lundi 4 janvier 2016

On entend loing haulte clocque...


Dis tonton ! C'est qui le monsieur à la casquette en statue ?
Ah... Cela faisait longtemps que tes frères ne m'avaient pas posé de question de cet acabit, ma chère nièce. C'est bien vous trois ça : la tête dans le même bonnet. Tout de même on t'en a déjà parlé, non ?
Si mais raconte, c'est qui ?
Eh bien il s'agit du maréchal Leclerc. Mais d'ordinaire on parle plutôt du général Leclerc, simplement parce qu'il n'était pas maréchal lors de la dernière guerre mondiale. Il ne l'a été qu'après sa mort, à titre posthume, ainsi que cela se dit, pour son action décisive dans la guerre.
C'est lui qui a gagné la bataille à Alençon le... euh le douze août 1944 ?
Non, ma petite chérie. Il n'y a pas eu de bataille à Alençon en 1944. En réalité, les Allemands avaient déserté la ville peu avant, voyant l'arrivée des forces alliées et après avoir été appelés pour concentrer leur résistance face à... eh bien à l'avancée inexorable des FFL, les forces françaises libres, et évidemment des forces alliées; américaines, canadiennes, anglaises principalement.
Les Alliés avaient débarqué depuis le 6 juin 1944. Les hommes de Leclerc débarquèrent le 1er août, c'était la fameuse 2e Division Blindée.
Ils libérèrent Alençon pour ainsi dire sans coup férir, apprenant que la ville était désertée par les forces allemandes. Leclerc, à ce que l'on raconte, eut cette phrase alors qu'il s'appuyait sur la bordure du Pont Neuf que tu vois en face que, puisqu'il avait eu ce pont, il ne le lâcherait plus. Il s'agissait en effet du principal point de passage de la Sarthe des environs, le seul qui permettait une progression rapide et évitait de faire un grand détour.
Ainsi Alençon fut la première ville française libérée par une armée française à la fin de la guerre...
Mais euh... C'est vrai qu'il était aimé ici ?
Oh que oui, ma jeune tête blonde ! Comprends-tu, lorsque Leclerc arriva sur Alençon, il évita à la ville entière d'être bombardée par les américains qui avaient prévu le jour même à 10h du matin de... eh bien de la réduire en cendres, pour ainsi dire.
Les Alençonnais s'en sont toujours souvenus, et ce mémorial que tu vois est une façon de garder en mémoire ce que nous lui devons, même si c'est un militaire.
Pourquoi ? T'aimes pas les militaires, tonton ?
Cela dépend. Incontestablement, Leclerc était de ces hommes qui ont eu l'immense privilège de se battre pour une cause juste. On pouvait difficilement faire plus moral comme choix que de lutter contre les nazis.
C'est vrai qu'ils étaient méchants, les nazis. La prof d'histoire nous en a parlé, et nous a montré un film. Heureusement que les Allemands sont gentils aujourd'hui.
Tu sais, ma chérie, les Allemands n'étaient pas plus méchants en 39-45. Ils ont simplement fait les mauvais choix et fait confiance aux mauvaises personnes. Ils ont cru à des mensonges et ont pris pour argent comptant une vision simpliste du monde. Ça peut arriver à n'importe qui, à n'importe quel peuple. Même à nous.
Ah, d'accord...



...Mais dis, tonton, tu m'as pas répondu ! Tu aimes pas les militaires ?

Ce n'est pas une question d'aimer ou non l'armée. Mais une armée de cette taille a-t-elle encore un sens, une utilité dans un pays dont les frontières ne sont menacées par aucune armée depuis plus de 70 ans à présent ?

Et s'il y a une prochaine guerre mondiale ?

Nul ne peut le savoir.
Certains te diront qu'elle a commencé depuis bien longtemps...

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