-...Oh vous savez, Germaine, ça va ça vient ma hanche. L'année dernière elle m'a fait souffrir comme une chienne, mais cette année, non. Tout cela c'est grâce au temps... On n'avait pas vu un aussi bel été depuis 30 ans. Ah ! Je suis contente de savoir que ce salopiaud d'André n'en profitera pas ! Quand je pense que je lui ai offert l'hospitalité une semaine entière au divorce de sa femme...
- Quand même, qui aurait cru qu'il pouvait faire de telles horreurs à ces petites filles ? Il paraît que le procès a été particulièrement éprouvant quand ils ont montré les photos. Madame Cazaut m'en a parlé, vous saviez qu'elle était dans le public le jour du procès ?
- Non, je ne savais pas, mais j'aurais bien aimé y assister. Cette ordure, je l'aurais volontiers anéanti de mes propres mains si j'avais pu. La petite Jacquart, je l'ai eue en garde quand sa mère faisait les ménages, des années durant. Après cette affaire, elle n'osait plus sortir de chez elle. Et ça a été encore pire quand l'hôpital l'a relâché ! Vous vous rendez compte, Germaine ? Habiter à nouveau chez lui après ce qu'il avait fait ! Il faut quand même un sacré culot...
- Oh, vous savez Nicole, André a toujours été un peu... particulier. Il paraît qu'il préparait son déménagement la semaine où il s'est suicidé. En tout cas à ce qu'on raconte il s'est pendu à cause des lettres du corbeau...
- Des lettres du corbeau ? De la corneille, vous voulez dire ? C'est moi qui les ai écrites et envoyées. Je ne voulais pas de ça comme voisin, ah ça non ! Et puis j'ai reçu les confidences de madame Lévêque, un soir. Elle m'avait dit qu'il la narguait quand il la croisait au supermarché. Même qu'il lui faisait un sourire en coin. C'est pas particulier, ça, Germaine. C'est de la perversion. Il est bien mieux auprès du Cornu que dans le même quartier que madame Jacquart, et personne ne le regrettera.
- Quand même, on ne peut pas dire qu'il ait eu la vie facile à son retour d'hôpital. Il a quand même été déclaré irresponsable au procès... Des fois ça me gêne la nuit de me dire que la dernière fois que je lui ai parlé, je l'ai invectivé. Et même si on était nombreux, je... Je ne sais pas, je me demande si j'ai bien fait.
- Ma pauvre Germaine, cesse donc de t'encombrer l'esprit avec les remords pour ce monstre ! Les bourreaux d'enfants ne méritent qu'une chose : la corde et rien d'autre. Et ne viens pas me bassiner avec les experts psychologues ou je ne sais quoi.. Ceux-là, ce sont de vrais arracheurs de dents.
Je vais te dire, si on ne l'avait pas corrigé tous ensemble, il aurait été capable de porter plainte contre la corneille. Germaine, vous savez, j'ai de source sûre entendu dire que votre cher ami et vous aviez peur de lui quand vous alliez faire un tour au boulodrome. Vous ne trouvez donc pas qu'on respire un peu mieux maintenant que ce sadique est parti ?
- Mais, je... Jérôme et... C'est simplement que votre mari Paul y avait été très rudement avec André... Il saignait, tout de même... Je pense qu'on est allé trop loin. Les menaces c'était bien assez. Paul l'a molesté et... Quoi qu'il en soit... Je vous trouve bien informée, Nicole... Et je n'aimerais pas trop que mon mari l'entende. Vous en avez parlé à beaucoup de monde ?
- Grands dieux non ! Je ne suis pas de ce genre-là... Personne ne le sait. Et puis... Nous sommes amies, non ? Les amies savent garder les secrets, n'est-ce pas ?
- ...Quand même, vous aviez employé les grands moyens avec André. Il paraît qu'il se terrait chez lui les derniers jours... Les gendarmes ont parlé de harcèlement dans les journaux.
- Qu'ils y viennent, ces foutus gendarmes ! Et qu'on ne me fasse pas rire. Ce n'est pas quelques lettres et coups de fils anonymes qui l'ont fait craquer. Il avait un problème avec sa conscience, rien d'autre... Il ne mérite même pas une tombe décente, cette ordure.
- Vous voulez dire que...Vous n'avez quand même pas ?
- Oh, un coup de masse est si vite parti... Non, le seul détail malheureux de cette histoire c'est que le vandale a oublié de saccager la tombe de ses défunts parents. Je ne le connais pas, mais m'est avis que demain matin, l'oubli sera vite réparé.
[ndTontonGilles]Bien évidemment, comme tous les textes de ce blog, celui-ci est issu de mes fantaisies personnelles, il n'y a donc aucun lien à chercher avec une quelconque affaire existante. En pareil cas ce ne serait que purement fortuit et involontaire, etc...
C'est affreux ! J'en ai l'esprit et le corps vidé.
RépondreSupprimerBouh, c'est facile comme jeu de mots...
Cette histoire, même si elle sort de ton imagination, revient régulièrement.