vendredi 24 juillet 2015

Les sortilèges du Saule...

Une ancienne et lumineuse forêt, quelque part en Normandie...
De beaux chênes, de grands hêtres et un gigantesque étang aménagé, voici où s'ouvrit ma dernière aventure forestière en Avril dernier.
Divers oiseaux me narguaient depuis le début de mon expédition. Certains trouvaient l'audace de se poser à quelques mètres de moi, d'autres préféraient attendre que j'eus sorti mon appareil photo pour déguerpir aussi sec.
Cette forêt normande semblait m'appeler. Ses habitants m'invitaient à les suivre, à m'investir corps et surtout âme dans ses profondeurs, loin des lieux touristiques.
Je soupçonnais alors la présence d'un Vieux Saule dans les environs. Ces vieux arbres rabougris ont souvent le cœur sombre, empli de maléfices et de haine... Et les oiseaux sont leurs premiers messagers. En effet, mon oreille, habituée aux subtilités du Quenya, décela quelques murmures entre rouges-gorges, des murmures dans un sabir désagréable aux oreilles, un sabir pourtant bien issu de cette noble langue elfique.
Ici, j'en aurais mis ma main à couper, sévissait un Saule.
Les touristes affluaient alentours, mais d'une curieuse manière. Tous avaient le regard vide, hagards. Tous  arpentaient les mêmes sentes dans le même sens. Leurs animaux de compagnie eux-même semblaient étrangement calmes.
Sans mes prières secrètes et ininterrompues à Manwë, peut-être aurais-je cédé moi aussi à la douce sorcellerie qui imprégnait les alentours.

Au bout de deux heures de recherches, ma vision commençait à se brouiller.

Les touristes ne cessaient de faire des offrandes aux oiseaux des lieux. Pourtant tous s'envolaient dès le moindre mouvement de ma part vers mon appareil photo.
Je crus un long instant être à jamais prisonnier de cette maléfique parcelle.

C'est pourtant sur un coup de poker que se finit cet envoûtement.
Un oiseau se posa sur une branche devant moi et me regarda fixement. Délibérément, je cessai mes prières à Manwë et ouvris mon esprit à ses dures paroles.
Fort heureusement, le sortilège m'environnant n'avait pas encore eu l'occasion d'imprégner mon esprit. Aussi, tandis que l'envoûtement de ce messager funeste commençait, je pris mon appareil photo mécaniquement et mis à parti les quelques dernières secondes de lucidité qui me restaient pour appuyer sur le déclencheur.

L'oiseau s'enfuit immédiatement.
Pourtant sur mon écran de prévisualisation, je le vis comme je pourrais voir n'importe qui.
Subitement, dans un bruit de cristal qui explose, le sortilège se rompit, net. Les touristes se regardèrent, interloqués d'être toujours sur place.
Tous profitèrent de ce regain de clairvoyance et partirent comme si le Diable les avait poursuivis.


Au moment de quitter la parcelle, alors que je roulais vers l'orée de la forêt, j'entendis une bordée d'insultes elfiques, murmurées à mon encontre...


Au loin, le Saule se remettait à tisser sa toile...

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