[Note de Tonton Gilles]Grand amateur de mythologies en tous genres, j'ai pu retrouver par de profondes recherches dans de poussiéreuses bibliothèques, un texte oublié de l'Edda des peuplades de Bordeciel en Tamriel. S'il est vrai que ce texte, retrouvé miraculeusement complet dans l'enfer de la bibliothèque Aveline d'Alençon, constitue une des rares traces de ce peuple conservée jusqu'à nous, il est encore plus vrai que sa traduction a été des plus délicates. Dans un souci de clarté, ce texte est complété de notes en fin de récit afin de vous aider à mieux saisir la teneur du récit initial.
Le Dovahkiin1, fils de dragon, avait mené sa quête jusqu'au temple nordique de Sorguevoix où Alduin2 le dévoreur de mondes s'était réfugié, plongeant jusqu'en Sovngarde, lieu de repos des morts et domaine de Shor, Dieu des Dieux.
Arrivé aux portes du Panthéon de Shor, à travers la brume maléfique d'Alduin en Sovngarde, le fils de dragon, Thraïn le Jeune, s'adressa à Tsun le Profond3 :
Thraïn dit :
Je suis Thraïn, enfant de Dragon !
Je réclame l'entrée au panthéon de Shor,
Défenseur du panthéon des morts,
Accède à ma requête, Ô Tsun le Profond !
Tsun dit :
Ainsi un enfant de Dragon apparaît,
Au jour où Alduin renaît !
Pourquoi donc un vivant accèderait
Au panthéon et son verger de pommes dorées ?
Thraïn dit :
Voici pourquoi j'apparais ici :
D'Alduin je suis le mortel ennemi.
Voici pourquoi, moi vivant j'accèderai
Au panthéon et son verger de pommes dorées !
Tsun dit :
Si tu es qui tu prétends
Être, seras-tu assez savant
Pour nommer sur tous domaines
Les noms de ces rois et reines ?
Tsun dit :
Dis-moi ceci, Thraïn,
- Tous les noms des Seigneurs,
Je tiens, Dragon, que tu les sais -
Comment s'appelle cette phalène
Toujours chantante, toujours resplendissante
Qui jamais ne reste sur la même écorce ?
Thraïn dit :
Dibella s'appelle chez les Nordiques,
Les Cyrodilléens et les Brétons
Les Mers4 ne l'appellent pas,
Les Orques ne la vénèrent pas.
Tsun dit :
Dis-moi ceci, Thraïn,
- Tous les noms des Seigneurs,
Je tiens, Dragon, que tu les sais -
Comment s'appelle ce crabe
Toujours en forêt, toujours cultivé
Qui démêle les destinées de tous ?
Thraïn dit :
Herma Mora s'appelle chez les Nordiques,
Les Mers et les Brétons
Les Cyrodiléens ne l'appellent pas,
Les Orques ne le vénèrent pas.
Tsun dit :
Dis-moi ceci, Thraïn,
- Tous les noms des Seigneurs,
Je tiens, Dragon, que tu les sais -
Comment s'appelle ce hibou
Tout empli de savoir, tout empli de droit
Qui quitta ce divin panthéon ?
Thraïn dit :
Jhunal s'appelle chez les Nordiques,
Julianos chez les Cyrodiléens et les Brétons
Les Mers ne l'appellent pas,
Les Orques ne le vénèrent pas.
Tsun dit :
Dis-moi ceci, Thraïn,
- Tous les noms des Seigneurs,
Je tiens, Dragon, que tu les sais -
Comment s'appelle cette amante des sommets5
Toute emplie de création, toute emplie de fureur ?
Thraïn dit :
Kyne s'appelle chez les Nordiques,
Kynareth chez les Cyrodiléens et les Brétons
Les Mers ne l'appellent pas,
Les Orques ne la vénèrent pas.
Tsun dit :
Dis-moi enfin ceci si tu es digne, Thraïn, du Panthéon,
-Tous les noms des Seigneurs,
Je tiens, Dragon, que tu les sais -
Comment s'appelle ce serpent sans cœur6
Terreur des Mers, Condamné par les Mers7 ?
Thraïn dit :
Shor s'appelle chez les Nordiques,
Lorkhan chez les Mers et les Orques,
Les Brétons ne l'appellent pas,
les Cyrodiléens ne le vénèrent pas.
Thraïn dit :
À travers la brume enragée,
Je suis venu, Tsun, et n'ai point eu tort
Ai-je mérité le panthéon de Shor,
Son verger et ses pommes dorées ?
Tsun dit :
À travers la brume enragée,
Tu es bien venu et n'as point eu tort.
Tu mérites le panthéon de Shor,
Son verger et ses pommes dorées.
Entre donc et puisse ta félicité,
Enfant de dragon, ne jamais te quitter !
1.Dovahkiin, ou dovah-kiin signifie dans l'ancienne langue liturgique de Bordeciel littéralement "dragon-enfant". Ce titre désigne un mortel capable d'absorber la force vitale d'un dragon mort au combat.
2.Alduin est le nom d'un dragon, incarnation vivante de la fin des temps dans l'ancienne religion de Bordeciel. L'origine de son nom est encore inconnue. Il est aussi appelé "dévoreur des mondes" ou "fléau des mondes".
3.Tsun le Profond est le nom d'un géant du panthéon de Bordeciel, gardien de la grande salle des héros de Shor, le dieu des morts. "Le Profond" est apparemment un kenning pour son animal-totem, la baleine.
4. "Les Mers" désigne ici primitivement un ensemble de races mythiques plus tardivement appelées Elfes. Cependant leur variété était plus grande que celle que le terme tardif laisse entendre. Les Orques leur sont apparentés. Brétons et Cyrodiléens sont visiblement des peuples humains similaires aux Nordiques.
5.Kenning désignant ici l'aigle, faisant son nid d'amour au sommet des montagnes.
6. et 7.Le serpent sans cœur désigne ici Lorkhan, divinité condamnée à rester sur Terre, parmi les mortels, autrement connus comme "rampants" parmi les dieux, et privé de son cœur, enfermé sous le mythique mont écarlate et utilisé selon la légende par les Mers pour tenter d'acquérir le statut de dieux vivants. Lorkhan fut notamment au centre des affrontements mythiques entre Mers et Nordiques, avant d'être rejeté par les Mers, et son culte interdit parmi eux.
jeudi 26 mars 2015
dimanche 22 mars 2015
L'Hiver s'enfuira-t-il ?
Cela faisait maintenant trois mois que l'Hiver était arrivé. De simple fraîcheur encore automnale, la météo avait tourné rapidement à la dure morsure du givre. Chaque jour se levait avec des brins d'herbe pétrifiés dans de dures gangues cristallines. Chaque jour se terminait avec les grelottements des habitants rentrant chez eux. La consommation de gaz de ville n'en finissait plus de grimper. Le bois de chauffe vint même à manquer. Le gibier se fit de plus en plus rare avec les semaines, les chasseurs trouvant chaque jour davantage de chevreuils morts de froid, gangrénés jusqu'à l'os.
Les chiens des villes et villages disparaissaient mystérieusement. Certains étaient retrouvés en piteux état, victimes d'assauts inexpliqués. Les chats eux-même en venaient à ronger le carton, de concert avec leurs derniers rongeurs, trop faméliques pour faire ne serait-ce qu'une bouchée. Progressivement, le givre s'était installé aux fenêtres de chaque maison, de chaque appartement. Il était devenu coutumier en moins d'un mois de ce régime, de porter manteaux et écharpes jusque dans les lits. Seuls les plus fortunés se chauffaient encore au gaz. Les autres accumulaient épaisseurs sur épaisseurs de vêtements.
Lorsque les derniers moteurs de véhicules tombèrent en rade, la ville et ses villages alentour se trouvèrent démunis de toutes ressources, y compris des derniers aliments qui acceptaient de pousser par ce temps rude.
La situation devenait préoccupante, d'autant que la neige avait durablement bloqué tous les accès autour de la cité. Le maire et le préfet étaient sur le point de déclencher la loi martiale quand elle arriva.
D'abord timide, elle réchauffa les cœurs et les âmes. Sa présence redonna un semblant de vie aux alentours. Petit à petit, les habitants des environs vinrent se blottir contre elle, humains comme animaux et végétaux. Les oiseaux revinrent progressivement habiter les nids qu'ils avaient tristement abandonnés au début de l'Hiver et, à la fin du troisième mois, les survivants eurent le plaisir d'entendre des chants depuis longtemps oubliés. Les bêtes sauvages restantes recommencèrent à manger ce que la Nature leur avait prévu, cessant de consommer l'écorce et le bois des arbres.
Ces derniers luttèrent alors pour leur survie, pansant leurs cicatrices tant bien que mal, ou, décédant, pourrirent rapidement, donnant leur essence pour la pérennité de leurs voisins. Les gens virent reverdir les feuillus et résineux. L'herbe se remit à pousser.
Et tandis qu'elle continuait à accomplir sa destinée, les gens de la cité des Ducs rirent aux éclats, sentant que leur peine s'adoucissait, que bientôt elle leur annoncerait la nouvelle maintes fois prophétisée et maintes fois reléguée au rang de fable.
Ce fut effectivement le cas. Un vendredi de mars, alors qu'elle s'affairait comme toujours à répandre sa douceur sur les habitants du cru, la cité toute entière se rassembla auprès d'elle, attendant qu'elle leur réponde enfin.
Elle ne leur répondit que par un simple signe. Pointant en direction d'une motte de terre, elle les enjoignit à contempler ce dont ils rêvaient.
Là, issu du terreau enfin fertile, une primevère avait poussé et fleuri. Ainsi la fée Lumière annonça la venue du Printemps. Tandis que le vent tournait au sud et que la chaleur dégelait les derniers cristaux de glace, elle leur sourit silencieusement, illuminant les alentours d'un chatoiement de couleurs comme il leur avait paru ne plus devoir en connaître. Les habitants le surent alors.
L'Hiver était fini.
Les chiens des villes et villages disparaissaient mystérieusement. Certains étaient retrouvés en piteux état, victimes d'assauts inexpliqués. Les chats eux-même en venaient à ronger le carton, de concert avec leurs derniers rongeurs, trop faméliques pour faire ne serait-ce qu'une bouchée. Progressivement, le givre s'était installé aux fenêtres de chaque maison, de chaque appartement. Il était devenu coutumier en moins d'un mois de ce régime, de porter manteaux et écharpes jusque dans les lits. Seuls les plus fortunés se chauffaient encore au gaz. Les autres accumulaient épaisseurs sur épaisseurs de vêtements.
Lorsque les derniers moteurs de véhicules tombèrent en rade, la ville et ses villages alentour se trouvèrent démunis de toutes ressources, y compris des derniers aliments qui acceptaient de pousser par ce temps rude.
La situation devenait préoccupante, d'autant que la neige avait durablement bloqué tous les accès autour de la cité. Le maire et le préfet étaient sur le point de déclencher la loi martiale quand elle arriva.
D'abord timide, elle réchauffa les cœurs et les âmes. Sa présence redonna un semblant de vie aux alentours. Petit à petit, les habitants des environs vinrent se blottir contre elle, humains comme animaux et végétaux. Les oiseaux revinrent progressivement habiter les nids qu'ils avaient tristement abandonnés au début de l'Hiver et, à la fin du troisième mois, les survivants eurent le plaisir d'entendre des chants depuis longtemps oubliés. Les bêtes sauvages restantes recommencèrent à manger ce que la Nature leur avait prévu, cessant de consommer l'écorce et le bois des arbres.
Ces derniers luttèrent alors pour leur survie, pansant leurs cicatrices tant bien que mal, ou, décédant, pourrirent rapidement, donnant leur essence pour la pérennité de leurs voisins. Les gens virent reverdir les feuillus et résineux. L'herbe se remit à pousser.
Et tandis qu'elle continuait à accomplir sa destinée, les gens de la cité des Ducs rirent aux éclats, sentant que leur peine s'adoucissait, que bientôt elle leur annoncerait la nouvelle maintes fois prophétisée et maintes fois reléguée au rang de fable.
Ce fut effectivement le cas. Un vendredi de mars, alors qu'elle s'affairait comme toujours à répandre sa douceur sur les habitants du cru, la cité toute entière se rassembla auprès d'elle, attendant qu'elle leur réponde enfin.
Elle ne leur répondit que par un simple signe. Pointant en direction d'une motte de terre, elle les enjoignit à contempler ce dont ils rêvaient.
Là, issu du terreau enfin fertile, une primevère avait poussé et fleuri. Ainsi la fée Lumière annonça la venue du Printemps. Tandis que le vent tournait au sud et que la chaleur dégelait les derniers cristaux de glace, elle leur sourit silencieusement, illuminant les alentours d'un chatoiement de couleurs comme il leur avait paru ne plus devoir en connaître. Les habitants le surent alors.
L'Hiver était fini.
jeudi 19 mars 2015
L'orée de la fée...
À l'orée d'une forêt millénaire,
Je marchais, fredonnant un air
Connu et néanmoins enchanteur.
Cet air, celui de l'ensorceleur
Fit virer les cimes les plus sombres
Vers une nuance plus noire d'ombre.
Un ruisseau s'étendait devant moi
Cependant l'eau s'écoulait sans joie.
Trempant mes pieds dans l'onde
Fraîche, je vis basculer le monde.
Une sirène mélodieuse chantait
Vers ses mortels bras j'avançais
Sans me douter du grave péril
Où je me situais, obnubilé
Par cette dangereuse beauté
Plus suave que cent, que mille
Que toutes les délices du Valhalla.
Par passion amoureuse, je sortis
Ma lame, qui un instant, luisit
Au soleil, avant qu'en mille éclats
Elle ne se disperse, à jamais
Blessée, mortellement touchée.
Alors se répandirent au sol
En perles céruléennes
Mon envoûteuse, ma reine
Ses sortilèges, son dol,
Ma joie, mes sentiments
Dans l'éternel miroitement
D'un ruisseau forestier.
Chantant mon plaidoyer
Plus tristement encore
Que ne le ferait la Mort
Je maudissais Odin
Noyant mon chagrin
Dans un verre de vin
Et les bras d'une catin.
Minuit venu, dans l'ombre
Des ténèbres les plus sombres
La catin saisit mon épée
En mon cœur vint la planter
Avant de se révéler à moi.
Nul ne tue la fée des bois !
Me dit-elle avant mon trépas.
Ainsi mon histoire se termina
Loin des palais du Valhalla
Dans une taverne miteuse,
Sous une lune gibbeuse,
Auprès de l'elfe des bois,
Amante belle et fatale,
Vivante, vigilante, végétale,
Mortelle, cruelle merveille
Quand vient le sommeil..
Je marchais, fredonnant un air
Connu et néanmoins enchanteur.
Cet air, celui de l'ensorceleur
Fit virer les cimes les plus sombres
Vers une nuance plus noire d'ombre.
Un ruisseau s'étendait devant moi
Cependant l'eau s'écoulait sans joie.
Trempant mes pieds dans l'onde
Fraîche, je vis basculer le monde.
Une sirène mélodieuse chantait
Vers ses mortels bras j'avançais
Sans me douter du grave péril
Où je me situais, obnubilé
Par cette dangereuse beauté
Plus suave que cent, que mille
Que toutes les délices du Valhalla.
Par passion amoureuse, je sortis
Ma lame, qui un instant, luisit
Au soleil, avant qu'en mille éclats
Elle ne se disperse, à jamais
Blessée, mortellement touchée.
Alors se répandirent au sol
En perles céruléennes
Mon envoûteuse, ma reine
Ses sortilèges, son dol,
Ma joie, mes sentiments
Dans l'éternel miroitement
D'un ruisseau forestier.
Chantant mon plaidoyer
Plus tristement encore
Que ne le ferait la Mort
Je maudissais Odin
Noyant mon chagrin
Dans un verre de vin
Et les bras d'une catin.
Minuit venu, dans l'ombre
Des ténèbres les plus sombres
La catin saisit mon épée
En mon cœur vint la planter
Avant de se révéler à moi.
Nul ne tue la fée des bois !
Me dit-elle avant mon trépas.
Ainsi mon histoire se termina
Loin des palais du Valhalla
Dans une taverne miteuse,
Sous une lune gibbeuse,
Auprès de l'elfe des bois,
Amante belle et fatale,
Vivante, vigilante, végétale,
Mortelle, cruelle merveille
Quand vient le sommeil..
lundi 16 mars 2015
Le glas électronique...
Mon chéri, j'ai peur... Il devrait être revenu depuis longtemps !
Joséphine était assise devant la table basse de son salon, en compagnie de Christophe, son mari et père de ses enfants. Sur la table était posé un téléphone portable un peu daté. Tous deux avaient les yeux rivés sur son écran désespérément noir.
Mon amour, on se fait sûrement des idées, il est probablement toujours en déplacement pour son stage de métrologie. Tu sais, ça ne fait que deux jours...Et puis, ma chérie, tu sais bien que Marseille ça n'est pas la porte à côté. Il aura juste eu une rade de batterie.
Christophe, en prononçant ces simples mots, escomptait apaiser un peu sa femme, pourtant lui aussi se sentait anxieux. Deux jours sans donner de nouvelles à Joséphine, ce n'était pas dans les habitudes de son frère cadet.
Jean-Pierre, le frère de Joséphine était un fringant trentenaire employé à la SAMO S.A. , la société agricole de métrologie ornaise de grande réputation dans le pays depuis dix ans pour la précision de ses expertises et Jipé, comme il se faisait appeler, était chargé de former les différents employés dans toute la France.
Cependant Jipé était également très connu pour sa propension à se ravager le foie à l'Islay et à collectionner les PV pour excès de vitesse.
Aussi, après deux jours entiers sans nouvelles, Joséphine et Christophe commençaient déjà à envisager le pire.
Bon, je n'en peux plus, il faut que j'appelle ! Tant pis s'il conduit, chéri, je ne veux pas perdre mon frère en plus de mon père à six mois d'écart !
*TUUUUUT... TUUUUUT... TUUUUUT... TUU*
Allô ? Qui c'est qu'est à l'ap...l'apapa...l'appareil ?
Reconnaissant la voix hésitante et avinée de son frère, Joséphine se mit à hurler sa peur et son angoisse au téléphone, houspillant Jean-Pierre pour son silence coupable, quand...
Non mais grande sœur, laisse-moi tranquille. J'ai démissionné de mon boulot. Mon patron voulait que j'aille en désintox au lieu de Marseille. Ha ha ! Ce...Ce crétin de Dubreuil, j'y ai craché à la gueule et j'ai plaqué son taf de fou. Personne me privera de mes whiskies. Mais ce con a appelé les flics... J'vais leur pa...sser l'envie de m'faire chier crois-moi !
Tandis que ces mots résonnaient dans le haut-parleur du téléphone devant Joséphine et Christophe et un silence tout à fait religieux, notre couple blêmissait à vue d’œil.
Soudain le téléphone fit retentir un craquement, comme une porte qu'on enfonce. Des bruits de gendarmes cavalant dans le petit F3 de Jean-Pierre envahirent le petit salon pourpre du couple.
Une détonation claqua à en faire grésiller le petit Samsung blanc, et de son haut-parleur retentit une voix forte alors que le téléphone, à dix kilomètres de là, coupait.
Putain ! Le con ! Il s'est flingué !... *TUUUUUT TUUUUT TUUUUUUT...*
Joséphine était assise devant la table basse de son salon, en compagnie de Christophe, son mari et père de ses enfants. Sur la table était posé un téléphone portable un peu daté. Tous deux avaient les yeux rivés sur son écran désespérément noir.
Mon amour, on se fait sûrement des idées, il est probablement toujours en déplacement pour son stage de métrologie. Tu sais, ça ne fait que deux jours...Et puis, ma chérie, tu sais bien que Marseille ça n'est pas la porte à côté. Il aura juste eu une rade de batterie.
Christophe, en prononçant ces simples mots, escomptait apaiser un peu sa femme, pourtant lui aussi se sentait anxieux. Deux jours sans donner de nouvelles à Joséphine, ce n'était pas dans les habitudes de son frère cadet.
Jean-Pierre, le frère de Joséphine était un fringant trentenaire employé à la SAMO S.A. , la société agricole de métrologie ornaise de grande réputation dans le pays depuis dix ans pour la précision de ses expertises et Jipé, comme il se faisait appeler, était chargé de former les différents employés dans toute la France.
Cependant Jipé était également très connu pour sa propension à se ravager le foie à l'Islay et à collectionner les PV pour excès de vitesse.
Aussi, après deux jours entiers sans nouvelles, Joséphine et Christophe commençaient déjà à envisager le pire.
Bon, je n'en peux plus, il faut que j'appelle ! Tant pis s'il conduit, chéri, je ne veux pas perdre mon frère en plus de mon père à six mois d'écart !
*TUUUUUT... TUUUUUT... TUUUUUT... TUU*
Allô ? Qui c'est qu'est à l'ap...l'apapa...l'appareil ?
Reconnaissant la voix hésitante et avinée de son frère, Joséphine se mit à hurler sa peur et son angoisse au téléphone, houspillant Jean-Pierre pour son silence coupable, quand...
Non mais grande sœur, laisse-moi tranquille. J'ai démissionné de mon boulot. Mon patron voulait que j'aille en désintox au lieu de Marseille. Ha ha ! Ce...Ce crétin de Dubreuil, j'y ai craché à la gueule et j'ai plaqué son taf de fou. Personne me privera de mes whiskies. Mais ce con a appelé les flics... J'vais leur pa...sser l'envie de m'faire chier crois-moi !
Tandis que ces mots résonnaient dans le haut-parleur du téléphone devant Joséphine et Christophe et un silence tout à fait religieux, notre couple blêmissait à vue d’œil.
Soudain le téléphone fit retentir un craquement, comme une porte qu'on enfonce. Des bruits de gendarmes cavalant dans le petit F3 de Jean-Pierre envahirent le petit salon pourpre du couple.
Une détonation claqua à en faire grésiller le petit Samsung blanc, et de son haut-parleur retentit une voix forte alors que le téléphone, à dix kilomètres de là, coupait.
Putain ! Le con ! Il s'est flingué !... *TUUUUUT TUUUUT TUUUUUUT...*
vendredi 13 mars 2015
Ronde d'un piètre ménestrel à sa bien-aimée...
Vingt-huit années se sont écoulées,
Vingt-huit années où ta bonté,
Ton charme, ta douceur,
Ta pureté d'âme, ta splendeur
Ton honnêteté, ton éthique,
T'ont rendue magnifique
À l'ombre d'un saule, je fredonne
Vers toi cette ronde belle et bonne,
Pour mon affection sincère et claire
Pour ce lien fragile comme le verre.
Écrivant ce poème discret,
J'espérais te démontrer
Combien tu m'impressionnes.
Ton sens moral qui résonne
Comme le glas des illusions,
D'une vie de nourrisson.
J'ignore combien de temps il reste
Avant la fin de notre belle geste.
Quelques mois, années, ou alors
Jusqu'à la vie, jusqu'à la mort.
Aussi, tandis que les mots dansent,
Pendant que les couleurs pensent,
Que le temps se pétrifie,
Que les cloches sonnent,
Que ta sagesse résonne,
Que le monde la glorifie,
Je voudrais vous souhaiter
Au cœur de cet hiver
À toi et à ta générosité
Un très heureux anniversaire.
mercredi 11 mars 2015
Le rituel des Trois Portails...
La Porte des Quatre Mondes est à l'origine une construction datant du grand roi franc Clovis. Construite dans une abbaye vite tombée en ruines, cette Porte était un don d'un obscur mage, fils d'une pucelle et d'un démon, véritable pont entre les Quatre Mondes.
Le premier monde est le Monde des Âmes. En cette dimension, la vraie nature du pèlerin qui traverse la première porte est révélée aux yeux de tous. Les sinuosités de cette dimension obligent le pèlerin à se perdre jusqu'à la folie, pour mieux se retrouver dans toute sa vérité originelle telle que voulue par Dieu et Diable. Le Gardien de ce lieu attend le pèlerin au bout de son premier rite initiatique qu'est le voyage dans le labyrinthe. Il est de coutume que le pèlerin reçoive de ses mains gardiennes une améthyste.
Le second monde est le Monde des Corps. En cette dimension, le pèlerin se voit confronté aux limites de son organisme sitôt la seconde porte franchie. Ce lieu est un lieu aride, pentu, droit et traître, aux multiples chausse-trapes, menaçant le corps du pèlerin jusqu'à l'arrêt cardiaque. Dans le Monde des Corps, le pèlerin se doit de monter toujours plus haut jusqu'à atteindre le sommet où le second Gardien l'attend. Courage et endurance sont de mise pour réussir. Au bout de l'ascension, le pèlerin reçoit des mains du Gardien une émeraude.
Le troisième monde est le Monde du Lien. En cette dernière étape initiatique, le pèlerin se voit projeté dans un hologramme déformant sa propre réalité et sa propre vérité. Ce lieu est le plus dangereux de tous, car alors que l'âme se voit déchirée par les écueils de l'égarement dans ce lieu sans repères, le corps doit supporter les incessants tremblements de terre menaçant de faire s'écrouler le voyageur. Dans le Monde du Lien, plus l'âme souffre, plus le corps flanche sous les tremblements de terre et moins le corps assure ses prises, plus l'âme perd ses repères. Dans cette dimension, rares sont ceux qui, sans préparation, réussissent à atteindre le dernier Gardien. C'est en préparation de ce monde que les mantras et prières ont été conçus, permettant de surpasser la douleur physique et mentale. Si le pèlerin arrive à dépasser l'hologramme dans lequel il a été projeté, il peut enfin se retourner et admirer le dernier Gardien qui n'est autre que lui-même. Si son rite initiatique a été correctement effectué, le pèlerin trouvera alors dans sa poche un rubis de la taille d'un ongle, symbole de sa réussite. Il peut alors franchir aisément le portail en sens inverse et venir au Quatrième Monde, qui n'est autre que le nôtre.
En raison de son succès, le pèlerin est acclamé par les moines de l'Ordre de Saint Évroult et se voit offrir une robe de bure grise, signe de sa piété et de son humilité, en échange des trésors récoltés durant sa quête car comme tout trésor, ces derniers sont les ultimes illusions qu'il doit abandonner pour atteindre la félicité.
Lorsque par malheur un pèlerin revient après avoir échoué dans sa quête, il est confié à la protection des moines de l'Ordre jusqu'à rémission, ou jusqu'à ce que raison lui revienne.
L'abbaye est tombée en ruines depuis de nombreux siècles évidemment, cette image le prouve. Mais la Porte de l'Abbaye est toujours présente, solidement ancrée dans le sol, et la puissance mystique qu'elle contient est toujours d'actualité. Le franchissement de cette arche ne porte pas à conséquence tant que l'imprudent ne se laisse pas aller à réciter le mantra secret de l'Ordre de Saint Évroult. La connaissance de ce rituel a été perdue dans les brumes des siècles.
Pourtant... Au matin de l'équinoxe de printemps, alors que le soleil frappe les pierres de la Porte, on peut encore entr’apercevoir un voile couleur améthyste, puis émeraude, puis rubis au travers du Portail.
Illusion d'optique ? Effet de diffraction chromatique, répondrez-vous ?
Vraiment ?
Et d'où viens-je, selon vous ?
Le premier monde est le Monde des Âmes. En cette dimension, la vraie nature du pèlerin qui traverse la première porte est révélée aux yeux de tous. Les sinuosités de cette dimension obligent le pèlerin à se perdre jusqu'à la folie, pour mieux se retrouver dans toute sa vérité originelle telle que voulue par Dieu et Diable. Le Gardien de ce lieu attend le pèlerin au bout de son premier rite initiatique qu'est le voyage dans le labyrinthe. Il est de coutume que le pèlerin reçoive de ses mains gardiennes une améthyste.
Le second monde est le Monde des Corps. En cette dimension, le pèlerin se voit confronté aux limites de son organisme sitôt la seconde porte franchie. Ce lieu est un lieu aride, pentu, droit et traître, aux multiples chausse-trapes, menaçant le corps du pèlerin jusqu'à l'arrêt cardiaque. Dans le Monde des Corps, le pèlerin se doit de monter toujours plus haut jusqu'à atteindre le sommet où le second Gardien l'attend. Courage et endurance sont de mise pour réussir. Au bout de l'ascension, le pèlerin reçoit des mains du Gardien une émeraude.
Le troisième monde est le Monde du Lien. En cette dernière étape initiatique, le pèlerin se voit projeté dans un hologramme déformant sa propre réalité et sa propre vérité. Ce lieu est le plus dangereux de tous, car alors que l'âme se voit déchirée par les écueils de l'égarement dans ce lieu sans repères, le corps doit supporter les incessants tremblements de terre menaçant de faire s'écrouler le voyageur. Dans le Monde du Lien, plus l'âme souffre, plus le corps flanche sous les tremblements de terre et moins le corps assure ses prises, plus l'âme perd ses repères. Dans cette dimension, rares sont ceux qui, sans préparation, réussissent à atteindre le dernier Gardien. C'est en préparation de ce monde que les mantras et prières ont été conçus, permettant de surpasser la douleur physique et mentale. Si le pèlerin arrive à dépasser l'hologramme dans lequel il a été projeté, il peut enfin se retourner et admirer le dernier Gardien qui n'est autre que lui-même. Si son rite initiatique a été correctement effectué, le pèlerin trouvera alors dans sa poche un rubis de la taille d'un ongle, symbole de sa réussite. Il peut alors franchir aisément le portail en sens inverse et venir au Quatrième Monde, qui n'est autre que le nôtre.
En raison de son succès, le pèlerin est acclamé par les moines de l'Ordre de Saint Évroult et se voit offrir une robe de bure grise, signe de sa piété et de son humilité, en échange des trésors récoltés durant sa quête car comme tout trésor, ces derniers sont les ultimes illusions qu'il doit abandonner pour atteindre la félicité.
Lorsque par malheur un pèlerin revient après avoir échoué dans sa quête, il est confié à la protection des moines de l'Ordre jusqu'à rémission, ou jusqu'à ce que raison lui revienne.
L'abbaye est tombée en ruines depuis de nombreux siècles évidemment, cette image le prouve. Mais la Porte de l'Abbaye est toujours présente, solidement ancrée dans le sol, et la puissance mystique qu'elle contient est toujours d'actualité. Le franchissement de cette arche ne porte pas à conséquence tant que l'imprudent ne se laisse pas aller à réciter le mantra secret de l'Ordre de Saint Évroult. La connaissance de ce rituel a été perdue dans les brumes des siècles.
Pourtant... Au matin de l'équinoxe de printemps, alors que le soleil frappe les pierres de la Porte, on peut encore entr’apercevoir un voile couleur améthyste, puis émeraude, puis rubis au travers du Portail.
Illusion d'optique ? Effet de diffraction chromatique, répondrez-vous ?
Vraiment ?
Et d'où viens-je, selon vous ?
samedi 7 mars 2015
Les songes de la corneille...
À presque vingt-cinq ans, je puis vous le dire, j'ai eu une belle vie. Tandis que vous autres vous pliiez sous le joug de vos sociétés productivistes, je me gavais de vos restes, repas gargantuesques pour la jeune corneille que j'étais. Il faut l'avouer, nous ne sommes finalement pas nombreux à atteindre mon âge, et même à soixante-dix ans, nous n'avons pas le confort de la retraite. Au contraire, nous continuons à parcourir des kilomètres chaque jour dans le froid, le vent et la pluie. D'ailleurs, nous ne vivons pas assez longtemps pour atteindre votre retraite. Assez toutefois pour vous voir devenir adultes. Vous n'aimeriez pas vivre à notre place, même ne serait-ce que vingt ans, avec vos seuls poils comme protection.
Oh certes, mon plumage me protège efficacement de la dureté de l'hiver. Et vous ne savez pas tout, car je connais de fort bons endroits où passer la journée au chaud et au sec. L'un dans l'autre ma vie aura été nettement moins dure que la vôtre. Habitué à la vie sauvage et néanmoins assez futé pour échapper aux prédateurs, mes journées sont d'une douceur peu commune pour un oiseau. Contrairement aux passereaux qui meurent par milliers sous les griffes des chats et des chiens que vous entretenez, nous autres n'avons pas véritablement de prédateur connu, à part les quelques rapaces que vous avez su contribuer à éliminer pour votre plaisir de chasser les lapins.
Votre vie est bien vaine comparée à la nôtre. Nous autres corneilles vivons en bonne santé, mangeons à notre faim et ne sommes guère concernées par le devoir de travailler. Quelque part, nous avons la vie dont vous rêvez presque tous : une vie simple faite de voyages et de ripailles, ne pensant qu'à l'instant présent et au soir à venir, vivant assez pour profiter des joies simples de l'existence, et trop peu pour nous voir aigris et malheureux.
Le plus cocasse dans tout cela est que sans vos villes tentaculaires, jamais je ne me serais trouvée ici devant ce téléobjectif, prenant la pose. Mes parents ont échappé à la mort grâce aux nombreuses poubelles que vous laissez traîner éventrées et aux chaufferies que vous construisez.
Ironie de l'histoire, vous semblez ne pas savoir que nous autres corneilles comprenons votre langage humain, et ce que nous apprenons de vos vies nous fait croasser de bonheur. Vos angoisses vous fait produire davantage de déchets. Vos colères vous fait tuer davantage de chevreuils. Le malheur de l'Humanité est une promesse de bombance pour le peuple des Corneilles.
Pourtant nous n'aimerions pas vous voir disparaître. Vous avez été jadis de bien sympathiques colocataires, du temps où nos ancêtres et les vôtres parlaient la même langue. Vous souvenez-vous de Brandon le Bâtisseur ? Non, bien sûr... Tout ceci n'est que légendes et inventions tardives à vos yeux cillés.
Les corvidés se souviennent encore, eux, de l'ancienne alliance entre les empereurs de la terre et les empereurs du ciel, des cerveaux du sol et de l'air. Nous avons tout pour vous être agréable. Après tout, notre compréhension du monde est la plus grande de toutes les espèces volantes, tout comme vous êtes la plus subtile des espèces terrestres.
Je suis une corneille extrêmement vieille, à présent. L'âge me pèse et je sais que la mort me guette. Un de mes enfants l'annoncera pour moi. Oui j'ai eu une belle vie de corneille. Je sais que vous ne m'aimez pas, mais si je puis vous conseiller : n'ayez pas peur des charognards que nous sommes et vous n'aurez plus peur des charognards que vous êtes.
Admirez une dernière fois mon plumage, et une fois que je me serai envolée vers mon nid, essayez de vous souvenir de notre amitié de jadis, du temps où nous nous domestiquions réciproquement, de Dorne jusqu'au Mur...
mardi 3 mars 2015
L'écho des roses...
Ici, dans un petit vase, se tenait une rose jaune aux bords rouges. Cette rose me faisait penser à toi ; complicité et tendresse à la fois, amitié et amour entremêlés. Tels les amours naissantes sur le fond d'une amitié ayant vécu, cette rose exhalait un doux parfum d'entente harmonieuse dans toute la pièce.
Ses vertes épines rappelaient si bien les aléas de la vie de couple et le risque à considérer en saisissant trop violemment cette beauté éphémère. Ses pétales péroraient, piaillaient, paradant de leur insolente élégance. Une insolence qui leur allait tellement bien, une insolence domestiquée par la main verte du jardinier.
Ici, cette rose se faisait discrète et décorative, simple cadeau d'un petit-fils à sa grand-mère, et pourtant... Pourtant face aux fleurs de la romance, le souvenir de tes beaux yeux multicolores s'attardait en moi, Ce petit pavillon aimait cultiver les roses de toutes sortes, ainsi que bien d'autres splendeurs bourgeonnantes.
En effet cette fleur arriva à temps pour la fête des grands-mères. N'eût été sa dominante jaune, elle serait née à temps pour toi.
Symbole de joie et de bonheur, de réunification, cette fleur est effectivement née à temps pour ma grand-mère. Elle est également née sur le capteur de mon appareil photo pour que toi qui comptes tant à mes yeux puisses à loisir contempler sa fragrance, humer ses couleurs, goûter sa douce texture.
Car même si aujourd'hui nous ne nous tenons point côte à côte, il est encore possible de partager un instant de fragile charme végétal avec toi.
Ô toi qui hantes mes nuits, cette élégante est aussi tienne, modeste peinture d'une féminité jaune et rouge.
Puissent ces quelques mots transmuter la réalité derrière la peinture et puisse celle-ci te permettre de goûter cette rêverie de Tonton Poil, tandis qu'une grand-mère et deux de ses enfants jouaient au triomino sans se douter de la puissance féerique que recèle une simple rose, fût-elle un simple écho de sept autres, rouges, jadis.
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