dimanche 28 mai 2017

A Maulévrier, entre deux réalités...


... Et donc, n'oubliez surtout pas : rendez-vous à 23h15 à l'entrée du parc. Suivez bien les lueurs bleues pour la visite nocturne, nous ne voulons surtout pas d'accident.

Une nuit comme celle-ci était à ne pas rater. En effet, Gilles et un groupe de photographes s'étaient donné pour mission de faire des photos au parc de Maulévrier pour la première Nocturne de la saison.
Toutefois, quelque chose chiffonnait Gilles, alors qu'il prenait le chemin balisé de bleu.

Au-delà du chemin, en terrain non-autorisé, de l'autre côté des clôtures, il était possible de deviner d'étranges lueurs. Non pas les lueurs des éclairages installés ici et là pour ravir les visiteurs, mais d'étranges lumières flottantes, d'un rose orangé, des lumières qui circulaient à grande vitesse quelques secondes avant de s'évaporer près d'un des nombreux arbres de l'endroit.

Mais peu importe ! se dit Gilles. Cette nuit est une nuit de photo, rien d'autre. J'ai mieux à faire que d'enquêter. Il s'attela alors à faire ce qu'il était censé faire, posant son appareil sur un solide trépied, errant sur les chemins du parc japonais, à la quête de plans à photographier.

Hélas le parc est grand, en vérité, et rares sont les visiteurs en cette soirée sans lune.
Rata-t-il un embranchement ? Rêva-t-il au mauvais moment ? Y eut-t-il un dysfonctionnement électrique ? Toujours est-il que soudain, Gilles se rendit compte que les ténèbres l'entouraient.
A ses pieds, le contact d'un gazon fraîchement coupé lui indiquait qu'il devait certainement se situer non loin du chemin.
L'air était frais, mais pas glacial. Un frisson lui parcourut cependant l'échine.
Tendant l'oreille, Gilles entendit des murmures. Des murmures par centaines, comme une discrète cacophonie de chuchoteurs.
S'approchant de la source des chuchotis, un bruit humide se fit entendre, accompagné d'un froid saisissant au niveau du pied gauche. Gilles écarquilla alors un peu les yeux et vit à la lueur des étoiles une étendue d'eau comme il n'en avait jamais contemplé. Cette étendue semblait l'entourer. Il comprit alors qu'il était sur un îlot, au milieu de nulle part.

Les murmures s'intensifiaient dans son dos. Lentement, il se retourna, tétanisé par ce froid qui pénétrait en lui, ce froid non-atmosphérique, ce froid qui signalait des présences non-naturelles.
Des centaines de lueurs orangées flottaient devant lui.
Certaines se mirent à tourner  devant ses yeux, dans une macabre danse dont il était le centre.
Les lueurs s'intensifiaient, Gilles commençant à perdre le sens du haut et du bas, se tint fermement à son trépied. Toutes ces lumières tournaient de plus en plus vite, de plus en plus nombreuses, le froid commençait à percer son âme de part en part, en de milliers de morsures simultanées. Les murmures des damnés se firent pressants, violents, inquisiteurs, tortionnaires à mesure que tout devenait plus pâle.
Un rire givré, maléfique, cruel résonna à ses oreilles...
Gilles s'apprêtait à perdre conscience quand un contact chaud, moite et ferme embrasa son épaule et son corps, le faisant pivoter brutalement.


Monsieur ? Vous n'êtes pas sur le bon chemin, suivez-moi !

Un des gardiens du parc se tenait devant lui, une lanterne bleue à la main, le visage sévère et amical à la fois. Une vague de chaleur se répandait dans le corps de Gilles.


Venez, monsieur. Vous n'avez pas été prudents.

Quel est cet endroit ? Que s'est-il passé ?

Peu importe, monsieur, c'est fini. Contentez-vous de suivre le chemin. Vous voulez un verre d'eau ?


Je... Non... Mais ce que j'ai vu...

Nous vous avions pourtant bien dit de ne pas vous éloigner des lumières bleues...

mercredi 24 mai 2017

Le spectre d'une menace passée...


Quelle belle journée, ne trouves-tu pas Michèle ?
Avançant sur le chemin des perles, l'appareil photo autour du cou, un couple de jeunes retraités prenait le grand air sous un soleil éclatant. Autour d'eux les oiseaux chantaient, des vaches broutaient l'herbe dans les champs et de nombreuses fourmis s'activaient au sol, rapportant quelques centaines de pucerons...

Dire que l'instant que vivaient Michèle et son mari Bernard était idyllique serait peut-être mentir, cependant. La chaleur commençait à monter et la proximité du plan d'eau apportait son lot de moustiques, au grand dam des promeneurs.


C'était en effet une belle journée.

Le circuit de grande randonnée, serpentant entre les champs, les emmenait dans un de ces fameux chemins creux qui font la beauté du bocage normand, quand soudain, un étrange frisson parcourut le bas de leur échine.
Rien ne semblait avoir changé dans cette journée, et pourtant quelque chose ne tournait pas rond.

Bernard... Bernard. Tu entends ? Ce silence...



Un cri strident venu du bout du chemin, un cri assourdissant retentit alors, un cri comme venu d'outre-tombe.
Le silence, ce silence assourdissant, reprit.

De longues minutes passèrent.Bernard et Michèle, immobiles, inquiets, semblaient hésitants.


Un jeune homme paniqué surgit devant eux, se ruant vers eux, en hurlant :

Fuyez ! Fuyez pour vos vies ! Il est là ! Fuyez pour vos âmes !

M... Mais qui ? Qui ? Que ? Qu...Quoi ?

LE NAZGÛÛÛÛÛL !

mardi 16 mai 2017

Mise au point printanière...


Salut Gilles ! Ça fait longtemps que tu n'étais pas passé nous voir ! Comme d'habitude ?

Non, juste une grenadine. Theud Rik est là ?

Dans l'arrière-salle, à sa place habituelle. Mais tu n'es pas encore en train de nous préparer un été de feu, hein ?

J'ai mieux à faire, Helsing !

Allez, une grenadine pour le sieur Gilles. Il n'est pas là l'autre lutin ?

Eh ! Un peu de respect, Helsing ! Tu sais que tu parles au chef des lutins d'Ecouves, quand même ?

Oh, excuse-moi, Theud. B...Bon je vous laisse...

Quel lourdaud, celui-là. Quand il ne sert pas son jus de chaussette imbuvable, il s'amuse avec les succubes qui fréquentent son bar... Je me demande ce qui me retient de le signaler à la Brigade des Trolls. Passons. Quel est le but de ta visite, Gilles ?

J'ai... Un cas de conscience, Theud.

C'est à dire ?


Eh bien, tu sais, j'ai l'impression qu'Odin roule secrètement pour les divinités du Sud. Et qu'il m'a manipulé pour faire de moi son arme face à Njörd. Pour le coup, si Commode avait été tué l'hiver dernier, qui sait ce qui serait advenu de notre paix ?

Gilles, tu me sembles bien naïf. Évidemment qu'Odin roule pour les divinités du Sud. C'est même plutôt un moindre mal compte tenu de la personnalité de ses adversaires. Mais le Printemps est là, et il n'est pas près de disparaître. Grâce à toi, on a pu avoir un peu de répit. Et puis, tu connais les prophéties aussi bien que moi : la bataille entre le Nord et le Sud n'aura lieu qu'au temps du Ragnarok. On n'est pas rendus. D'ici à la fin des temps, ton rôle, notre rôle est de maintenir l'équilibre dans cette région. Quitte à effectivement nouer des alliances contre-nature ou trahir le camp qu'on avait servi l'année précédente.
Ce n'est pas important qu'il t'ait manipulé. Nous sommes tous les pantins des dieux. Et pourtant, sans nous, ce serait la guerre civile. Car il y a plus puissant que les dieux...


Plus puissant que les dieux ? Qu'y a-t-il de plus puissant qu'eux ? Je me demande bien.

Le Destin, Gilles, le Destin...

vendredi 12 mai 2017

Let us all unite !



Soleil de mes nuits
Lune de mes jours
Jeune étoile qui luit
Belle comète qui court...

Peu importe qui tu es
Et même ce que tu fais.
Peu importe ton âge
Et même ta rage...

Qui que tu sois
Peu importe ta foi
Ne crains pas l'avenir
Il nous faudra nous unir.

Comme le disait Chaplin,
Devant une nuit cristalline :
Let us fight for a world of reason !
A world where science and progress
Will lead to all men hapiness !

Let us all unite !

lundi 8 mai 2017

Plagiat ?


Qu'est-ce qu'un plagiat ?

Voilà la question que je me suis posée ces derniers temps. C'est une question vieille comme les arts, une question qui tourmente l'ensemble des artistes de tous poils depuis l'invention du droit d'auteur.

Des cohortes entières d'artistes se sont déjà plaintes que leur oeuvre se soit retrouvée singée par un vague tâcheron sans talent particulier, essayant d'imiter à bon compte son artiste favori afin d'en récupérer quelque gloriole.

Il faut toutefois se rappeler qu'il n'en fut pas toujours ainsi.
Des peintures célèbres comme La Dernière Cène du Christ se sont vues imitées, recopiées, dupliquées jusqu'à devenir des memes, des œuvres imprégnant l'inconscient collectif, et cela dès la Renaissance.

En vérité le rapport au droit d'auteur était très différent à ces époques; un auteur qui en copiait un autre rendait simplement hommage au génie de celui qu'il copiait, même si le destinataire de l'oeuvre plagiée n'en savait pas grand chose. Cela n'avait aucune importance puisque la notion de plagiat n'existait pour ainsi dire pas.

A notre époque, les choses sont bien sûr radicalement différentes. La multiplication des moyens de communication -au premier rang desquels nous trouvons Internet-, leur célérité incroyable, leur accès facilité à l'ensemble de la planète et la démocratisation de l'expression artistique ne permettent plus de gérer la question du plagiat à la façon Renaissance Italienne.

De nos jours, face au brouhaha médiatique incessant, face au bruit que représente la somme d'information qui nous parvient, il devient hélas impossible de trouver facilement la source d'inspiration d'un artiste...

Pourtant, l'inspiration vient toujours de quelque part, même dans une oeuvre originale.
Tout artiste ne faisant au final que redigérer les diverses influences artistiques et philosophiques qui ont façonné son être, et ainsi tout est plagiat et rien ne l'est parfaitement.

En bref, où commence et où finit le plagiat, là est la question.
Cette question est d'autant plus cruciale qu'elle est complexe. En effet, on peut placer le plagiat à partir de l'instant où une oeuvre artistique reprend à son compte tellement d'éléments de l'oeuvre précédente qu'on ne peut que remarquer l'influence de l'originale.
Oui, mais ce n'est pas le seul critère.

Doit-on ainsi taxer de plagiat les nombreuses fanfictions de Harry Potter et autres littératures jeunesse ? Est-ce qu'un plagiat commence dès l'utilisation de personnages sous copyright, ou ne commence-t-il vraiment que passé un certain seuil de popularité ? A moins que ce ne soit la légitimité du médium utilisé qui fasse le plagiat. Et dans ce cas, nous sommes en pleine subjectivité.

Le critère central qui met à peu près l'ensemble des artistes d'accord, c'est la volonté de faire passer pour originale et personnelle une oeuvre qui ne l'est pas. Cette volonté permet de différencier le plagiat du pastiche - ainsi que de la fanfiction.



Je songeais à cela alors que je découvrais l'exposition Regards à la Halle au Blé d'Alençon et que j'examinais une série présentée par un des photographes exposés, Thibaud Derien, consistant en un plan frontal d'une véritable collection de devantures abandonnées et usées de commerces des années 60, du boucher au photographe en passant par le coiffeur et la boulangerie.

Cette série m'aura tant fasciné que j'eus l'idée d'essayer à ma manière de m'approprier son idée, idée dont vous voyez plus haut un exemple : une façade d'entrée d'un bâtiment abandonné ou usé par le temps.
Sans doute cette idée aura déjà été exploitée sous cette forme-là par ailleurs (on ne peut guère dire qu'elle brille par son originalité), mais le fait d'avoir vu cette exposition Regards fait-elle de moi un copieur et de cette photo un plagiat éhonté ?

Tout photographe progresse aux dépens de ceux qui le précèdent. Cette leçon que j'ai tardivement retenue vaut bien un fromage, sans doute. Pourtant c'est un fait; on ne progresse vraiment qu'en copiant les autres, qu'en les singeant. Ce n'est pas vrai qu'en art. Tous les parents vous le diront : même les enfants "plagient" leurs adultes préférés pour grandir et s'approprier le monde qui les entoure.


L'imitation, la copie, ne devient-elle donc péché artistique grave qu'au jour où l'imitateur se vante d'être devenu un adulte à part entière ?





...Et si au final, tout artiste devait commencer par plagier avant de créer ?

jeudi 4 mai 2017

Zénitude ornithologique...


Certains artistes ont besoin d'une muse pour créer. Moi, pour créer j'ai besoin de mon appareil photo... et d'une musette pour le ranger.

En vérité, j'ai beau ne pas avoir de muse, mon processus photographique, qui est à la base de mon processus d'écriture, a besoin de motivation pour sortir des sentiers battus.
Bien souvent, il ne s'agit que d'une situation ou d'un lieu inattendu. Guère plus.
Parfois, il me faut un ami, quelqu'un m'accompagnant à des heures indues ou en des lieux perdus.
C'est ainsi qu'en plein bord de Sarthe, mon meilleur ami et moi-même nous nous arrêtâmes malgré le pressant appel du Kebab Sacré. En effet, nous vîmes un pigeon au sommet d'un lavoir. Sans véritablement savoir si j'allais réussir, je m'approchai à pas de loups. Doucement, lentement, calmement, tout en mitraillant le volatile à l'aide de mon EOS.
Un pas de trop le fit s'envoler au loin.

Pourtant, une fois de retour à mon bureau, aux aurores, après une bonne nuit de sommeil, j'aperçus la possibilité d'une belle photo. Quelques recadrages finirent de me convaincre que la beauté résidait parfois dans la simplicité la plus nue.

Grâce soit rendue à cet aimable pigeon. Preuve est faite que même de si banals oiseaux peuvent être photogéniques aux bonnes heures...

lundi 1 mai 2017

Gronde, la folie divine...



Voici la menace des Cieux.
Voici la menace des Dieux.
Voici que notre vieux monde
Entend l'orage qui gronde.

Avons-nous ainsi mérité
Ce funeste châtiment ?
Est-ce là l'unique vérité
De ces dieux déments ?

Ô Fracas foudroyant !
Ô Brasier flamboyant !
Déchiquetez la pierre,
Démons incendiaires !

Vous, Divins déments,
Maîtres des éléments,
Emportez notre monde
Dans votre divine tombe !


Ou bien...

Avant la Fin...


Protégez-nous !
Aimez-nous !
Sauvez-nous !
Aidez-nous, pauvres fous !