vendredi 28 octobre 2016

Le quai des brumes...



A travers les chemins brumeux,

En de sombres, sombres lieux,

Commencent de longs voyages

Que seuls arpentent les nuages...




 Pourtant, au-delà de la brume,

Là où repose votre amertume,

Se tient le but de toute une vie,

Celui qui, jadis, vous a été ravi.




Alors, sur ce chemin brumeux,

En allant vers ce sombre lieu,

En débutant cet étrange voyage,

En accompagnant les nuages...


 

Vous accomplirez votre destin,

Disparaissant au petit matin

Alors que le broe vous réclame,

Vous, vos souvenirs et votre âme...

lundi 24 octobre 2016

Il pleut...


Il pleut. Il pleut et ces larmes divines sont comme une bénédiction inespérée.
Il est assez amusant de remarquer que, comme le disait lui-même Gotlib dans sa Rubrique à Brac, personne n'aime la pluie... Hormis les enfants, seuls êtres à savourer les potentialités qu'offre la renapée pour s'amuser. Certes, les enfants aiment jouer avec les flaques, boire l'eau qui tombe du ciel et enrager leurs parents qui aimeraient mieux ne pas trouver un chiot trempé en guise d'enfant rentrant de l'école.

J'ai toujours trouvé dommage que si peu de personnes profitent de la pluie, arrivées à l'âge adulte. Elle fait trop souvent office de repoussoir pour de nombreux passants, désertant les rues des villes et se ruant à l'abri.
Justement, s'il est incontestable que se mettre au sec, dans des vêtements chauds, après une pluie diluvienne, est d'un confort absolu, pourquoi ne pas pousser le vice un peu plus loin ? Pourquoi ne pas sortir un peu plus longtemps sous la pluie, profiter de ce qu'elle nous offre comme atmosphère, comme répit, comme solitude, en somme se risquer volontairement à attraper un rhume pour mieux savourer le bain de pieds et le peignoir tout chaud qui nous attendent chez nous ?

Pour avoir testé en 2010 ce qu'était une grosse averse neigeuse, équivalent hivernal de la pluie d'automne, il n'y a rien de meilleur que de rentrer se mettre au chaud après une journée d'efforts et de froid sous la neige, un chocolat chaud à portée de main, en peignoir, avec son chat sur les genoux, devant une émission à la télévision ou sur Internet. Il en est de même avec la pluie.

Alors que cet automne et cet hiver 2016 nous promettent enfin de belles averses, j'avoue avoir pour vice secret et espoir profond de pouvoir sortir sous des cordes, sentir l'inconfort maximal que la légendaire humidité normande peut nous offrir pour qu'en comparaison la chaleur de mon foyer soit un nirvana, une béatitude, une extase, que dis-je ? La plénitude absolue.


Par ailleurs, et comme la photo du jour vous le montre bien, les photos de pluie sont elles aussi un bon exercice et une occasion de plus de s'amuser. Car, on ne le dira jamais assez : il n'y a pas de météo faite pour la photo, ou plutôt : toutes les météos du monde y sont propices.


Enfin, si vous vous risquez à affronter cette eau tombée du ciel, vous verrez différemment sans doute votre environnement. Ouvrez l’œil et vous saurez savourer cette sensation si particulière d'un monde plus gris, plus blanc, plus noir, d'une nature en pleine revitalisation, de cours d'eau sous une constante pluie de météorites aqueuses. Écoutez le son de l'eau impactant la pierre, le bitume, les rivières, le métal, les feuilles des arbres, votre chapeau ou votre capuche. Humez ce parfum d'humidité si particulier, cette odeur d'orage, ce parfum d'automne, cet avant-goût hivernal.
Ressentez l'impact d'une eau fraîche sur votre peau, sentez cette goutte d'eau qui squatte le bout de votre nez. Épongez ce ruissellement qui vous gêne la vue.

Et enfin, si vous avez encore une âme d'enfant, goûtez à la pluie. Comme un souvenir de qui vous étiez jadis... Qui sait ? Peut-être vous prendrez-vous au jeu...


Écoutez... La pluie vous appelle...

jeudi 20 octobre 2016

dimanche 16 octobre 2016

De l'autre côté du Miroir...


Quelques jours après cette révélation en pleine tourmente psychique, je prenais l'air à Alençon, essayant de me détendre, de calmer cette tension intérieure insupportable qui m'étreignait.
Alençon est une ville particulièrement surprenante, même pour celui qui arpente ses rues depuis plus de vingt ans. Plus on ouvre l’œil, plus on y découvre d'étranges décors, me dis-je, en pleine Fuie des Vignes.
Sortant de la dite Fuie en direction de la rue éponyme pour rejoindre les bords de Sarthe, je réajustai ma veste. En effet, l'air se rafraîchissait de jour en jour. L'automne était bien présent et même si nous avions encore de beaux jours par moments, tout Alençon savait que, bientôt, il serait temps de ressortir les écharpes et les manteaux épais pour affronter la longue période hivernale, période d'autant plus longue qu'en Normandie, le ciel n'était pas toujours clément pour les Alençonnais qui passaient souvent des semaines entières sans voir le soleil.

Me promenant comme à mon habitude sur les bords de Sarthe, je m'arrêtai un instant dans un de ces vieux lavoirs délabrés, témoignages d'un autre âge. Mes parents m'ayant conseillé de compenser ce vide récent par de la photographie, je me pris au jeu de faire un cliché des reflets de la Sarthe. Il y avait en effet le reflet d'une lueur au cœur des nuages qui m'intriguait et me fascinait.

Lorsque j'aperçus l'image sur l'écran de prévisualisation, je ressentis un curieux malaise.
Je ne sus cependant pas ce que tout cela pouvait bien signifier...

Comme un appel, de l'autre côté du miroir...

mercredi 12 octobre 2016

Les inquiétantes fantaisies de Tonton Gilles...


Il fallait que je revienne là-bas.
Enfin, "là-bas" est une façon assez inexacte de décrire cet outre-espace où, un jour de novembre 2015, mon esprit a été envoyé à l'occasion d'une curieuse rencontre au détour d'une rue d'Alençon.
Il le fallait, car la Sainte Licorne qui avait eu l'amabilité de communiquer avec moi ce jour-là pouvait être un fameux atout pour l'Hiver qui s'avançait petit à petit à présent.

Je me retrouvai donc, un beau matin, devant la figure de fer la plus mystérieuse d'Alençon et m'apprêtais à la prendre en photo.
Pourtant... Quelque chose n'allait pas. Je le sus à l'instant même où je pris le cliché.
Il ne se passait rien entre Elle et moi. Pire que tout, Elle semblait n'avoir jamais investi cette décoration murale. C'était presque comme si Elle, la Licorne Rose Invisible, n'avait jamais existé.
Angoissé à l'idée qu'Elle fût partie pour de bon de ce plan d'existence, je réitérai mon premier cliché.

Rien.

Mon cerveau tournait à cent à l'heure, essayant de trouver une explication à cet imbroglio. Plus je réfléchissais, plus mon angoisse augmentait, atteignant finalement un paroxysme quand je me rendis compte que le merveilleux venait de quitter Alençon...

Ou bien le merveilleux venait-il simplement de m'abandonner ?
Et si... Et si le merveilleux n'était pas en cause ?, me dis-je. Et si j'avais inventé toute cette fantaisie, tout cet univers de dieux et démons, lutins et sylvestres ?
Et si en réalité je n'étais qu'un de ces doux rêveurs, un de ces êtres qui, basculant tranquillement dans une sorte de folie douce, avait perdu pied avec la réalité ? Mais comment prouver qu'il ne s'agissait que de folie "douce" ? Quel mal avais-je pu faire autour de moi ?
Plus j'y pensais, plus je m'apercevais qu'autour de moi les gens semblaient indifférents à la venue de l'Hiver. Et plus je voyais jusqu'où ma déraison m'avait conduit... Jusqu'à l'inconscience, jusqu'à la féerie, jusqu'à la folie...



J'ignore comment je parvins à rentrer chez moi. Le soleil était déjà couché et pourtant il me semblait n'avoir marché que deux petites heures. Tourmenté par ces révélations qui se firent à moi, je m'apprêtais à entrer dans le hall de mon immeuble quand une bourrasque d'un vent frais m'ébouriffa les cheveux. J'entendis alors une voix à l'intérieur de mon crâne ricaner. Une voix froide et inquiétante, incroyablement satisfaite...




Et si... ?

samedi 8 octobre 2016

Pleurons...


Pleurons la feuille tombée au sol,
Celle dont nous vîmes le beau vol.
Pleurons ce malchanceux poisson,
Lui qui gigote au bout d'un hameçon.
Pleurons avec les larmes du monde,
Tandis qu'au loin, le tonnerre gronde.
Pleurons enfin, pour toutes nos erreurs,
Pour notre violence, notre faim de terreur.

Sourions face à la douce rivière,
Qui recueillit la feuille tombée hier.
Sourions à cet aimable pêcheur,
Lui qui sourit à deux jeunes marcheurs.
Sourions aux tristes, aux déprimés,
Aux exclus, aux rebuts, aux opprimés.
Sourions enfin, pour le futur tant espéré,
Cet espoir qui, un jour, saura nous libérer.

Rions de la fraîcheur du ruisseau,
Celui qui se cache derrière un arbrisseau.
Rions à ses aimables plaisanteries,
A ses jeux de mots, ses pitreries.
Rions au nom de ceux qui ne rient plus,
Les opprimés, les rebuts, les exclus.
Rions enfin, de nos idioties,
De nos pitreries, de nos facéties...

Dansons pendant que les feuilles volent,
Jusqu'à ce que toutes soient au sol.
Dansons au milieu des poissons
Plus jamais ils ne mordront à l'hameçon.
Dansons sous les larmes du monde
Au rythme du tonnerre qui gronde.
Dansons, enfin, malgré nos erreurs,
Malgré la violence et la terreur...

samedi 1 octobre 2016

Légendes d'un homme crucifié...



Dis, tonton ! Hé tonton attends ! Tu marches trop vite !
Eh bien, mon petit neveu favori, je te croyais débordant d'énergie ce matin ? Que t'arrive-t-il ?
Non rien, c'est juste que je regardais les statues, là, la croix et tout. Et je comprends pas !
Quoi donc ?
Ben, la maîtresse elle a dit que Jésus avait existé et papa et maman disent que tout ça c'est des fabi...farob...Des fari...
Fariboles ? Ah bien sûr. Tu es né dans une famille d'athées, nous ne croyons pas au Jésus de la Bible, quant au Jésus  historique, nous avons de très gros doutes, et des doutes qui posent un cas de conscience à divers historiens.
Comment ça ? Y a un Jésus de l'Histoire ou pas ?
Probablement pas, mon petit. Vois-tu, Jésus est un personnage qui apparaît dans la Bible, plus exactement dans le Nouveau Testament, le livre saint auquel se rattachent les chrétiens. C'est un personnage très important, celui autour duquel tourne l'histoire racontée dans le Nouveau Testament.
Il est d'autant plus important que la religion chrétienne a forgé notre société, notre Histoire, et même nos conceptions personnelles du monde. C'est ce qu'a dû te dire ta maîtresse : nous vivons dans un pays de culture judéo-chrétienne.
Du coup la question de l'existence de Jésus pose problème, même pour un État supposé laïque, car en effet, si Jésus n'est qu'une invention pure et dure de la religion, beaucoup de valeurs sur lesquelles nous avons bâti notre civilisation seraient menacées. Moins par l'inexistence même de Jésus que par ce que ça implique de bâtir une société sur des mensonges.

Oui mais tonton, tu n'as pas dit pourquoi il existait pas, Jésus ?
Jésus - en tout cas le Jésus historique - n'est rapporté que dans deux sortes d'ouvrages : les Bibles - qu'elles soient apocryphes ou non - et les témoignages écrits des auteurs de l'époque où Jésus est présumé avoir existé.
Or si la question des Bibles est vite évacuée puisqu'il s'agit de récits de croyants dont même les plus anciens n'ont pas pu connaître la période d'existence présumée de Jésus...
Ça fait un peu compliqué ta phrase, tonton...
Bon, disons que les témoins auteurs des diverses versions de la Bible n'ont jamais vécu l'époque de ce Jésus historique...
D'accord.
Or donc... Où en étais-je ? Ah oui... Les écrits d'historiens et autres contemporains présumés de ce Jésus précis sont suspects. En effet, ils sont passés entre les mains de nombreux, très nombreux moines copistes à travers les âges, qui, bien que chargés de recopier les textes dont ils avaient la charge, n'étaient pas non plus connus ou reconnus pour leur grand respect de l'exactitude des textes originels. Encore plus quand ces textes n'étaient pas en accord avec leur foi.
C'est toujours trop compliqué, tonton !
Bon. Tu connais ce qu'on appelle abusivement "le téléphone arabe" ? Eh bien imagine que tu refiles un texte à recopier à des gens de diverses époques qui ne se connaissent pas, qui ne parlent pas tout à fait la même langue, voire carrément pas et qui souvent n'ont pas la même graphie du tout.
Rajoute à cela un zeste de partialité propice à la réinterprétation voire à la falsification des thèses jugées trop mécréantes.
Et maintenant, essaie de me dire en face que les copies de ces textes parvenues jusqu'à nous sont fiables ?
Et si on retrouvait les textes des vrais auteurs ?
C'est possible, bien que peu probable, mais ce n'est pas encore arrivé.
Par ailleurs, il existe un corpus très large de textes qui ne parlent d'aucune façon d'un quelconque Jésus de Nazareth, crucifié à cette époque par l'empire Romain. Les Romains étaient des gratte-papier sans égal. Le fait qu'on n'ait toujours pas retrouvé de texte administratif de l'empire Romain faisant état d'un agitateur de ce nom à cette époque est pour le moins... Troublant.

Ah bon...

Mais dis tonton au fait : C'est vrai qu'il y avait un gaulois devant la croix de Jésus ?

Hein ? D'où me sors-tu ça ?
Ben regarde, tonton ! Là, le personnage avec la grosse moustache, c'est un gaulois, non ?

C'est très possible. En tout cas un gaulois en armure romaine. Mais vois-tu, là on entre dans la figuration mélangeant religion et mythologie nationale. En gros, la figure du moustachu est une manière de relier la ferveur religieuse chrétienne et la ferveur nationale française de l'époque, au XIXe siècle donc. Ce n'est absolument pas dans les livres. Juste une interprétation de l'artiste.

Mais quoi qu'il en soit nous en reparlerons peut-être une autre fois...

Oui d'accord, tonton. Mais la prochaine fois, parle moins compliqué. J'ai mal à la tête...