jeudi 12 novembre 2015
62, place Bonet...
- Commissaire ! Commissaire ! Excusez-moi, j'ai dû porter ma fille à l'école et... C'est le vélo de Julie Découvien ?
- Sans doute, lieutenant. Les plongeurs l'ont retrouvé il y a une heure. Il a séjourné un long moment sous l'eau, mais on a retrouvé sa besace de cuir avec sa carte d'identité, pas très loin de la carcasse...
Bon dieu, je ne sais pas ce qui va être le pire. Annoncer à la famille Découvien que leur fille est toujours introuvable ou leur annoncer qu'elle a été probablement victime d'un de ces tordus qui rôdent la nuit.
- Retour à la case départ, donc ?
- Oui, lieutenant Levallois. Retour à la case départ. Quand je pense qu'en un an, on a passé plus de temps à fouiller Champfrémont et ses alentours, à faire des battues, à interroger les voisins, qu'à trouver la moindre piste sérieuse... Et maintenant ça. Honnêtement, on aurait dû clore le dossier depuis longtemps. Mais que voulez-vous...
- Il y a toujours un espoir... Ce vélo nous révélera peut-être quelque chose... Et la besace aussi. On retrouvera le coupable. On sait maintenant que Julie s'est rendue à Alençon dans la nuit du 30 septembre 2014. Peut-être quelqu'un l'aura-t-il vue ?
- Mon pauvre Levallois. On remarque que c'est votre première affaire d'importance... Je vais vous dire comment ça va se passer, moi. Dès que les pigistes de l'Orne Hebdo et d'Ouest France auront eu vent de l'information et l'auront rapportée, il va y avoir une centaine de témoignages par jour à trier, et aucun de valable. Dans un an, on y sera encore.
- Vous êtes un peu défaitiste, là, commissaire...
- Défaitiste ? Non, je connais juste très bien cette ville. Passé minuit, il n'y a déjà plus grand monde à circuler sur les bords de Sarthe. Non, m'est avis qu'on retrouvera le corps de Julie à l'occasion de travaux. Le légiste conclura à un homicide, mais ne donnera pas d'informations susceptibles d'aider au vu de l'état dans lequel on le retrouvera.
- C'est bien ce que je disais, vous êtes défaitistes...
- Et vous, vous avez trop abusé des séries policières dans votre adolescence, Levallois ! En pratique, ce genre d'affaire est presque toujours classé sans suite. Pas de traces, pas de témoins. Et ça fait plus d'un an maintenant. Si on retrouve le coupable malgré tout, je vous offre le champagne et...
- Commissaire Delavenue ! Un mot sur ce que vous venez faire ici ? Le public a le droit de savoir ! Juste deux mots, venez !
- Vous voyez, Levallois, si un jour vous passez par l'école des commissaires, vous aurez l'immense plaisir de palabrer en bombant le torse sur l'avancée de vos enquêtes. Mais en attendant, vous allez me faire plaisir de clore ce dossier, fissa fissa.
- Mais... Et la famille ? Ils vont faire comment ?
- Écoutez, si vous avez une boule de cristal, c'est le moment de l'utiliser, lieutenant. Fermez le dossier et passez à autre chose ! Plus vous donnerez d'espoir à la famille Découvien, plus vous les ferez souffrir. C'est fini, vous comprenez ? Fini !
- ... À vos ordres, commissaire.
[ndTonton Gilles : Bien évidemment, cette histoire est purement fictive, les noms également. Ainsi toute correspondance avec des personnes ou faits réels est fortuite et en tout cas involontaire, etc, etc... Ceci était mon expérience de style polar.]
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Rehello,
RépondreSupprimerJe m'étais amusé à écrire un court texte de Polar mais le mien est nettement moins fouillé !