samedi 24 décembre 2016

En ces jours de Jól...


L'hiver est arrivé...
Il est arrivé comme à son habitude, avec ponctualité et un zeste de tapage. Comment aurions-nous pu l'oublier ? Comment oublier la venue des frimas hivernaux sous une pluie constante de feuilles mortes ? Comment oublier cette saison de vent et de glace, tant annoncée par les matins blancs de l'automne la précédant ?

Comment oublier que l'hiver vient quand le ciel se blanchit, quand le monde devient nuances de gris et silences pâles ?

Pourtant, l'hiver n'est pas venu seul.
Avec lui revient timidement le soleil, aux jours de Jól, pendant lesquels certains esprits libres célèbrent davantage la promesse du renouveau, du printemps, la venue des jours les plus longs et de la chaleur estivale.

D'autres préfèrent fêter la naissance d'un sauveur promis, messie de tant de nos concitoyens.

D'autres enfin, ne célèbrent en ces jours que la joie d'être réunis, réunis pour rire face à la Mort, réunis pour défier la solitude, la tristesse, la mélancolie, la fatalité, la maladie... Réunis parce que, avant tout, nous autres sommes tous liés, liés par notre condition humaine, par une sorte de tragi-comédie constante...

Ce n'est pas la venue des jours de Froid que nous fêtons. Ni la venue des cadeaux sous le sapin.
Encore moins celle de la naissance d'un messie.



Au fond, ce que nous fêtons en ces jours, ce qui est au cœur de cette veillée que nous nous apprêtons à vivre...
C'est notre espoir d'être toujours tous là dans un an, pour rire une fois de plus de la Mort.



Puissiez-vous vivre une veillée de Noël heureuse, entourée de gens qui comptent à vos yeux. Et, lorsque la journée sera Ténèbres, lorsque les lumières tamisées autour de vous et les vapeurs d'alcool feront danser vos visages dans d'étranges rondes, lorsque vos yeux et ceux de vos proches brilleront de contentement...


...N'oubliez pas de rire face à la fatalité.





JOYEUX NOËL A VOUS.

mardi 20 décembre 2016

Le cauchemar avant Noël...


20 décembre 2016, bientôt Noël...
Cela faisait plusieurs mois que d'affreux crimes avaient lieu dans la Cité des Ducs, à l'abri des regards indiscrets, dans le parc de la Providence. La police patrouillait en vain jusqu'au petit matin depuis des semaines, mais chaque mercredi matin, le soleil dévoilait un corps mutilé, à peine reconnaissable.
Les Alençonnais eurent tôt eu fait d'appliquer le principe de précaution et de ne plus sortir le mardi soir. Néanmoins, les jeunes sont des jeunes, et hélas, l'imprudence est de règle à cet âge.
Il y a un mois à peine, une mère éplorée m'avait contacté à mon bureau pour retrouver l'assassin de sa fille... ou de ce qu'il en restait.
En temps normal je n'aurais pas accepté une telle affaire, mais mon compte en banque était trop vide pour me permettre de faire la fine bouche... Et cette histoire m'intriguait énormément. En réalité j'avais déjà mené un bout d'enquête en dilettante, par pure fascination pour ce mélange de sauvagerie et de discrétion hors du commun.
J'avais pu déjà remonter le fil du chemin de la plupart des victimes. Rentrant du Bayokos, elles traînaient généralement dans les rues de la ville, braillant plus que rigolant. Les habitants du centre-ville se plaignaient volontiers du tapage vers 2h du matin.
Pourtant une fois arrivées à la Providence, elles disparaissaient. Les caméras de sécurité, de piètre utilité, ne révélaient pas grand chose de leur trajet au sein du parc et ne montraient qu'un désert nocturne à peine troublé par les patrouilles de police.

Tout à mes réflexions, j'arpentais une fois de plus le chemin présumé d'Amélie, la défunte fille de ma cliente, approchant du parc par la rue de la poterne. Au loin je vis Thierry, un des patrouilleurs, toujours accompagné de Clovis, son chien d'attaque. J'avais la chance de bien m'entendre avec les fonctionnaires de la brigade cynophile, mais ce n'était pas la même histoire avec la PJ.


Près du parc, les feux tricolores lançaient des taches écarlates, vertes et orangées à intermittence sur le bitume trempé. Mon trench-coat  ruisselait comme si l'on m'avait versé des seaux d'eau continus sur le dos. C'était d'ailleurs une bonne approximation de la vérité, compte tenu de la météo de cette nuit.
En entrant dans le parc de la Providence, j'eus un instant un frisson d'angoisse à la vue de la dernière scène de crime. Essayant de me rassurer, je mis la main droite sur la crosse de mon Beretta.

La nuit était fraîche, glacée même. Le déluge permanent n'arrangeait certainement pas les choses.
Tout était d'un calme olympien. Difficile de croire qu'il puisse y avoir des crimes dans un endroit pareil...
Protégeant mon briquet de la pluie, je m'allumai une cigarette et me mis à penser dans un coin sombre, dos à un mur.

J'entendis soudain un grognement animal. Presque animal. Il n'y avait pourtant rien devant moi, même pas Thierry et Clovis.
Une goutte d'eau plus grosse et gluante que les autres me fit brusquement lever la tête...


...Ce n'était pas possible ! J'avais oublié, perdu que j'étais dans mes songes...
Nous étions dans la nuit de mardi à mercredi.

vendredi 16 décembre 2016

Par-delà l'espace, par-delà le temps, au-delà de toute réalité...


A la gare, la nuit était solitude. Cette solitude, renforcée par le faible éclairage des quais, la fluorescence des horloges et des panneaux indiquant le prochain train, donnait à l'endroit une impression d'étrange familiarité. Ni ici ni ailleurs, le quai de la gare d'Alençon semblait hors du temps lui-même.
A chaque minute qui s'écoulait, l'aiguille de l'horloge que je fixais se déplaçait d'un cran. Chaque cran résonnait aux alentours comme si ce discret mécanisme pendulaire avait le pouvoir de mille cors de chasse.
Au loin, à l'autre bout du quai, l'éclairage d'un vélo se devinait tant bien que mal, pris dans une gangue d'immobilité jusqu'à soudain dévier et disparaître dans une nuance plus sombre de néant.
Les minutes avançaient et rien ne semblait devoir rompre cette familière étrangeté.
La passerelle de laquelle j'étais descendu, véritable guirlande blanche, accompagnait mes songes éveillés en m'engluant un peu plus dans cette attente hors de toute réalité.


La voix de la speakerine de la SNCF me tira de ma torpeur.
A une cinquantaine de mètres, surgis des ténèbres les plus opaques, trois points lumineux d'un blanc irréel avançaient vers moi, ovnis ferroviaires pourtant si connus.
Un observateur attentif aurait juré ne pas avoir entendu le train arriver.
Le son me revint alors lentement, à la fois criard et étouffé par le calme des lieux.
Quelques âmes errantes sortirent des wagons. J'aperçus mon ami. Je lui prodiguai une chaleureuse accolade, puis nous nous dirigeâmes ensemble vers un magasin d'alimentation.



A l'extérieur de la gare, la vie continuait de s'agiter.

lundi 12 décembre 2016

Feu follet ?


Il y a des clichés contemplatifs qui vous plaisent, des clichés à l'ambiance noire qui vous ensorcellent. Il y a enfin des clichés incompréhensibles.
Celui que je fis un beau jour de novembre, en pleine forêt d'Écouves, était de ces derniers.



Je n'ai pas vraiment pour habitude de me promener en forêt ; n'étant pas titulaire du permis de conduire et donc encore moins propriétaire d'une voiture, mes moyens de me rendre en Écouves sont pour le moins limités. Pourtant ce jour-là, mon père, fameux trailer écouvien, m'avait proposé de faire une balade sous la cime protectrice de ses nombreux et majestueux arbres.
Cette occasion était trop belle, d'autant plus que nous approchions des derniers jours de l'année où la forêt se parerait de couleurs flamboyantes, avant la chute définitive des feuilles... Avant l'Hiver.

Il y avait un endroit fort curieux de la forêt que je n'avais encore jamais arpenté, un de ces endroits emprunts de mystères et d'une forme sombre de ce qu'on pourrait appeler de la magie.
Jadis, un avion militaire américain avait fini sa course dans ce coin, dans une parcelle véritablement inquiétante. Quinze militaires y trouvèrent la mort. Mais baste ! ceci est une autre histoire que je vous conterai en Mars...
Quoi qu'il en soit, alors que nous approchions de la stèle commémorant le crash de cet avion, nous vîmes, mon père et moi, un spectacle magnifique : le sous-bois obscur venait à peine d'être éclairé par un splendide rayon de soleil, révélant le vert tendre des dernières feuilles accrochées aux branches et le rouge sang des autres, tombées au sol. Au milieu d'un rai de lumière , j'aperçus, s'extirpant tant bien que mal de cette mare écarlate une fougère encore jeune exhibant ses trois pauvres feuilles à la lumière du jour.
Au fond de la scène se devinait un bout de la stèle que nous recherchions. Nous fûmes soulagés de ne l'avoir pas ratée.
Je pris alors mon reflex et fis la photo que vous voyez en ce moment même sur ce billet.


Pourtant, le lendemain matin, vers 7h, alors que mon examen des photos de cette balade forestière avançait, je fus interloqué face à cette...lueur ?

Une tache sur l'objectif ? Un artefact ? Un flare ?
Non... C'était autre chose. Une chose qui résistait à tous les traitements numériques, à l'outil tampon à cloner, aux traitements contre le bruit numérique, même au pinceau.


Il devait pourtant bien s'agir d'une donnée numérique, puisqu'elle était visiblement attachée au fichier de données de ce cliché.

Je m'apprêtais à supprimer ce cliché quand un message énigmatique s'afficha via une pop-up sur mon écran :


Libérez-moi !

jeudi 8 décembre 2016

dimanche 4 décembre 2016

Commérages au coin de la rue...


-...Et il paraît donc que la grande-tante à Eustache, -Tu sais, le neveu par alliance de Gustave, celui qui s'est marié à la demi-sœur de Camille- tu me croiras ou pas, mais elle s'est retrouvée au commissariat pour complicité de braconnage. Elle et son mari ont été retrouvés avec un marcassin vivant dans le coffre de leur voiture !

- Tout de même, quelle famille ! Heureusement, la nôtre n'est pas comme ça. De toute façon, je te l'ai toujours dit : les Bessac sont une famille d'originaux qu'on ferait tous mieux de ne pas fréquenter et... mais d'ailleurs, qu'en est-il de ton fils ? Celui qui s'est mis à la photo ? Il paraît qu'on le voit rôder à des heures indues dans les rues d'Alençon. Je ne veux pas dire, mais j'ai peur qu'il file un mauvais coton...

- Eh bien, d'après ce que j'en sais, mon fiston assiste un prof de photographie dans un club photo. J'imagine qu'il s'entraîne tous les jours avec son appareil. Mais tout de même, j'aurais préféré qu'il ait un vrai métier. C'est pas avec ces bêtises qu'il va gagner sa vie, mais bon... Que veux-tu que j'y fasse ?

- Je ne veux pas paraître indiscrète, ou me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais il paraît que ton fils -enfin, c'est ce qu'on m'a dit- aurait quelque chose à voir dans la disparition inquiétante d'un promeneur en forêt d'Écouves. On raconte qu'un chasseur l'a vu partir de la scène de crime à Radon. De loin bien sûr, mais ça expliquerait pourquoi ce 16 juillet de l'an dernier il n'était pas au repas de famille...

- Gilles ? Lié à cela ? Allons sœurette ! Tout ceci n'est qu'un ramassis d'âneries, des rumeurs sans fondement ! J'ai déjà assez à faire avec ces grenouilles de bénitier qui le soupçonnent d'être un loup-garou ou un change-peau ou je ne sais quoi ! Il attire juste l'attention parce qu'il est différent !

- Moi, ce que j'en dis, c'est des rumeurs, hein... Mais tu connais l'adage : Il n'y a pas de fumée sans feu.

jeudi 1 décembre 2016

Entre feu et glace, entre ombres et lumière...



C'était un matin d'automne comme il en existe tant d'autres.
Ce jour-là, la légère brume qui avait précédé l'aube s'était dissipée dès les premiers rayons du soleil. Au-dehors pouvait se deviner une journée radieuse. Les derniers nuages étaient tous sur le départ, pressés de laisser l'azur du ciel dominer la vie à Alençon.
Quant à moi, il était évident que je ne pouvais laisser passer une si belle occasion de prendre des photos. En effet, cela faisait maintenant plusieurs mois que j'osais sortir dans la rue au lever du Roi des Astres.
La lumière d'octobre est une chose à voir, c'en est une autre de la vivre avec un appareil photo.
Le piquant de l'air se disputant avec la douceur des rayons du soleil semblait me chuchoter à l'oreille les promesses des frimas glacés d'une morte saison à venir. Nous le savons tous, nous qui vivons à ces latitudes ; invariablement, l'hiver vient.
Peu m'importait pour l'heure l'annonce du froid, du vent du nord, de la neige peut-être... Seule comptait la Lumière. Cette douce lumière dorée qui se répandait de minute en minute sur toute la ville, cette lumière des premières heures du jour qui disparaîtrait bien vite à l'approche du midi.
Entre feu et glace, lumière et ombre encore nocturne, ainsi en va-t-il de l'aube, terrain des dieux et déesses les plus incertains...
Quelle preuve pouvait-on apporter de cette ambiance particulière sinon une photographie, une de plus, jouant sur le clair-obscur de ces instants d'étrange familiarité ?
Prenant à cœur les conseils de photographes que je respectais, j'exposai alors ma photo à venir pour les hautes lumières, et CLAC !, en une fraction de seconde vint le miracle de la technologie numérique, me proposant bientôt d'admirer sur mon écran d'ordinateur le résultat de mes réflexions.

Quelques jours plus tard, j'eus à cœur d'écrire ce texte, comme témoignage de cette étrange et fraîche matinée d'automne, où, à Alençon, s'étendaient les ombres...