Au cœur d'une cité normande,
Accourent les badauds curieux,
Venus des plus lointaines landes
Admirer le joyau du Grand Dieu.
Beauté d'un art par trop tardif,
Ce joyau attire grands maladifs,
Hères en quête de rédemption
Au jour béni de l'Assomption.
Résonnent dans le palais de Dieu
Les belles clameurs des Sept Cieux !
Chatoient dans la grandeur gothique
Les ancestrales figures poétiques
Par nos ancêtres sculptées, modelées !
Dragons et chiens, chimères et démons !
Beautés captives d'une pierre dentelée,
Ici se trouve l'essence du Point d'Alençon...
Tous repartiront heureux, jeunes et vieux...
Car, assurément, la beauté d'un tel lieu
Fait plus que guérir hommes et femmes...
Sa grâce élancée réconfortera votre âme.
Sous les mystères austères de sa voûte,
Résonnent à jamais les angoisses, le doute
D'une époque surannée, du temps jadis
Hélas ! Qui de nos jours voit les indices
D'une époque où réalité et merveilleux
Se partageaient entre jeunes et vieux ?
Partageons au moins ce beau sentiment
À l'intérieur de ce temple intimidant
De vivre un rêve gothique flamboyant :
Écoutons les notes d'un Kyrie éblouissant !
vendredi 26 février 2016
lundi 22 février 2016
Des orgues entre au-delà et réalité...
À Alençon, il existe de vieilles, très vieilles bâtisses. Il existe aussi des lieux de culte à l'histoire tourmentée. Il existe même une tour hantée.
Pourtant, je suis, par la photo présente, le premier témoin (à ma connaissance) de grandes orgues hantées.
Mais permettez-moi de vous expliquer comment je les ai découvertes.
Dans la basilique Notre-Dame d'Alençon, il y avait jadis de grandes orgues datant du XVIe siècle.
Après une longue et difficile activité, les orgues avaient été démontées, ainsi que leur buffet, pour restauration, comme il est de coutume pour les pièces de musée.
Or donc, j'arrivai peu après le départ des ouvriers et du maître de chantier (un homme véritablement passionné) au sein de la basilique, bien décidé à prendre quelques clichés de cette œuvre d'art magnifique à chaque étape de sa réinstallation. Cette petite compagnie de professionnels avait laissé la majeure partie de ses outils, ceux dont le déplacement quotidien serait trop fastidieux.
Un long ruban de sécurité indiquait la place prise par les ouvriers pour le remontage, et pourtant de nombreuses pièces de ce précieux puzzle dépassaient allègrement de la zone interdite aux touristes et fidèles.
M'installant comme à mon habitude, sans me presser donc, je dépliai mon trépied, installai mon appareil préféré et commençai à faire mes réglages.
(Je dois vous dire, en aparté, que parfois l'usage de ce reflex enchanté est une véritable plaie. En effet, peu importe la vibration surnaturelle qui hante l'endroit visé... S'il y a quelque manigance magique, je suis sûr et certain de la percevoir sur l'image.)
À 18h21 très exactement, je déclenchai la prise de vue. C'est alors qu'une forte odeur de poussière brûlée me vint aux narines. Lorgnant sur mon écran de prévisualisation, je vis alors deux ombres vagues s'afficher au milieu du chantier sis quelques mètres en hauteur.
Pris par le démon de la curiosité, j'appuyai sur la touche de grossissement et commençais à apercevoir des formes vaguement humaines et clairement éthérées, quand soudain les cloches sonnèrent les 19h !
Plongé subitement dans une pénombre à peine dominée par les cierges sur les côtés de la nef, je commençais à me douter qu'un fantôme m'observait. Peut-être deux. Un air d'orgue venu d'au-devant se mit à retentir. Toccata et fugue en D mineur.
- Vous... n'êtes pas... le bienvenu !
- Je ne vous veux pas de mal ! Je photographiais juste le chantier des orgues pour mes archives personnelles...
- Ces orgues... sont... notre caveau...
- Vous... Vous êtes prisonniers des orgues ? Je peux peut-être faire quelque chose... Je vous entends, après tout, votre monde ne m'est pas inconnu.
- Vous... n'êtes pas... le bienvenu !
La lumière revint brutalement, comme elle était partie. L'air d'orgue cessa soudain, comme il était arrivé.
Asticoté par toute cette odeur de poussière brûlée, j'éternuai alors bruyamment, dans cette nef où chaque mur semblait amplifier le moindre son.
Sentant une main sur mon épaule, je me retournai.
- À vos souhaits ! M...Monsieur, vous m'avez l'air pâle ? Avez-vous besoin d'un prêtre, mon Fils ?
- Non merci, mon Père... Vous m'avez juste surpris, je ne vous avais pas entendu arriver.
Ces orgues ont un très beau buffet, vous ne trouvez pas ? Leur restauration était bienvenue.
- Oui, en effet. À la fin de la réinstallation, il est prévu de les bénir. Il semble qu'il y ait des histoires horribles et récurrentes avec ces orgues. Des gentilshommes ont été retrouvés gisant derrière les sifflets. À l'époque, les autorités religieuses avaient suspecté un acte de sorcellerie d'un des artisans, quand l'église a été construite, un de ces hérétiques francs-maçons.
- Vous croyez aux fantômes, mon Père ?
- Non, mon Fils. Je n'y crois pas...
Il me regarda de ses yeux, des yeux d'un gris acier, perçants, et, semblant presque voir en moi, il murmura :
- Non. J'en suis convaincu.
vendredi 19 février 2016
Infernus...
Lors de la Lune Rouge,
Les prières résonnent en vain.
Rameaux consumés.
Soudain, la terre s'ouvre en deux !
Ricanements basaltiques...
月
lundi 15 février 2016
De l'art de causer de course à pied...
La photographie est indubitablement un art. Ceux qui la pratiquent à très haut niveau le prouvent sans relâche à l'aide de clichés de toute beauté.
Voir dans la photographie une simple technique relèverait quelque peu du mépris pour ce que les plus grands photographes au monde ont pu réaliser.
À mon humble niveau, nous ne parlerons certainement pas d'art mais de technique et d'apprentissage long et laborieux; d'abord parce que beaucoup de mes photos démontrent par elles-mêmes un manque de maîtrise de la technique et de la composition, et ensuite parce qu'elles pointent également du doigt un manque pourtant essentiel à l'art : l'expressivité.
En effet, si l'art se doit de mentir pour dire la vérité, ou à défaut de travestir la vérité pour mieux la dévoiler, il est clair qu'en pareil cas je ne saurais prétendre faire de l'art.
Mes photos ne dévoilent qu'une vérité crue à un instant donné, sans aucun message, ou si peu.
C'est là la limite de mon talent en photo et la raison pour laquelle je les accompagne systématiquement d'un texte sur ce blog.
Pourtant, il est un domaine de la photo, un domaine que je ne maîtrise guère, où le message est pourtant évident, se jette à notre figure.
Ce domaine est celui des photos de course à pied.
Car en effet, le sport, et particulièrement la course à pied, est un sujet que j'aime traiter depuis peu.
Et tout aussi curieusement, je traite ce sujet avec force portraits au 300mm, ce qui reviendrait un peu à cuisiner avec des gants de boxe pour la pratique habituelle du portrait mais convient "curieusement" très bien à ce type précis de photos.
Or s'il est un domaine où l'expressivité des personnes est totale, s'il est un domaine où, à moins de beaucoup de mauvaise foi, l'on ne peut que réussir de beaux clichés, c'est bien la course à pied en compétition.
Une telle pratique requiert cependant une certaine endurance, à l'instar des coureurs, pour tenir durant le temps de la course, debout à son poste, un appareil photo doté d'un gros objectif à longue focale, tous deux relativement lourds d'habitude, tous deux très lourds au bout d'une heure de prise de vue ininterrompue.
Comprenez par là qu'une course, c'est généralement beaucoup de coureurs qui se succèdent à un rythme effréné.
Qu'au bout de trente minutes vous aurez déjà les bras douloureux si vous ne vous êtes pas équipés d'un bon pied et enfin qu'il faut une attention de tous les instants pour essayer de rater le moins de coureurs possibles.
Certains photographes, apparemment, se concentrent essentiellement sur les premiers, les têtes d'affiche, comme des paparazzis mitraillent des starlettes.
De mon point de vue, c'est une aberration, un manque de respect flagrant envers la foule des coureurs à pied qui, tous, sont méritants, les derniers sans doute plus encore que les premiers, et enfin un grand gâchis de photos.
Car... Que d'expressions afficheront les photos prises : à travers les photos se dessinent la souffrance, l'exaltation, la concentration, la ténacité, la colère, la tristesse, la fatigue, la hardiesse...
Ces coureurs en plein effort expriment à cent pour cent ce que leur passion leur apporte, ce qu'elle leur fait subir et ce qu'elle leur développe.
Dans la foule des runners, les plus beaux sont incontestablement ceux dont on se doute qu'ils ne sont pas des acharnés du sport. Ce sont de véritables gueules qu'on peut alors apercevoir, des gens dont le visage passe inaperçu dans la rue révèlent alors toute l'originalité de leur apparence, leur caractère. Dans l'effort se dessinent des continents entiers d'une histoire personnelle plus vaste que mille systèmes solaires, ces continents en plein chamboulement tectonique effleurent puis percent la surface des flots de sueur qui trempent leur corps et leurs habits.
Dans l'effort, les plus beaux sont incontestablement les derniers.
Dans l'effort, enfin, les derniers sont incontestablement les plus méritants. Non seulement en raison de la durée de leur épreuve, mais aussi hélas en raison du fait que beaucoup de spectateurs ne s'intéressent guère à eux, partis vers l'arrivée avant leur passage pour applaudir les podiums des premiers.
Comme déjà dit, je considère cela comme un manque de respect envers ces coureurs. Je ne puis prétendre avoir fait beaucoup de séances de photo de course à pied (en réalité 3 seulement en 2015), mais je tiens à chaque fois à tenter la photo du ou des derniers. Ce sont incontestablement mes chouchous. Ils sont beaux, courageux et volontaires. Rien que pour cela, ils méritent qu'on se souvienne d'eux.
Quant aux quelques intéressés qui se demanderaient quel genre de photos ai-je pu faire et où les voir, je vous conseille d'aller dans la rubrique Internautes de Normandie Course à Pied, et d'y chercher les photos prises par Lucas Jacquet, car il s'agit bien évidemment de votre serviteur ici présent.
S'il est vrai que 2016 ne m'a pas encore vu au bord d'une course, je compte cependant bien réparer cette faute dès que je le pourrai. Runners, prenez garde !
jeudi 11 février 2016
Rendez-vous hivernal...
Au plus profond de la forêt d'Écouves, la neige recouvrait tout. Arbres, herbes, feuilles mortes, branches, chemins et buissons...
Arpentant les étendues blanches de cette futaie frigorifiée, nous avancions difficilement, prudemment, à l'affût d'un signe de vie.
Personne.
Juste le silence et le bruit de nos pas dans la poudreuse.
Devant moi, mon guide s'arrêta un instant.
Ah, voilà le chemin que je cherchais. Suis-moi, je vais t'y mener !
Nous avançâmes un peu plus dans ce monde en noir et blanc redoutant de glisser à chaque descente, craignant les branches et cailloux dissimulés à quelques centimètres sous la surface immaculée.
Le chemin devenait plus net au fur et à mesure de notre avancée.
Bientôt, mon guide s'arrêta, me fit signe d'approcher et me murmura à l'oreille alors que je m'accroupissais à sa hauteur : Passe devant. Marche lentement, dès que tu le verras, fixe-le et ne cille pas. Si quelque chose tombe près de toi, fuis... Il est dangereux.
Je pris lentement le chemin de lutin qui se dessinait devant moi, un pas après l'autre, un pas devant l'autre.
Le sylvestre d'Écouves m'observa un long moment, puis, quand je disparus de son champ de vision, un craquement sec m'indiqua qu'il venait de se volatiliser, à travers l'espace et le temps.
Quelques pas de plus et je le vis apparaître. Un ours brun, grand comme deux humains, en pleine sieste, me regardait du coin de l’œil, grognant un peu.
Vissant mon regard dans le sien, je ralentis encore un peu l'allure.
Après cinq longues et angoissantes minutes, j'arrivai près de lui. Approchant ma main de son front, je m'apprêtais à entrer en contact télépathique avec lui mais un grondement me figea dans mon élan. Il se dressa soudain de toute sa stature, me plongeant dans son ombre gigantesque, approcha sa patte géante de ma tête, et, lentement, initia lui-même la conversation mentale.
Il m'est difficile de vous décrire un tel entretien, d'esprit à esprit. Sans une harmonie mentale suffisante, cela est tout bonnement impossible : même entre les deux meilleurs amis du monde, elle ne ressemble guère qu'à une suite de flashes et de sons totalement incohérents...
La "conversation" terminée, l'ours se rassit quelques instants puis, pesamment, se blottit sous un arbre. Je n'avais plus rien à faire ici.
Suivant mes propres traces et celles de mon ami sylvestre, je prenais le chemin du retour quand une voix venue d'au-dessus m'interpella.
-Alors ? Que t'a-t-il dit ? J'ignorais que ton don allait jusqu'à communiquer avec les ours d'Artémis, mais... Bon, je te l'avoue, j'avais à moitié espéré te voir recevoir une branche sur le crâne... Cela m'aurait distrait, pour une fois. On manque d'occasions de rire en cette saison...
-Mon cher ami lutin, j'apprécie mieux ton sens de l'humour quand je te vois en face de moi... Et pour ta gouverne, ce que cet ours et moi nous sommes dit ne regarde que nous. Disons simplement que j'avais besoin d'entrer en contact avec Artémis pour des raisons personnelles.
-Tout de même, d'habitude les être sensitifs n'approchent pas les messagers des dieux et déesses. Tu te prends pour qui, mon cher Gilles ? Tu crois qu'Artémis va t'écouter ou te conseiller ? Elle est réputée n'écouter que ceux qui ont reçu sa bénédiction. Tu te prends pour un de ses fidèles ? Pourquoi pas pour un ours, tant que tu y es...
-Occupe-toi de tes pièges à trolls, petit Écouvien. Artémis m'a répondu. La façon dont j'y suis parvenu ne te regarde guère...
Un craquement encore plus sonore retentit au milieu des bois. Visiblement mon ami le lutin venait de s'éclipser bien loin de moi...
Quelques dizaines de mètres plus loin, une complainte d'ours solitaire se fit entendre dans toute la forêt. Je me retournai en direction du bruit, et, alors que je m'apprêtais à disparaître dans un grand craquement, je me murmurai à moi-même...
Prends bien soin de notre forêt... Mon frère.
Arpentant les étendues blanches de cette futaie frigorifiée, nous avancions difficilement, prudemment, à l'affût d'un signe de vie.
Personne.
Juste le silence et le bruit de nos pas dans la poudreuse.
Devant moi, mon guide s'arrêta un instant.
Ah, voilà le chemin que je cherchais. Suis-moi, je vais t'y mener !
Nous avançâmes un peu plus dans ce monde en noir et blanc redoutant de glisser à chaque descente, craignant les branches et cailloux dissimulés à quelques centimètres sous la surface immaculée.
Le chemin devenait plus net au fur et à mesure de notre avancée.
Bientôt, mon guide s'arrêta, me fit signe d'approcher et me murmura à l'oreille alors que je m'accroupissais à sa hauteur : Passe devant. Marche lentement, dès que tu le verras, fixe-le et ne cille pas. Si quelque chose tombe près de toi, fuis... Il est dangereux.
Je pris lentement le chemin de lutin qui se dessinait devant moi, un pas après l'autre, un pas devant l'autre.
Le sylvestre d'Écouves m'observa un long moment, puis, quand je disparus de son champ de vision, un craquement sec m'indiqua qu'il venait de se volatiliser, à travers l'espace et le temps.
Quelques pas de plus et je le vis apparaître. Un ours brun, grand comme deux humains, en pleine sieste, me regardait du coin de l’œil, grognant un peu.
Vissant mon regard dans le sien, je ralentis encore un peu l'allure.
Après cinq longues et angoissantes minutes, j'arrivai près de lui. Approchant ma main de son front, je m'apprêtais à entrer en contact télépathique avec lui mais un grondement me figea dans mon élan. Il se dressa soudain de toute sa stature, me plongeant dans son ombre gigantesque, approcha sa patte géante de ma tête, et, lentement, initia lui-même la conversation mentale.
Il m'est difficile de vous décrire un tel entretien, d'esprit à esprit. Sans une harmonie mentale suffisante, cela est tout bonnement impossible : même entre les deux meilleurs amis du monde, elle ne ressemble guère qu'à une suite de flashes et de sons totalement incohérents...
La "conversation" terminée, l'ours se rassit quelques instants puis, pesamment, se blottit sous un arbre. Je n'avais plus rien à faire ici.
Suivant mes propres traces et celles de mon ami sylvestre, je prenais le chemin du retour quand une voix venue d'au-dessus m'interpella.
-Alors ? Que t'a-t-il dit ? J'ignorais que ton don allait jusqu'à communiquer avec les ours d'Artémis, mais... Bon, je te l'avoue, j'avais à moitié espéré te voir recevoir une branche sur le crâne... Cela m'aurait distrait, pour une fois. On manque d'occasions de rire en cette saison...
-Mon cher ami lutin, j'apprécie mieux ton sens de l'humour quand je te vois en face de moi... Et pour ta gouverne, ce que cet ours et moi nous sommes dit ne regarde que nous. Disons simplement que j'avais besoin d'entrer en contact avec Artémis pour des raisons personnelles.
-Tout de même, d'habitude les être sensitifs n'approchent pas les messagers des dieux et déesses. Tu te prends pour qui, mon cher Gilles ? Tu crois qu'Artémis va t'écouter ou te conseiller ? Elle est réputée n'écouter que ceux qui ont reçu sa bénédiction. Tu te prends pour un de ses fidèles ? Pourquoi pas pour un ours, tant que tu y es...
-Occupe-toi de tes pièges à trolls, petit Écouvien. Artémis m'a répondu. La façon dont j'y suis parvenu ne te regarde guère...
Un craquement encore plus sonore retentit au milieu des bois. Visiblement mon ami le lutin venait de s'éclipser bien loin de moi...
Quelques dizaines de mètres plus loin, une complainte d'ours solitaire se fit entendre dans toute la forêt. Je me retournai en direction du bruit, et, alors que je m'apprêtais à disparaître dans un grand craquement, je me murmurai à moi-même...
Prends bien soin de notre forêt... Mon frère.
dimanche 7 février 2016
Marche mycologique....
Au cœur des clairières,
Même en plein hiver,
Sur les troncs pourris,
Nourris d'eau croupie...
Ici nous nous étendons,
Ici commence l'invasion.
Coiffés d'un simple chapeau,
Parfois sertis d'un anneau
Aux couleurs de l'automne,
Alors que le vent marmonne,
Nous guettons le promeneur
Celui qui fera notre bonheur.
Nous prendra-t-il en photo ?
Irons-nous dans son beau gigot ?
Ou nous arrachera-t-il violemment,
Jetant notre dépouille aux quatre vents ?
Peu importe, car, partout où nous allons
S'installe le règne des Champignons !
jeudi 4 février 2016
Étape après étape...
La vie est faite d'étapes.
Certaines ont une importance considérable, d'autres sont si anecdotiques qu'on ne s'en aperçoit qu'à peine.
Il y a de cela bientôt six ans, ma sœur avait franchi une étape décisive dans sa vie : un mariage avec l'élu de son cœur, un mariage d'amour comme nous en rêvons tous.
Amour ne signifie pas non plus aveuglement; en réalité ma sœur a toujours eu un esprit très pragmatique. Comme elle se plaît à le répéter : "l'Amour pète au lit.".
De fait, les six dernières années de sa vie furent marquées par plus que de l'amour et de l'eau fraîche, bien plus...
Amour, tristesse et joie, grognements et câlins, râleries et plaisanteries... Elle avait depuis longtemps compris que le romantisme était une excellente façon de se compliquer la vie et d'être au final déçue.
Il y a à peine vingt mois, ma sœur franchissait une nouvelle étape de sa vie, une de ces étapes dont je gagerai qu'elle se souviendra toujours. La naissance de sa première fille.
Entre deux séances de changement de couches, sa fille trouve moyen d'explorer, de tester et de franchir, elle aussi, ses toutes premières étapes...
Le mois dernier, ma sœur fit l'acquisition d'une maison. Il était à présent temps pour elle et sa petite famille de franchir une nouvelle étape.
C'est à cette dernière étape à laquelle je pensais, durant le détapissage des murs de ce futur nid douillet.
Qu'adviendra-t-il d'autre après cette étape-ci ?
La vie promet encore de très nombreuses surprises, certaines plus heureuses, d'autres tragiques.
Sauront-ils en faire des occasions de franchir de nouvelles étapes de leurs vies ?
Arriveront-ils à surmonter les obstacles ?
Je le pense. En tout cas je le leur souhaite.
Ma chère sœur, mon cher beau-frère, ma chère nièce... Je vous souhaite à tous les trois une belle et heureuse vie dans votre future maison, je dis "future", et pourtant...
... Le temps du déménagement approche un peu plus chaque jour !
Puissent vos vies être épanouies et sereines, vous à qui la vie sourit...
lundi 1 février 2016
La cathédrale d'Alençon...
Une malédiction plane sur la cathédrale d'Alençon...
En ce lieu précis se tenait jadis une usine de grande taille, d'une grande, très grande marque d'électroménager, fleuron du XXe siècle français et mondial.
L'on raconte beaucoup de choses sur ce qu'il advint de l'usine-mère de Moulinex... Certains aiment à rappeler que la loi des actionnaires est plus sauvage que ce qu'on nomme allègrement "la loi de la jungle"...
D'autres racontent que Moulinex ne pouvait guère se développer en gardant de vieilles usines presque inutiles à présent.
Tous ont tort.
En vérité, une malédiction plane sur l'usine en général et sur sa cathédrale en particulier.
Nous vivons dans un drôle de monde, à n'en point douter : l'ère de l'information et de l'informatique a considérablement accéléré notre mode de vie, nos journées sont devenues trépidantes et beaucoup de gens finissent par ne plus supporter cette vie trop rapide pour eux.
Pourtant, jamais autant il ne fut fait éloge de la lenteur. Peut-être par une saine réaction à cette vitesse effrénée...
Nous vivons dans un monde de technologies diverses et aux propriétés étonnantes... pourtant personne n'y comprend que pouic. Peu de gens disposent de la culture scientifique de base qui permet de comprendre des phénomènes aussi simples que l'évolution naturelle.
À dire vrai, j'en viens au plus important de mon laïus : nous vivons dans un monde de magie indéniable, et pourtant presque personne ne semble s'en rendre compte.
Les lutins, les elfes, les gnomes, les fées, les orques, les gobelins, les loups-garous, les vampires, les sorciers et sorcières, les mages du feu, du bois ou de l'eau...
Guère plus que des contes pour enfants, de nos jours.
Pourtant au sein de l'usine désormais rasée de Moulinex subsiste une "cathédrale".
Que cela signifie-t-il ?
Terme ironique ou affectueux envers un lieu sauvé par les derniers survivants du plus catastrophique plan social que la ville d'Alençon ait connu ?
Ma thèse est plus mystique que cela, vous me le pardonnerez...
La cathédrale se nomme ainsi parce que les gens de Moulinex l'avaient bien compris : une malédiction pèse sur l'usine, sur la cathédrale, et même sur toute la ville.
Cette malédiction se revêt de grandes capes noires, porte un sablier qui toujours s'écoule, et dévore toutes choses...
Cette malédiction qui jamais ne nous laisse le moindre répit...
Cette malédiction qui nous élimine tous, qui rend tout acte totalement impermanent, vain et futile.
Cette malédiction qui détruira un jour notre pays en entier et ne laissera pas même les cendres de nos héros comme souvenirs de qui nous étions...
Cette malédiction qui n'est rien d'autre que la fin de notre Temps...
Nous ne croyons presque plus aux lutins, aux fées, aux elfes, aux gnomes, aux gobelins, aux vampires, aux orques, aux loups-garous, aux sorciers et sorcières, aux mages... Ni à la Mort.
Voilà pourquoi Elle nous fait peur. Voilà pourquoi nous nous révoltons chaque fois qu'Elle frappe. Voilà pourquoi nous nous replions sur nous-mêmes et nos clans. Voilà pourquoi nous sommes frappés d'une malédiction qui nous touche tous.
Les Alençonnais ne sont pas les seuls. Tous, oui tous, sommes atteints par ce fléau.
Nous ne pouvons guère qu'avoir peur face à Elle, puisque, que nous croyions en Elle ou pas, Elle est tout de même là, présente, tapie dans l'ombre, attendant son heure.
Le jour où l'heure de Moulinex a sonné, commença aussi un nouveau compte à rebours pour le temps qui restait à la ville entière.
...Pourtant, les anciens de Moulinex firent un pied de nez merveilleux à la Mort.
Appelant le dernier bâtiment en place de leur ancienne usine "la cathédrale", ils défièrent ainsi la fatalité; peu leur importe que la cathédrale disparaisse un jour... Elle aura de toute façon survécu bien plus longtemps que l'usine. Elle aura été soustraite à sa destinée, tel un grain de sablier qu'on aurait extirpé avant qu'il ne chute.
Narguer la longue et inéluctable marche du Temps... Faire durer nos souvenirs au-delà de leur date logique de destruction... Montrer que le Temps ne nous dictera pas sa conduite à sa seule guise...
Voilà ce qui fait de nous des êtres humains.
Et voilà ce qui fait de la cathédrale...
... Un endroit sacré.
En ce lieu précis se tenait jadis une usine de grande taille, d'une grande, très grande marque d'électroménager, fleuron du XXe siècle français et mondial.
L'on raconte beaucoup de choses sur ce qu'il advint de l'usine-mère de Moulinex... Certains aiment à rappeler que la loi des actionnaires est plus sauvage que ce qu'on nomme allègrement "la loi de la jungle"...
D'autres racontent que Moulinex ne pouvait guère se développer en gardant de vieilles usines presque inutiles à présent.
Tous ont tort.
En vérité, une malédiction plane sur l'usine en général et sur sa cathédrale en particulier.
Nous vivons dans un drôle de monde, à n'en point douter : l'ère de l'information et de l'informatique a considérablement accéléré notre mode de vie, nos journées sont devenues trépidantes et beaucoup de gens finissent par ne plus supporter cette vie trop rapide pour eux.
Pourtant, jamais autant il ne fut fait éloge de la lenteur. Peut-être par une saine réaction à cette vitesse effrénée...
Nous vivons dans un monde de technologies diverses et aux propriétés étonnantes... pourtant personne n'y comprend que pouic. Peu de gens disposent de la culture scientifique de base qui permet de comprendre des phénomènes aussi simples que l'évolution naturelle.
À dire vrai, j'en viens au plus important de mon laïus : nous vivons dans un monde de magie indéniable, et pourtant presque personne ne semble s'en rendre compte.
Les lutins, les elfes, les gnomes, les fées, les orques, les gobelins, les loups-garous, les vampires, les sorciers et sorcières, les mages du feu, du bois ou de l'eau...
Guère plus que des contes pour enfants, de nos jours.
Pourtant au sein de l'usine désormais rasée de Moulinex subsiste une "cathédrale".
Que cela signifie-t-il ?
Terme ironique ou affectueux envers un lieu sauvé par les derniers survivants du plus catastrophique plan social que la ville d'Alençon ait connu ?
Ma thèse est plus mystique que cela, vous me le pardonnerez...
La cathédrale se nomme ainsi parce que les gens de Moulinex l'avaient bien compris : une malédiction pèse sur l'usine, sur la cathédrale, et même sur toute la ville.
Cette malédiction se revêt de grandes capes noires, porte un sablier qui toujours s'écoule, et dévore toutes choses...
Cette malédiction qui jamais ne nous laisse le moindre répit...
Cette malédiction qui nous élimine tous, qui rend tout acte totalement impermanent, vain et futile.
Cette malédiction qui détruira un jour notre pays en entier et ne laissera pas même les cendres de nos héros comme souvenirs de qui nous étions...
Cette malédiction qui n'est rien d'autre que la fin de notre Temps...
Nous ne croyons presque plus aux lutins, aux fées, aux elfes, aux gnomes, aux gobelins, aux vampires, aux orques, aux loups-garous, aux sorciers et sorcières, aux mages... Ni à la Mort.
Voilà pourquoi Elle nous fait peur. Voilà pourquoi nous nous révoltons chaque fois qu'Elle frappe. Voilà pourquoi nous nous replions sur nous-mêmes et nos clans. Voilà pourquoi nous sommes frappés d'une malédiction qui nous touche tous.
Les Alençonnais ne sont pas les seuls. Tous, oui tous, sommes atteints par ce fléau.
Nous ne pouvons guère qu'avoir peur face à Elle, puisque, que nous croyions en Elle ou pas, Elle est tout de même là, présente, tapie dans l'ombre, attendant son heure.
Le jour où l'heure de Moulinex a sonné, commença aussi un nouveau compte à rebours pour le temps qui restait à la ville entière.
...Pourtant, les anciens de Moulinex firent un pied de nez merveilleux à la Mort.
Appelant le dernier bâtiment en place de leur ancienne usine "la cathédrale", ils défièrent ainsi la fatalité; peu leur importe que la cathédrale disparaisse un jour... Elle aura de toute façon survécu bien plus longtemps que l'usine. Elle aura été soustraite à sa destinée, tel un grain de sablier qu'on aurait extirpé avant qu'il ne chute.
Narguer la longue et inéluctable marche du Temps... Faire durer nos souvenirs au-delà de leur date logique de destruction... Montrer que le Temps ne nous dictera pas sa conduite à sa seule guise...
Voilà ce qui fait de nous des êtres humains.
Et voilà ce qui fait de la cathédrale...
... Un endroit sacré.
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