dimanche 20 septembre 2015

Vi veri universum vivus vici...

Bien qu'ayant glosé à outrance sur l'absurdité et l'attitude quelque peu néocolonialiste derrière la présence de certains bouddhas se retrouvant jusque chez cette mienne mère-grand collectionneuse de bibelots devant l’Éternel (souvenez-vous, c'était il y a peu.), avec également un zeste de mauvaise foi et probablement beaucoup de préjugés de classe au sujet des premiers et plus grands "consommateurs" de bouddhisme et de développement personnel en France, bien qu'ayant apparemment tout dit et peut-être même trop dit du fond de ma pensée à ce sujet, bien qu'après tout il est un droit inaliénable que d'avoir des goûts philosophiques et une vision du monde qui ne soient point en accord avec les miens, bien que je sois persuadé d'être investi de la vérité divine sur l'ensemble des sujets que j'aborde, comme tout français qui se respecte et enfin bien que cette phrase soit beaucoup trop longue... (prenez le temps de respirer un coup, c'est presque fini), il me reste apparemment encore deux ou trois choses à dire sur ces bouddhas et sur cette philosophie bouddhiste qui semblent irrémédiablement conquérir aussi bien le cœur de mes compatriotes que leurs intérieurs, et particulièrement leurs salons.

Car au fond... Que nous dit véritablement un bouddha tel que celui-ci que vous voyez en photo ?
Ce qu'il nous dit, je gagerais, c'est la nécessité de se retrouver soi-même, c'est même le besoin de se retrouver, d'être à nouveau "authentique", mais plus encore...

... C'est de réussir à accomplir ce que tout philosophe depuis Socrate s'acharne à faire, ce qui prouve bien qu'au fond toute philosophie correctement conduite s'accorde avec n'importe quelle autre philosophie sur l'essentiel.
Ce qui se résume en deux mots en grec ancien, et en quatre en français moderne :
Connais-toi toi-même.
Ou pour les hellénistes érudits :
Γνῶθι σεαυτόν (Gnỗthi seautόn).

Car en effet, à quoi invite toute philosophie voire toute religion, sinon à cette ultime conquête intellectuelle, philosophique et spirituelle gravée au fronton du temple de Delphes ?

Quelle autre conquête peut donc être plus noble ? Quel autre combat peut donc être plus difficile et plus acharné ?

Et pourtant...
Pourtant malgré cette recherche acharnée de soi-même, cette lutte incessante de chaque être pour trouver sa vérité personnelle, doit-on toujours se connaître soi-même ? Le peut-on ?

Il existe de très nombreuses façons d'atteindre cette vérité individuelle, cette substance originelle de notre personnalité qui semble nous définir plus encore que tous nos actes d'adulte.
La confession, la méditation, la cure psychanalytique, la maïeutique, le voyage onirique... Tant de concepts, tant de méthodes cherchant une vérité ultime, telles des pratiques d'accoucheurs d'esprits.

Mais souhaitons-nous réellement nous connaître nous-mêmes ?
Souhaitons-nous réellement embrasser ce qui fait parfois l'horreur de la condition humaine, l'horreur de la pensée humaine ? Souhaitons-nous véritablement embrasser du regard nos lâchetés et nos indignités, nos peurs et nos préjugés, nos vices et nos folies ?

Cela, les guides autoproclamés qui nous accompagnent sur le chemin obscur de la connaissance de soi-même l'ont bien compris... Sinon, pourquoi le but présenté paraît-il toujours si luisant, si brillant, si étincelant, si lumineux et si pur ?

Mais pourrions-nous seulement soutenir le regard du monstre tapis en nous ?
Pourrions-nous regarder en face nos plus secrets démons ?
Pourrions-nous supporter le regard accusateur de nos souvenirs ?
Pourrions-nous ne serait-ce qu'accepter notre simple animalité ?
Pourrions-nous contempler la Mort en nous qui, chaque jour, s'avance un peu plus ?

Avons-nous réellement envie de nous connaître nous-mêmes ?




... Ou souhaitons-nous simplement vivre heureux en attendant la mort ?

1 commentaire:

  1. Pouvons-nous accepter de regarder en face le cochon qui sommeille en nous ?
    Ma réponse est Grouîîîk !

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