Valar morghulis.
La Mort rôde partout, dit-on. Telle une guerrière affamée, elle combat la vie sans trêve ni repos.
Il est clair que depuis l'aube de l'Humanité, aucun endroit n'a été à l'abri de sa grande faux à âmes.
Pourtant il existe un lieu qui petit à petit, dès cette époque, s'est érigé en lieu de trêve pour les forces combattant l'appel de la Faucheuse. Ce lieu n'est autre que son royaume. Là où la Mort est reine incontestée, là est la quiétude pour les âmes en quête de sérénité face à l'angoisse du trépas.
Ce n'est pas pour rien que les punks et les gothiques furent parmi les plus ardents squatteurs des cimetières, tard dans la nuit. C'est ici que la Mort ne se rend jamais. C'est ici son royaume, déserté tant que durera la guerre. Ceux qui ont une fascination pour la Mort et ceux qui n'ont aucun intérêt ni angoisse pour celle-ci n'ont pas de meilleur endroit pour goûter à la paix la plus absolue. Celle que seule la fréquentation des morts peut apporter. Ces derniers sont en effet peu amenés à se plaindre du tapage nocturne, et peu enclins eux-même à produire un quelconque tapage. En effet leur sommeil les laisse de marbre.
"No Future" criaient les punks dans les années 80'. "Ni Dieu ni maître" criaient les anarchistes de plus belle. "Valar morghulis" auraient pu seriner les gothiques. Leur point commun à tous ? Une déférence particulière envers les morts. Aucun d'eux ne craint de se retrouver dans un cimetière, aucun d'eux ne craint de déranger les morts. Ce dérangement qui nous a d'ailleurs tous poussés à les enfermer dans des boîtes de bois puis à poser un crucifix sur le couvercle, puis à les enfermer six pieds sous Terre pour sceller le tout sous une dalle de pierre avec une croix ornementale par-dessus.
Faut-il que nous ayons peur des morts et de leur réveil, faut-il que nous craignions qu'ils nous hantent pour oser boucler nos défunts à quintuple tour, trois tours physiques et deux tours mystiques.
Faut-il que nous soyons enclins à nous laisser hanter par les affres de la Faucheuse après son passage pour que nous tentions d'amadouer les morts à travers de nombreux rituels tous plus étranges ou macabres les uns que les autres...
Cela, les gothiques l'ont bien compris : le macabre est un élément essentiel de notre rapport à la mort et donc à la vie. Jouer avec le macabre, c'est jouer avec la Mort, c'est avoir du pouvoir sur Elle, et avoir du pouvoir sur Elle permet de ne plus la craindre, ni pour soi ni pour ses proches. C'est, ainsi, se libérer du poids de la fatalité qui nous attend tous. C'est se permettre de vivre pleinement, en pleine lumière, loin de l'ombre froide de l'Ankou bretonne (Minute régionaliste : l'Ankou nous prouve d'ailleurs que la Mort est bretonne et donc qu'il ne fait pas bon vivre en Morbihan. Préférez donc la Normandie.).
Comme dit le proverbe humoristique : "Les fossoyeurs sont bien les personnes qui vivent le plus longtemps, en effet ce sont ces derniers qui enterrent tout le monde.", être au service de la Mort confère d'inestimables avantages. Attention, je ne parle pas du rôle de boucher en treillis mais de ses serviteurs les plus dévoués et les plus indispensables. Ceux qui préparent les morts à leur dernière demeure, ceux qui côtoient l’œuvre de cette macabre divinité suprême.
Cela peut paraître un drôle de métier, un de ceux que seuls des originaux peuvent faire. Cela est pourtant le plus humain, et probablement effectivement le plus vieux des métiers du monde. Celui qui ne souffrira jamais la moindre crise économique.
Or, qu'y a-t-il de plus gothique que travailler aux pompes funèbres ?
Ne seraient-ils pas donc les plus sains d'esprit, ces gothiques aux habitudes macabres et aux discours noirs ?
Dans nos sociétés actuelles, ne devrions-nous pas réinvestir les cimetières, réapprendre à aimer les lieux où reposent les morts et ainsi avoir moins peur d'Elle ?
N'est-ce pas le message de ces ornementations variées que nous trouvons sur chaque caveau ? Ces plaques de marbre toutes différentes, ces croix, toutes dissemblables ?
Ne serait-ce pas un message ?
"N'ayez pas peur ! Ce lieu est fait pour les vivants, ce lieu est fait pour que vous l'aimiez. Aussi venez, dansez à nos côtés ! Dansez et chantez ! Exorcisez votre peur, car nous vous aimons toujours, jusque dans la non-vie..."
Valar dohaeris.
La fameuse histoire dont tu m'as parlé ! Ton point de vue se tient, mais je suis persuadé que sans autant de précautions... ils en sortiraient. XDD !
RépondreSupprimerUniquement en cas de pandémie zombie...
RépondreSupprimerEn tant qu'immortel, je fréquente peu les cimetières mais j'adhère totalement à ton point de vue.
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