lundi 22 février 2016

Des orgues entre au-delà et réalité...


À Alençon, il existe de vieilles, très vieilles bâtisses. Il existe aussi des lieux de culte à l'histoire tourmentée. Il existe même une tour hantée.
Pourtant, je suis, par la photo présente, le premier témoin (à ma connaissance) de grandes orgues hantées.

Mais permettez-moi de vous expliquer comment je les ai découvertes.

Dans la basilique Notre-Dame d'Alençon, il y avait jadis de grandes orgues datant du XVIe siècle.
Après une longue et difficile activité, les orgues avaient été démontées, ainsi que leur buffet, pour restauration, comme il est de coutume pour les pièces de musée.

Or donc, j'arrivai peu après le départ des ouvriers et du maître de chantier (un homme véritablement passionné) au sein de la basilique, bien décidé à prendre quelques clichés de cette œuvre d'art magnifique à chaque étape de sa réinstallation. Cette petite compagnie de professionnels avait laissé la majeure partie de ses outils, ceux dont le déplacement quotidien serait trop fastidieux.
Un long ruban de sécurité indiquait la place prise par les ouvriers pour le remontage, et pourtant de nombreuses pièces de ce précieux puzzle dépassaient allègrement de la zone interdite aux touristes et fidèles.

M'installant comme à mon habitude, sans me presser donc, je dépliai mon trépied, installai mon appareil préféré et commençai à faire mes réglages.

(Je dois vous dire, en aparté, que parfois l'usage de ce reflex enchanté est une véritable plaie. En effet, peu importe la vibration surnaturelle qui hante l'endroit visé... S'il y a quelque manigance magique, je suis sûr et certain de la percevoir sur l'image.)

À 18h21 très exactement, je déclenchai la prise de vue. C'est alors qu'une forte odeur de poussière brûlée me vint aux narines. Lorgnant sur mon écran de prévisualisation, je vis alors deux ombres vagues s'afficher au milieu du chantier sis quelques mètres en hauteur.
Pris par le démon de la curiosité, j'appuyai sur la touche de grossissement et commençais à apercevoir des formes vaguement humaines et clairement éthérées, quand soudain les cloches sonnèrent les 19h !
Plongé subitement dans une pénombre à peine dominée par les cierges sur les côtés de la nef, je commençais à me douter qu'un fantôme m'observait. Peut-être deux. Un air d'orgue venu d'au-devant se mit à retentir. Toccata et fugue en D mineur.

- Vous... n'êtes  pas... le bienvenu !

- Je ne vous veux pas de mal ! Je photographiais juste le chantier des orgues pour mes archives personnelles...

- Ces orgues... sont... notre caveau...

- Vous... Vous êtes prisonniers des orgues ? Je peux peut-être faire quelque chose... Je vous entends, après tout, votre monde ne m'est pas inconnu.

- Vous... n'êtes pas... le bienvenu !

La lumière revint brutalement, comme elle était partie. L'air d'orgue cessa soudain, comme il était arrivé.
Asticoté par toute cette odeur de poussière brûlée, j'éternuai alors bruyamment, dans cette nef où chaque mur semblait amplifier le moindre son.
Sentant une main sur mon épaule, je me retournai.

- À vos souhaits ! M...Monsieur, vous m'avez l'air pâle ? Avez-vous besoin d'un prêtre, mon Fils ?

- Non merci, mon Père... Vous m'avez juste surpris, je ne vous avais pas entendu arriver.
Ces orgues ont un très beau buffet, vous ne trouvez pas ? Leur restauration était bienvenue.

- Oui, en effet. À la fin de la réinstallation, il est prévu de les bénir. Il semble qu'il y ait des histoires horribles et récurrentes avec ces orgues. Des gentilshommes ont été retrouvés gisant derrière les sifflets. À l'époque, les autorités religieuses avaient suspecté un acte de sorcellerie d'un des artisans, quand l'église a été construite, un de ces hérétiques francs-maçons.

- Vous croyez aux fantômes, mon Père ?

- Non, mon Fils. Je n'y crois pas...



Il me regarda de ses yeux, des yeux d'un gris acier, perçants, et, semblant presque voir en moi, il murmura :

- Non. J'en suis convaincu.



2 commentaires:

  1. Ce n'est pas étonnant que ton reflex voie des choses magiques, il a appartenu à un lutin dans le temps...

    RépondreSupprimer
  2. Fantôme ou pas ..... frisson garanti !

    RépondreSupprimer