vendredi 16 octobre 2015

Songes et souvenirs...

Dans la froide grisaille d'Octobre, derrière une haie en bordure de route se tenait un arbre mort.
Ses étranges ramifications instillaient la peur et le doute dans le cœur de ceux qui se rendaient sous ses branches, car en effet, cet arbre était connu pour avoir jadis été le lieu de suicide de plusieurs personnes, acculées par des dettes, détruites par une tromperie ou simplement gravement malades.
Or, depuis approximativement dix ans, plus rien. L'arbre qui, jadis, était un haut lieu du suicide local, semblait agir en repoussoir envers les suicidaires. L'on vit même des personnes désespérées se reprendre dans un sursaut d'instinct de survie et appeler sur place le SAMU.
Bien évidemment, et comme souvent, personne ne sut ce qui pouvait bien avoir provoqué un tel changement sociologique chez les suicidaires du cru.
La réponse était pourtant sous leurs yeux, accessible à toute personne un peu observatrice et néanmoins présente sur ce cliché.
Deux oiseaux. Des corneilles ou des choucas des tours ? Certes guère, messires.
Seule une espèce d'oiseau pouvait à la fois avoir un impact si considérable sur les humains et être insensible à mon fidèle appareil photo qui pourtant avait brisé plus d'un sortilège...
Des corbeaux.
Et à dire vrai je ne vous ai point livré toute l'étendue de mon expertise sur la question. Car même les corbeaux craignent le regard de la vérité à travers mon téléobjectif, bien qu'ils soient de plus sérieux concurrents que les simples rouges-gorges.
Ces deux corbeaux ont un nom. Un nom fameux. Le premier est Hugin et le second, Munin. L'un est la pensée et l'autre la mémoire du dieu Odin. Car je vous le rappelle, en terres normandes, les vieux dieux ne sont pas encore morts...
On pourrait répugner à cette hypothèse, mais en vérité c'est bien plus qu'une hypothèse. Souvenez-vous cette curieuse histoire que je vous ai racontée il y a quatre jours à peine... Cette histoire se passe à peine à quelques dizaines de mètres de ce fameux arbre. Hasard, coïncidence ?

Jadis, il se murmurait que Hangadróttinn accordait, au pied de cet arbre, un dernier présent à ceux qui se préparaient à accélérer l'inéluctable : tantôt la lucidité, tantôt de simples souvenirs.
Mais c'était il y a longtemps... Bien avant les jours de la chrétienté triomphante, bien avant qu'il n'existe plus que quelques individus acceptant de croire en Odin, comme l'on croirait dans les forces d'un vieil ami.

Cependant, la nature s'est éveillée, particulièrement aux aguets, depuis une dizaine d'années. Hasard ou revanche récente des vieux dieux, ceci semble avoir revigoré le panthéon des Ases et, depuis, moi-même ai pu le constater...

...La sorcellerie semble renaître.

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