La Porte des Quatre Mondes est à l'origine une construction datant du grand roi franc Clovis. Construite dans une abbaye vite tombée en ruines, cette Porte était un don d'un obscur mage, fils d'une pucelle et d'un démon, véritable pont entre les Quatre Mondes.
Le premier monde est le Monde des Âmes. En cette dimension, la vraie nature du pèlerin qui traverse la première porte est révélée aux yeux de tous. Les sinuosités de cette dimension obligent le pèlerin à se perdre jusqu'à la folie, pour mieux se retrouver dans toute sa vérité originelle telle que voulue par Dieu et Diable. Le Gardien de ce lieu attend le pèlerin au bout de son premier rite initiatique qu'est le voyage dans le labyrinthe. Il est de coutume que le pèlerin reçoive de ses mains gardiennes une améthyste.
Le second monde est le Monde des Corps. En cette dimension, le pèlerin se voit confronté aux limites de son organisme sitôt la seconde porte franchie. Ce lieu est un lieu aride, pentu, droit et traître, aux multiples chausse-trapes, menaçant le corps du pèlerin jusqu'à l'arrêt cardiaque. Dans le Monde des Corps, le pèlerin se doit de monter toujours plus haut jusqu'à atteindre le sommet où le second Gardien l'attend. Courage et endurance sont de mise pour réussir. Au bout de l'ascension, le pèlerin reçoit des mains du Gardien une émeraude.
Le troisième monde est le Monde du Lien. En cette dernière étape initiatique, le pèlerin se voit projeté dans un hologramme déformant sa propre réalité et sa propre vérité. Ce lieu est le plus dangereux de tous, car alors que l'âme se voit déchirée par les écueils de l'égarement dans ce lieu sans repères, le corps doit supporter les incessants tremblements de terre menaçant de faire s'écrouler le voyageur. Dans le Monde du Lien, plus l'âme souffre, plus le corps flanche sous les tremblements de terre et moins le corps assure ses prises, plus l'âme perd ses repères. Dans cette dimension, rares sont ceux qui, sans préparation, réussissent à atteindre le dernier Gardien. C'est en préparation de ce monde que les mantras et prières ont été conçus, permettant de surpasser la douleur physique et mentale. Si le pèlerin arrive à dépasser l'hologramme dans lequel il a été projeté, il peut enfin se retourner et admirer le dernier Gardien qui n'est autre que lui-même. Si son rite initiatique a été correctement effectué, le pèlerin trouvera alors dans sa poche un rubis de la taille d'un ongle, symbole de sa réussite. Il peut alors franchir aisément le portail en sens inverse et venir au Quatrième Monde, qui n'est autre que le nôtre.
En raison de son succès, le pèlerin est acclamé par les moines de l'Ordre de Saint Évroult et se voit offrir une robe de bure grise, signe de sa piété et de son humilité, en échange des trésors récoltés durant sa quête car comme tout trésor, ces derniers sont les ultimes illusions qu'il doit abandonner pour atteindre la félicité.
Lorsque par malheur un pèlerin revient après avoir échoué dans sa quête, il est confié à la protection des moines de l'Ordre jusqu'à rémission, ou jusqu'à ce que raison lui revienne.
L'abbaye est tombée en ruines depuis de nombreux siècles évidemment, cette image le prouve. Mais la Porte de l'Abbaye est toujours présente, solidement ancrée dans le sol, et la puissance mystique qu'elle contient est toujours d'actualité. Le franchissement de cette arche ne porte pas à conséquence tant que l'imprudent ne se laisse pas aller à réciter le mantra secret de l'Ordre de Saint Évroult. La connaissance de ce rituel a été perdue dans les brumes des siècles.
Pourtant... Au matin de l'équinoxe de printemps, alors que le soleil frappe les pierres de la Porte, on peut encore entr’apercevoir un voile couleur améthyste, puis émeraude, puis rubis au travers du Portail.
Illusion d'optique ? Effet de diffraction chromatique, répondrez-vous ?
Vraiment ?
Et d'où viens-je, selon vous ?
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