jeudi 26 février 2015

Récit d'un adolescent rêveur...


Je n'ai jamais été vraiment doué pour beaucoup de choses.
Arrivé à l'âge de l'adolescence où l'esprit se plaît à rêver son avenir de façon plus sérieuse que jamais auparavant, j'avais eu différents espoirs quant à mon avenir. Devenir journaliste, instituteur, professeur de mathématiques ou de sciences physiques, de biologie aussi. Devenir administrateur réseau d'un parc informatique d'une quelconque entreprise... Ou encore m'investir dans la philosophie des sciences.
Il y a mille et un espoirs à travers lesquels on rêve sa vie. Il n'y a qu'une seule façon de réaliser cette dite vie, et souvent cette façon est prodigieusement inattendue.
Quelques années auparavant, j'étais tombé sérieusement malade, ce genre de maladie qui sapait consciencieusement mes efforts au lycée et qui ne se guérissait pas.
Après quelques quatre années à affronter de concert maladie et études, force m'a été de constater que le monde des études supérieures m'était inaccessible tant que les effets du mal m'empêcheraient de me préoccuper de mon avenir professionnel seul. Je n'eus, au bout de ces quatre années, pas le baccalauréat, sésame qui, dans mes rêves, devait m'ouvrir la voie à un avenir plus riant que ce morbide lycée de province qui avait été socialement un fardeau, et scolairement une purge.

En attendant des jours meilleurs, je me vis contraint à accepter l'aide financière de l’État via les aides de la caisse d'allocations familiales de mon département, versées aux personnes reconnues handicapées.

Puis vint le temps de l'attente... Comme je l'ai déjà raconté dans mon  premier billet, j'avais peu avant hérité d'un vieux réflex de mon paternel, mais aucune flamme ne s'était encore allumée dans mon regard pour cet objet qui, il faut le dire, m'impressionnait et m'intimidait tellement.
Tentant quelques essais pour conserver un minimum d'aisance intellectuelle, j'abandonnais systématiquement après de longs acharnements à faire fonctionner scolairement un esprit bien trop occupé par ailleurs par le sujet plus crucial de ma santé personnelle. Beaucoup d'amertume pour un maigre résultat.

Mais comme je le disais, il existe mille et une façons de rêver son avenir, et cet avenir ne se réalise que d'une seule manière. D'une manière souvent imprévisible.
C'est en effet, par un beau jour de mai que ma mère et moi nous mîmes en chasse d'images de la campagne normande, nos reflex au cou et nos besaces à la hanche.
Je ne saurais trop expliquer pourquoi ni comment cela fut possible, mais cette activité me plut. Beaucoup. Plus encore, elle sut détourner de mon esprit préoccupé les questions sur ma santé, devenu depuis un an alors mon handicap.
Je ne savais point trop quoi en faire, mais quelque part, cette détente fulgurante fit germer en moi ma première passion de jeune adulte.  Mon meilleur ami s'y étant mis depuis déjà plusieurs années, m'encouragea et me conseilla dans cette quête intellectuelle et spirituelle de la photo rêvée, celle qui ferait le lien entre les rêves de jadis et la réalité actuelle.

Le temps passa, les expériences photographiques s'accumulèrent... Et finalement ce simple hobby d'un jour de mai devint progressivement ma première raison de prendre l'air loin du boudoir qui s'était refermé sur moi.
Pourtant je ne suis pas devenu photographe professionnel ou amateur. Simple amateur de photos, je me mis en tête de créer un modeste blog où écrire et partager des images personnelles.
Et me voilà ici à vous narrer cette genèse de ma mue progressive en adulte, sous l'angle du déclencheur de mon vieil EOS digital.

Pourquoi cette photo précise en illustration d'un tel texte ?, me direz-vous... Eh bien voyez-vous, je n'ai jamais été vraiment doué pour beaucoup de choses. Cette image l'illustre bien. Elle avait un fort potentiel, potentiel partiellement exploité car mal exposée. Cette image est un peu une allégorie de cette mue entre l'adolescence et l'âge adulte. Les rêves du jeune que j'étais ne furent que partiellement exploités, mais à y réfléchir bien, j'ai su accomplir une petite partie de mes rêves d'adolescent, en me cultivant et en nourrissant ma curiosité, ce malgré les handicaps qui m'empêchent de m'accomplir professionnellement...
Cette partie mal exposée de l'image que je me faisais de mon avenir a été finalement compensée par une nouveauté, une beauté que je n'attendais pas : la photo ne sera certes pas tout mon avenir, mais elle m'accompagne désormais sur les chemins sinueux de la vie.


Et c'est très bien ainsi.

1 commentaire:

  1. Rêveur rime avec cœur et tu n'en manques pas. La vie n'est pas simple, on aimerait bien ignorer cela mais c'est ainsi...

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