que je n'étais qu'une nouvelle tête apparue subitement quelques minutes auparavant, je proposai au professeur d'éventuellement regarder quelques photos que j'avais sur ma clé, dans ma poche.

Etait-ce une technique du "ça passe ou ça casse" ? Etait-ce le résultat d'une alchimie si particulière, celle de la rencontre entre un professeur à la barbe fleurie prompt à mettre à l'aise tous les arrivants et un nouveau venu agréablement surpris par l'ambiance se dégageant de l'endroit ?
Etait-ce un coup de folie ? Un éclair de lucidité ? Un moment d'égarement ?

Peu importe, ce fut le premier doigt mis dans l'engrenage et celui-ci entraîna un second, pour embarquer au final la main, le bras, et l'ensemble du bonhomme avec.



De nombreux mois ont passé dorénavant. Le nouveau venu d'octobre 2015 a bien vite été refoulé dans les profondeurs insondables et pleines de microbes de l'oubli pour laisser la place à un membre de club photo à l'aise parmi les autres, chargé de quelques responsabilités à sa mesure (en particulier, l'entretien et l'écriture du blog de ce club photo), faisant consensus sur la qualité de ses compétences rédactionnelles et ne déparant pas en tant que photographe amateur au sein d'un groupe aux qualités et compétences photographiques réelles.

Plus encore, le photographe dilettante est parti bien loin, délaissant son EOS 1000D pour un matériel plus perfectionné, développant son cheptel d'objectifs, d'appareils, et surtout améliorant la qualité de ses clichés d'année en année, à son rythme.

Une photo comme celle que vous voyez au début de ce billet aurait été hors de portée pour le débutant que j'étais il y a encore peu; sauf à quelque heureux hasard.
A présent, cet épanouissement-surprise qui me permit de progresser dans de nombreux domaines est la principale raison m'incitant à me lever le matin sans rechigner.

Bien sûr, un handicap comme le mien ne s'efface pas pour autant. Même l'épanouissement apporté par ce club ne saurait effacer une maladie chronique, ni la fatigue qui en résulte et m'empêche encore trop souvent de vivre pleinement mes journées, ni les effets indésirables des traitements, ni même le poids moral de cette différence qui se fait régulièrement sentir...




...Mais il peut devenir plus léger, moins envahissant, et me permettre de ne plus être simplement ce à quoi on me réduisait - et ce à quoi je me réduisais - trop souvent : un simple handicapé.

Dorénavant, je suis photographe amateur.

jeudi 1 juin 2017