jeudi 28 janvier 2016

Que signifie ceci ?


Depuis le 9 Janvier, Alençon s'est enrichie d'un nouveau parc, le parc de la Providence. Du nom de cette ancienne école pour déficients auditifs, ce parc a été conçu dans la continuité des bords de Sarthe qui longeaient la rue de la Fuie, de sorte que du bas de la rue Labillardière jusqu'au Pont Neuf, il n'y ait guère besoin de traverser la moindre rue.

Or ce parc est un succès complet pour les habitants... ainsi que pour leurs chiens, ravis des grandes étendues de gazon offertes à leurs besoins pressants.
Pourtant, qui se serait douté du caractère purement révolutionnaire de cet endroit ?

Ici, au beau milieu du parc, en effet, se tenaient, plantés sur des piquets, des représentations de l'alphabet du langage des signes... et l'une d'elles détonnait singulièrement aux yeux du badaud : un poing levé en l'air, comme l'annonce tant attendue de luttes sociales et ouvrières.

"Que nenni, cher Gilles ! Ne voyez-vous donc pas qu'il s'agit d'une lettre courante du langage des signes, enfin ?"

Mais qui êtes-vous pour me dicter ce que je suis censé voir dans ce poing brandi en l'air ?

Si l'art est bien dans les yeux de l'observateur, alors sa signification profonde, toute aussi absurde qu'elle puisse être, reste bel et bien entre les mains seules de ce même observateur, comme une sorte de physique quantique du beau.

Et d'ailleurs, n'avez-vous point vu en ce parc cet autre signe, connu des farceurs du monde entier ?


Car oui, indubitablement, tout me porte à croire que le langage des signes est à double sens, ces deux exemples sont la preuve irréfutable qu'il existe un code caché derrière cette fameuse grammaire ! Ne le voyez-vous donc pas ? Peu importe que je ne sois point cru, car :

Je persiste...



...Et je signe !

dimanche 24 janvier 2016

Les couleurs de nos âmes...

Dans un humble atelier,
Dans un grand secret,
Un Maître œuvre, tôt.

Dans cet humble atelier,
Dans ce grand secret,
Une femme sublime le beau...

Modelant l'éclat du verre,
Transcendant la teinte de l'air,
Certains la virent en sorcière.

"Comment donc une femme
Peut si vite ensorceler nos âmes
En des lieux protégés par Dieu ?"
Se murmurèrent nombre d'envieux...

Cette femme est une aimable fée,
La connaissant, je puis l'affirmer.
Cette femme est Maître verrier,
Ainsi fait-elle en tous lieux chanter :

Le verre, l'air, la pierre, Jupiter,
Les monastères, la Terre, la lumière,
Nos velléités dépensières ou solitaires,
Les curés dans leurs presbytères....


... Et plus encore; nos âmes égarées
Et notre faim insatiable de beauté.
Car, dans ses créations transparaît
Un beau reflet d'immortalité...

mercredi 20 janvier 2016

De la diversité des narrations...


Narration standard :

Le Soleil se couchait sur les étendues sauvages des bords de Sarthe.
Au loin, sur l'autre rive, se devinaient les figures de promeneurs tardifs et de leurs chiens, ces derniers courant loin devant les premiers, gambadant plus que se promenant, poussant des aboiements de joie à la vue des quelques canards qui glissaient sur l'eau.

Antithèse :

La lune se levait au milieu des buildings disciplinés, alors que les reliquats de la dernière pluie s'engloutissaient dans les bouches d'égout.
Tout près, face à moi, l'on distinguait très nettement des individus louches accompagnés de chats rabougris, feulant sur tout ce qu'ils voyaient, à commencer par ces nombreux gros rats qui couinaient en remontant à la surface, espérant une miette de pain ou deux.

Interrogative :

Où donc se trouvait ce fameux Soleil ? Et d'ailleurs, cette rivière était-elle la Sarthe, était-elle la Briante ou même le Ruisseau du Gué de Gesnes ?
Mais que voyait-on donc de l'autre côté ? Des promeneurs ? Des policiers en patrouille ? Des brigands ? Des bêtes les accompagnaient. Ou les pourchassaient-elles ?
Mais surtout, pourquoi donc faisaient-elles un tel vacarme en présence de ces pauvres canards ?

Exclamative :

Ah ! Ce coucher de Soleil sur la Sarthe est superbe ! Oh mais... ! Je vois que c'est Michel et son Fifi qui se promènent, en face ! Ohé ! Ah ah ! Sacré Fifi ! Ça l'amuse toujours autant de faire fuir les canards !

Érudite :

Nous avons certes l'impression de voir le Soleil se coucher sur la Sarthe, mais en réalité, ce n'est que l'illusion que nous donne notre point de vue. En réalité, la Terre tournant sur elle-même est seule responsable du "lever" et du "coucher" de Soleil. Quant aux couleurs qui irradient nos rétines dans ces moments précis, il est évident qu'il ne s'agit que d'une histoire d'épaisseur de l'atmosphère traversée par les photons partis il y a environ huit minutes de notre étoile.
Il est exact que le reflet que donne la Sarthe sur cette scène est enchanteur, toutefois ne nous y méprenons pas : les simples lois de l'optique, découvertes par Descartes et Snell, le régissent. Il s'agit ici d'une réflexion optique dans des conditions optimales.
Les humains se déplaçant dans les environs avec leurs animaux domestiques sur l'autre rive témoignent de la longue histoire de domestication du loup en chien au fil des siècles; il est bon de rappeler que les Romains utilisaient des chiens-loups pour la guerre, que le chien a longtemps été apprécié pour ses qualités de gardien de troupeaux, de maisons et pour son indéfectible amitié avec son maître, sous condition d'avoir été dominé par ce dernier. De nos jours, de nombreux chiens ne disposant que d'un petit territoire à défendre, il n'est guère étonnant de les voir exprimer leur frustration en aboyant devant les canards; c'est d'une certaine manière la résurgence de leurs comportements de prédateurs.

Béotienne :

C'est joli, ce coucher de soleil, là. C'est quel fleuve qui coule, là, déjà ? Et puis, j'ignorais que des oiseaux savaient nager sur l'eau... C'est ce qu'on appelle des poules d'eau, c'est ça ?  En tout cas les grosses bêtes, là, elles leur font peur, à leur gronder dessus depuis l'autre côté.

Télégraphique :

Soleil se couche sur Sarthe. STOP Joli spectacle STOP. Chiens aboient sur canards. STOP. Maîtres des chiens qui passent sur autre rive. STOP.

Langage Texto (SMS) :

Tro bo le soley ki se kouch sr la sart ! Y a dé gen ki promén lr chi1 en fass, é lé chi1 fon peur o knard,  mdrrrrrr !

Abus de weed :

Yo, man, c'est d'la bonne ça... Ouaaaais, y a le soleil qui fait du fanta orange dans la Sarthe, gros !
T'imagines ? Une rivière en fanta orange ? Troooop d'la bonne ! Attends, passe-moi une latte....
Aaaaah ! Eh, le mec en face il a un Pluto qui aboie sur les canards... Putain de dictature animale... Ouais gros, les chiens sont les... comment c'est déjà ? Oh putaaain, ouais, c'est de la plutocratie animale ! Ah ah ah ! T'as compris, man ? Oh, p'tain je suis trop stooone !

Abus de Kétamine :

RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz...
RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz...
Mmmgrrmmblmmm...RRRzzzzz... flblblblRRRRRzzzzzzz...

Conspirationniste :

Si le Soleil se couche toujours à l'ouest, c'est parce que les Illuminatis ont voulu nous induire une véritable sympathie pour le Grand Satan Américain ! J'ai accumulé des centaines de preuves indiquant l'existence d'une substance qui nous hypnotise et nous fait croire tout ce qu'ils veulent, qu'ils envoient dans l'atmosphère avec les avions de ligne ! Plus de détails sur mon blog !

Freudienne :

Le coucher de soleil dans l'eau d'une rivière est une évidente métaphore de la copulation humaine !
Et visiblement ce maître de chien le laisse faire ce qu'il veut avec ces canards, notamment les effrayer ce qui est une résurgence chez cet homme de conflits psychiques non résolus avec sa mère, ici symbolisée par les canes qui craignent la puissance phallique de ce gros golden retriever.


Haïku :

Le soleil se couche,
Trois canards s'envolent d'un coup.
Un chien montre les dents.

Codée :

Le soleil se couche et les canards volent devant le chien, je répète : le soleil se couche et les canards volent devant le chien.


Confucianiste :

Quel bruit fait le vol du canard si personne ne l'effraie ?


[ndTontonGilles : Merci au Mustang pour m'avoir inspiré cette petite fantaisie et à Raymond Queneau pour avoir inspiré le Mustang...]

samedi 16 janvier 2016

Le déchirement des Cieux...

Cet hiver s'annonçait d'une douceur surprenante. En effet, le jour de Noël, le thermomètre n'avait pas été une seule fois sous les 10°C ! Et les jours suivants n'avaient guère été froids non plus ! À peine la neige avait-elle été entr'aperçue l'espace d'une matinée...
Une fois n'était pas coutume, Gilles était de sortie en pleine nuit, son appareil préféré au flanc et son nouveau trépied en bandoulière.
Revenant d'une visite de courtoisie, Gilles avait pu constater combien le monde était calme. Immobile même. D'une étrange tranquillité.

Ce que cela signifiait ? Gilles imaginait qu'il s'agissait de l'animation hivernale habituelle dans ce quartier.
Pourtant... Quelque chose ne tournait pas rond. Il le sentait.
Pour être tout à fait honnête, quelque chose tournait rond, un de ces mauvais signes qui font craindre le pire à tout être un tant soit peu éduqué à la chose surnaturelle.
À la lueur de la Lune, les branches de quelques vieux arbres semblaient tournoyer.
En y regardant de plus près, oui. Elles tournaient bel et bien en cercles concentriques autour de la Lune.

Croyant à une illusion d'optique ou à une énième simple malveillance d'arbres un peu farouches, Gilles sortit son appareil et prit une photo à la volée. Rien n'apparaissait de suspect à l'écran. Si ce n'était une vague lueur.
Tracassé par ce qu'il voyait, qui lui donnait le tournis et le poussait même à devoir faire attention à ne point régurgiter le repas de la veille, bien décidé à détruire une fois pour toutes ce qui semblait être un enchantement élémentaire, Gilles sortit son trépied, installa son appareil au sommet, prépara ses réglages et...


...Soudain, au moment d'appuyer sur le déclencheur, le monde entier vira en nuances de gris.
Plus encore, l'air, immobile, était devenu si froid qu'il en avait les lèvres gercées.
Au moment du déclic final de plus de deux secondes de pause, une clameur ancestrale se leva depuis les hauteurs infinies des Cieux.
Là, sous ses yeux, Gilles perçut l'aura méphitique de Njörd, mêlée au chaos des voix de Bruno et de ce qu'il supposait être son fils.

À une dizaines de mètres du trépied, dans un jardin, apparurent les deux boucs que Gilles avait discrètement relâchés sur demande du fameux Bruno. Ils regardaient fixement le tourbillon de branches dans les cieux, envahissant progressivement jusqu'aux nuages... et aux étoiles !
D'immenses coups de tonnerre réveillèrent les habitants en sursaut. Des lumières s'allumaient aux fenêtres des maisons, mais Gilles ne voyait en elles que de pâles lueurs grisâtres.
Le crépitement des éclairs atteint rapidement une ampleur si grande que le jour semblait levé.


Dans un éclair de lucidité... ou par surcharge de magie dans l'air, l'appareil photo s'éteignit brutalement. Toute cette agitation apocalyptique cessa dans le même instant. L'air redevint plus chaud et légèrement caressant, les couleurs revinrent et les habitants des environs regardèrent, éberlués, le ciel d'une clarté exceptionnelle, encore plus exceptionnelle après un concert d'éclairs et de tonnerre sans pareil.
Gilles constata bien vite que sa batterie venait de rendre l'âme, froide comme la Mort...
Partant à tire d'aile de ce lieu angoissé, Gilles murmura en Haut-Elfique "L'aube reviendra", plus par prière adressée à l'encontre de Bruno que par véritable incantation...

La bataille de l'hiver avait commencé.

mardi 12 janvier 2016

La quête est le chemin, le chemin est la quête...


Dans l'opacité de la Nuit,
Lors que Dame Lune luit,
Apparait sur un vieux mur
Un signe pour les âmes pures.

Une rosace de mille lumières,
L'appel d'une puissance altière.
Quatre directions, indiquées.
Autant de choix fabriqués :

Les Enfers pointent en bas,
Plus profond que les mastabas.
Sous terre règne seul l'ennui
Loin de tout, loin des amis.

Les Cieux pointent là-haut,
Plus loin que mille oiseaux.
Séduisantes prisons dorées,
Là-bas plus rien n'a d'intérêt.


À gauche ? À droite ?  Où aller ?
Devant le choix que voici,
Quelqu'un vint me murmurer :


Ce signe est celui d'un dieu fourbe,
Car nous sommes sur un monde courbe !



Par ces mots, Bruno me conseilla ainsi...


...D'aller tout droit.

vendredi 8 janvier 2016

lundi 4 janvier 2016

On entend loing haulte clocque...


Dis tonton ! C'est qui le monsieur à la casquette en statue ?
Ah... Cela faisait longtemps que tes frères ne m'avaient pas posé de question de cet acabit, ma chère nièce. C'est bien vous trois ça : la tête dans le même bonnet. Tout de même on t'en a déjà parlé, non ?
Si mais raconte, c'est qui ?
Eh bien il s'agit du maréchal Leclerc. Mais d'ordinaire on parle plutôt du général Leclerc, simplement parce qu'il n'était pas maréchal lors de la dernière guerre mondiale. Il ne l'a été qu'après sa mort, à titre posthume, ainsi que cela se dit, pour son action décisive dans la guerre.
C'est lui qui a gagné la bataille à Alençon le... euh le douze août 1944 ?
Non, ma petite chérie. Il n'y a pas eu de bataille à Alençon en 1944. En réalité, les Allemands avaient déserté la ville peu avant, voyant l'arrivée des forces alliées et après avoir été appelés pour concentrer leur résistance face à... eh bien à l'avancée inexorable des FFL, les forces françaises libres, et évidemment des forces alliées; américaines, canadiennes, anglaises principalement.
Les Alliés avaient débarqué depuis le 6 juin 1944. Les hommes de Leclerc débarquèrent le 1er août, c'était la fameuse 2e Division Blindée.
Ils libérèrent Alençon pour ainsi dire sans coup férir, apprenant que la ville était désertée par les forces allemandes. Leclerc, à ce que l'on raconte, eut cette phrase alors qu'il s'appuyait sur la bordure du Pont Neuf que tu vois en face que, puisqu'il avait eu ce pont, il ne le lâcherait plus. Il s'agissait en effet du principal point de passage de la Sarthe des environs, le seul qui permettait une progression rapide et évitait de faire un grand détour.
Ainsi Alençon fut la première ville française libérée par une armée française à la fin de la guerre...
Mais euh... C'est vrai qu'il était aimé ici ?
Oh que oui, ma jeune tête blonde ! Comprends-tu, lorsque Leclerc arriva sur Alençon, il évita à la ville entière d'être bombardée par les américains qui avaient prévu le jour même à 10h du matin de... eh bien de la réduire en cendres, pour ainsi dire.
Les Alençonnais s'en sont toujours souvenus, et ce mémorial que tu vois est une façon de garder en mémoire ce que nous lui devons, même si c'est un militaire.
Pourquoi ? T'aimes pas les militaires, tonton ?
Cela dépend. Incontestablement, Leclerc était de ces hommes qui ont eu l'immense privilège de se battre pour une cause juste. On pouvait difficilement faire plus moral comme choix que de lutter contre les nazis.
C'est vrai qu'ils étaient méchants, les nazis. La prof d'histoire nous en a parlé, et nous a montré un film. Heureusement que les Allemands sont gentils aujourd'hui.
Tu sais, ma chérie, les Allemands n'étaient pas plus méchants en 39-45. Ils ont simplement fait les mauvais choix et fait confiance aux mauvaises personnes. Ils ont cru à des mensonges et ont pris pour argent comptant une vision simpliste du monde. Ça peut arriver à n'importe qui, à n'importe quel peuple. Même à nous.
Ah, d'accord...



...Mais dis, tonton, tu m'as pas répondu ! Tu aimes pas les militaires ?

Ce n'est pas une question d'aimer ou non l'armée. Mais une armée de cette taille a-t-elle encore un sens, une utilité dans un pays dont les frontières ne sont menacées par aucune armée depuis plus de 70 ans à présent ?

Et s'il y a une prochaine guerre mondiale ?

Nul ne peut le savoir.
Certains te diront qu'elle a commencé depuis bien longtemps...

vendredi 1 janvier 2016

Présage...


Alors que les fêtes de fin d'année se terminaient, alors que le Nouvel an s'était présenté il y a maintenant un beau couple d'heures, Gilles arpentait les allées d'Alençon, plongées dans cette atmosphère orangée propre aux villes la nuit.
Il atteignit la Place du Point du Jour, et en un pas, la nuit fut complète. Les lampadaires s'éteignirent tous d'un coup...
C'est alors qu'il vit le présage qu'il était vraisemblablement venu chercher en cette place précise.
Devant lui, le vieil arbre rabougri que tous connaissaient pour manger un espace de parking pourtant bienvenu les jours d'affluence... Ce vieil arbre irradiait de blancheur éclatante !
Son écorce d'ordinaire grisâtre luisait de la douce lumière de la Lune, comme si cette dernière elle-même était venue s'incarner dans ce bout de bois abîmé.
Doucement la lumière revenait dans la place. Déjà quelques guirlandes s'étaient rallumées... La scène ne faisait pas que confiner au féerique, car en cet instant, à n'en point douter, Tsukiyomi, la déesse lunaire, apportait à Gilles une occasion d'entrer en contact avec les rares forces mystiques encore bien vigoureuses qui existaient par-delà la pensée et le temps.

S'accroupissant pour déposer son offrande, -cinq branches d'aubépine et une feuille de houx- Gilles sentit un rayon lunaire s'arrêter sur son front et illuminer sa vieille cicatrice en forme de croissant...

Il me serait très fastidieux de vous expliquer combien cette cicatrice était importante dans l'histoire de notre ami Gilles, mais pour résumer, je puis vous dire qu'elle n'est pas pour rien dans la dextérité de ce dernier dans les arts mystiques les plus divers, particulièrement lors de situations semblables à celle-ci.

Alors que Gilles s'évanouissait dans les ombres orangées de la place et dissimulait son visage dans son antique capuchon, la lumière des lampadaires revint petit à petit, comme attendant le signal de son départ pour réinvestir les lieux.

Indubitablement, Gilles est bien de ces êtres magiques qui arpentent encore en secret la Terre. Moi qui ai la chance de le compter parmi mes amis, qui plus est parmi mes amis proches, je ne connais point encore tout de lui... Simplement ce qu'il accepte de m'en conter. Peut-être vous conterai-je un jour notre rencontre entre deux chênes... C'était il y a fort longtemps. En des jours moins sombres...

Et pourtant, même quand nous nous rencontrons par hasard, ou que je l'aperçois au loin, je puis m'estimer heureux qu'il existe un tel être dans les environs, car, chaque hiver, même les simples êtres  surnaturels sentent bien les combats qui se déroulent à huis clos, loin des apparences.


Un tel présage semble augurer du meilleur pour la suite, me disais-je... Puisse cette nouvelle année nous apporter la liberté, à nous autres les sylvestres et autres sylvains d'Écouves.


Bonne année 2016 !