lundi 16 mars 2015

Le glas électronique...

Mon chéri, j'ai peur... Il devrait être revenu depuis longtemps !
Joséphine était assise devant la table basse de son salon, en compagnie de Christophe, son mari et père de ses enfants. Sur la table était posé un téléphone portable un peu daté. Tous deux avaient les yeux rivés sur son écran désespérément noir.
Mon amour, on se fait sûrement des idées, il est probablement toujours en déplacement pour son stage de métrologie. Tu sais, ça ne fait que deux jours...Et puis, ma chérie, tu sais bien que Marseille ça n'est pas la porte à côté. Il aura juste eu une rade de batterie.
Christophe, en prononçant ces simples mots, escomptait apaiser un peu sa femme, pourtant lui aussi se sentait anxieux. Deux jours sans donner de nouvelles à Joséphine, ce n'était pas dans les habitudes de son frère cadet.
Jean-Pierre, le frère de Joséphine était un fringant trentenaire employé à la SAMO S.A. , la société agricole de métrologie ornaise de grande réputation dans le pays depuis dix ans pour la précision de ses expertises et Jipé, comme il se faisait appeler, était chargé de former les différents employés dans toute la France.
Cependant Jipé était également très connu pour sa propension à se ravager le foie à l'Islay et à collectionner les PV pour excès de vitesse.
Aussi, après deux jours entiers sans nouvelles, Joséphine et Christophe commençaient déjà à envisager le pire.
Bon, je n'en peux plus, il faut que j'appelle ! Tant pis s'il conduit, chéri, je ne veux pas perdre mon frère en plus de mon père à six mois d'écart !
*TUUUUUT... TUUUUUT... TUUUUUT... TUU*
Allô ? Qui c'est qu'est à l'ap...l'apapa...l'appareil ?
Reconnaissant la voix hésitante et avinée de son frère, Joséphine se mit à hurler sa peur et son angoisse au téléphone, houspillant Jean-Pierre pour son silence coupable, quand...
Non mais grande sœur, laisse-moi tranquille. J'ai démissionné de mon boulot. Mon patron voulait que j'aille en désintox au lieu de Marseille. Ha ha ! Ce...Ce crétin de Dubreuil, j'y ai craché à la gueule et j'ai plaqué son taf de fou. Personne me privera de mes whiskies. Mais ce con a appelé les flics... J'vais leur pa...sser l'envie de m'faire chier crois-moi !
Tandis que ces mots résonnaient dans le haut-parleur du téléphone devant Joséphine et Christophe et un silence tout à fait religieux, notre couple blêmissait à vue d’œil.



Soudain le téléphone fit retentir un craquement, comme une porte qu'on enfonce. Des bruits de gendarmes cavalant dans le petit F3 de Jean-Pierre envahirent le petit salon pourpre du couple.
Une détonation claqua à en faire grésiller le petit Samsung blanc, et de son haut-parleur retentit une voix forte alors que le téléphone, à dix kilomètres de là, coupait.
Putain ! Le con ! Il s'est flingué !... *TUUUUUT TUUUUT TUUUUUUT...*

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