Au milieu d'une plaine déserte, sans bruits ni mouvements, une vieille bâtisse se tenait là, dressée, rupture flagrante entre la monotonie des alentours et son imposante carcasse.
Le Soleil dardait ses rayons hivernaux sur sa façade d'entrée, ces rayons si rasants, même en plein midi.
Parmi les larges pierres et les épaisseurs de mortier se tenait un curieux animal. Un lézard de prime abord, idée vite oubliée lorsque par mégarde une abeille passait par là.
D'un rapide et ardent jet de flammes, ce "lézard" brûlait ses proies en ouvrant largement la gueule et poussant un cri strident semblable aux hurlements de dizaines de damnés.
Ce Ver - car c'en était bien un - était l'un des ultimes descendants des Grands Vers qui parcouraient la Terre il y a sept Âges de cela. Nul ne sait comment la lignée des Vers se perpétua jusqu'à nos jours, mais elle le fit, perdant en terrible majesté et en dangerosité avec la disparition des autres êtres féeriques ou maléfiques, par-delà l'Ouest.
Cette race de Petits Vers dormait elle aussi sur un trésor accumulé avec les années. Las, en guise de somptueuses richesses, les Vers couvaient dorénavant les brillantes immondices de l'Humanité ; canettes émiettées, capsules de bouteilles, bouts de plastique doré et parfois des pièces de un à vingt centimes constituaient depuis le début des Âges des Hommes leurs plus grandes richesses.
Néanmoins la maxime professant que nul ne saurait trop se méfier de l'ensorcellement qui prenait ceux qui croisaient le regard d'un Ver restait vraie...dans une certaine mesure.
La malice se lisait toujours dans leur cœur, sombres étaient leurs pensées, tenace était leur haine des Hommes et de leurs bêtes, chats comme chiens ou furets.
Ces derniers ne se risquaient pas à attraper ces Vers-ci, sous peine d'un museau noirci.
Nul ne sait si les Petits Vers ont gardé leurs facultés de compréhension de la Langue Commune, mais parfois, les habitants de la Maison aux Vers entendaient dans leurs rêves de multiples voix sifflantes et menaçantes s'exprimant dans une langue ancienne.
Nous ne serons jamais trop prudents face aux funestes descendants de Glaurung...
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