samedi 17 janvier 2015

Danse stellaire au clair de brume...

Perdu dans les brumes d'une insomnie bleutée, je contemplais le ciel étoilé. La brume de Décembre semblait illuminer la voûte céleste d'une étrange lueur orangée. Plus encore, cette brume fuyait l’œil acéré de mon appareil solidement vissé sur son trépied.
Alors que je ne cessais de pourchasser cette vaporeuse dévoreuse d'âmes égarées, m'acharnant sur le déclencheur d'un EOS qui n'avait rien demandé à personne, je fus saisi du vertige de l'infiniment grand.
Ces étoiles scintillant au firmament me toisaient de leur altière position, narguant mon envie enfantine de visiter d'autres mondes et de contempler la Terre comme jamais auparavant. Je tentai alors d'entrer en communication avec elles, mitraillant autant que possible de toute la puissance de mon appareil mais aucune ne semblait vouloir m'accorder le privilège d'échanger avec leurs Célestes Beautés.
Elles me narguaient de plus en plus. Semblant immobiles, elles chuchotaient dans mon esprit toutes les grandes images de mondes inconnus de l'Homme, les splendeurs astrales inaccessibles à nos regards les plus aiguisés. Quelques-unes me rappelèrent alors l'écho de leurs majestés passées et à présent effacées. Je sus alors que, pareilles aux elfes, elles avaient l'âme emplie de la tristesse de celles qui virent les Âges passer sans comprendre la destinée de la vie et pourtant être touchées par elle. Certaines, telles des huorns sombres, le cœur dévoré par les ombres, me harcelèrent pour que cesse mon inquisition nocturne sauf à être frappé de terreur, de ces terreurs qui saisissent les imprudents qui, par erreur, se voient entourés par la brume.
La brume fuyait de plus en plus à présent. Elle s'agitait comme jamais auparavant. Les étoiles, quant à elles, se gaussaient de ma pathétique tentative de comprendre l'éternité et brillaient de plus belle.

Les arbres et les antennes téléphoniques commençaient à mourir sous l'assaut de ce broe normand au service de la Nuit. Déjà, l'on n'apercevait plus guère que les ombres ténues des bâtiments les plus proches, alors que la Nuit corrodait jusqu'à la lumière artificielle de la ville.
Je me dépêchai alors de finir quelques clichés et rentrai juste à temps pour observer, médusé, le brouillard étendre ses longs bras jusqu'à mon balcon, les agitant, essayant vainement de me saisir et m'emporter.
Me ruant sur mon ordinateur favori, je fouillai la carte mémoire de mon reflex refroidi par la Nuit, visionnai les photos, et soudain poussai un cri.

Sur les clichés, le brouillard fuyait, emportant avec lui ces étoiles pourtant si jolies. Elles aussi s'en allaient, et alors que je regardais, derrière la vitre ces astres arrogants s'éteignaient en se moquant.
L'obscurité était là. Soudain, plus rien n'illumina le monde qui s'étendait sous mes pas.

La Nuit m'avait emporté avec elle.

1 commentaire:

  1. Ce noir plairait à Hélène du pays de Broe... La nuit cependant précède le jour et non l'inverse. ;-)

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